Anjou - Département de Maine-et-Loire
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Coquelicot © Shutterstock

Les Plantes messicoles

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Fleurs fragiles de la campagne angevine

Elles égayaient autrefois les champs de blé, d’orge et d’autres cultures d’hiver. Les plantes des moissons, ou messicoles assuraient même de nombreuses fonctions dans nos agrosystèmes. Mais avec l’intensification des pratiques agricoles, elles ont été peu à peu éliminées du paysage. Si quelques-unes comme le Coquelicot et la Pensée des champs s’invitent toujours dans nos balades champêtres, la plupart tel l’Adonis d’automne et le Miroir de Vénus ne se dévoilent guère plus qu’aux promeneurs chanceux.

  • Origine : Proche-Orient et Moyen-Orient pour la plupart. Lors des premiers balbutiements de l’agriculture il y a 10 000 ans, elles se sont invitées dans les cultures céréalières d’Homo sapiens. Puis elles ont voyagé jusqu’en Europe avec les semences des espèces cultivées et ont co-évolué avec celles-ci.
  • Aspect : les 130 espèces de plantes considérées comme messicoles en Pays de la Loire ont des formes et des couleurs très différentes. La plupart sont des Dicotylédones mais on compte aussi des graminées (comme le Brome faux-seigle) qui sont des Monocotylédones.
  • Longévité : plantes généralement annuelles.
  • Cycle de vie :  les plantes messicoles suivent le cycle de vie des céréales qu’elles accompagnent. Elles germent lors du semis des céréales, aux prémices du printemps, suite à un travail du sol superficiel. Elles fleurissent ensuite au début de l’été puis disséminent leurs graines à l'automne.
  • Usages : plusieurs plantes messicoles ont trouvé refuge dans nos jardins où elles sont semées comme plantes ornementales. C’est le cas par exemple de la Nielle des blés et du Bleuet. Mais par le passé toutes ces espèces n’étaient pas uniquement considérées comme des « mauvaises herbes ». Une variété de Coquelicot était par exemple cultivée pour produire de l’huile de cuisine et des peintures à l’huile (tout en étant représentée dans de nombreux tableaux !).  Quant au Bleuet, son nectar était apprécié pour le miel.

Où poussent les plantes messicoles en Maine-et-Loire ?

Les messicoles étaient à l’origine des plantes dites « pionnières » : elles colonisaient des milieux où le sol était mis à nu naturellement. Elles se sont adaptées par la suite à nos cultures où de façon artificielle le sol est également perturbé. On les rencontre en particulier sur les sols calcaires, assez secs.

En dehors des champs et de leurs bordures, les plantes messicoles périclitent très vite. Elles ne font en effet pas le poids face à des plantes moins pionnières mais plus compétitrices. On peut néanmoins trouver certaines espèces sur les espaces en travaux ou les remblais récents.

Des espèces plus ou moins rares

Si la majorité des plantes messicoles voient leurs populations régresser, elles n’en sont pas toutes au même stade.

Bien que le Coquelicot (Papaver rhoeas ) se fasse plus rare que par le passé, il reste l’une de nos plantes messicoles les plus communes. La Pensée des champs est également largement répandue car très polyvalente, colonisant tout sol ayant été remué. On la voit d’ailleurs pousser aujourd’hui dans les cimetières.

L’Adonis d’été, au contraire, est l’exemple même d’une messicole très commune autrefois mais devenue très rare aujourd’hui. Certaines espèces ont par ailleurs d’ores et déjà disparu des Pays de la Loire, comme l’Aneth des moissons et la Turgénie à feuilles larges.

Deux espaces naturels sensibles de Maine-et-Loire sont réputés pour les plantes messicoles qu’ils accueillent :

Comment observer ces fleurs des champs ?

Plus que dans les champs, c’est dans les bordures de ceux-ci, moins traités, que l’on peut le plus souvent trouver des plantes messicoles. Mais défense de les cueillir !

Il est assez facile d’en reconnaître certaines :

  • Le Coquelicot donne une fleur solitaire à l’aspect chiffonné et dont les quatre grands pétales sont d’un rouge très vif.
  • Le Bleuet présente une belle inflorescence formée d’une multitude de petites fleurs bleues. Celles-ci rayonnent autour d’un axe formé par de plus petites fleurs violacées.
  • La Nielle des blés possède des fleurs magenta semblant être soutenues par de longues et fines feuilles. Ce sont en réalité ses sépales, soit une partie de l’inflorescence.
  • L’Adonis d’automne se pare de très belles fleurs sanguines dont le rouge vif est caractéristique.

Des fleurs menacées à protéger

Les menaces pesant sur les plantes messicoles

L’emploi d’herbicides peu sélectifs, ou au contraire spécifiquement destinés à éradiquer certaines espèces comme la Nielle des Blés, a considérablement impacté les plantes messicoles. Le Bleuet était par exemple répandu dans la campagne angevine jusqu’au milieu du XXe siècle mais la lutte contre cette mauvaise herbe en a fait dès 1970 une espèce rare.

L’impact des plantes messicoles en tant qu’adventices aux cultures (ou « mauvaises herbes ») est très variable selon les espèces. Les graines de Nielle des Blés, autrefois ramassées avec celles du blé, rendaient par exemple la céréale impropre à la consommation. Mais dans la plupart des cas aujourd’hui leur impact négatif est négligeable. Il est au contraire avéré que lorsqu’elles sont présentes en faible quantité elles ont un effet bénéfique sur les rendements. Elles offrent notamment le gîte et le couvert à des auxiliaires des cultures, que ce soit des insectes pollinisateurs ou se nourrissant de ravageurs.

Les actions entreprises pour leur sauvegarde

Un plan de conservation national des plantes messicoles a été mis en place. Il se décline aujourd’hui au niveau régional, avec en premier lieu la localisation et le suivi des populations locales. Le Conservatoire national botanique de Brest est particulièrement impliqué dans cette démarche en Pays de la Loire.

Un travail est mené avec des agriculteurs afin de favoriser en certains endroits des pratiques favorables à ces plantes. L’utilisation avec parcimonie d’herbicides et de fertilisants mais également la mise en jachère de parcelles en sont des exemples. Le Département de Maine-et-Loire participe à la mise en place d’accords de gestion avec différents acteurs (LPO, agriculteurs…) pour développer ces pratiques sur les espaces naturels sensibles.

Une sensibilisation auprès du grand public est également réalisée avec sorties botaniques et projets de sciences participatives. Des bénévoles deviennent alors acteurs de la sauvegarde des plantes messicoles en participant à leur recensement.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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