Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Plaine des Douces

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Non loin de Saumur, dans une mer devenue plaine...

À l’Est, l'Anjou blanc. À l’Ouest, l'Anjou noir. Dans la commune de Doué-la-Fontaine, l’espace naturel sensible de la plaine des Douces prend place à un endroit charnière. Une faille géologique y marque la séparation entre le bassin parisien et le massif armoricain. L’originalité du site vient de cet accident géologique : le sol est ici constitué de faluns. Si le promeneur est chanceux, il pourra y distinguer des débris de coquillages. Ces derniers ont été laissés là par une très ancienne mer, la mer des Faluns, qui recouvrait en partie l'Ouest de la France il y a plusieurs millions d'années.

Ironie du sort, c’est un paysage sec, parfois aride, qui s’étend sur ce fond marin. Si les parcelles céréalières sont nombreuses, en maints endroits le sol s’est révélé trop impropre pour être cultivé. À la grande joie d’une flore qui se fait, ailleurs, menacée !

Le décor champêtre devient particulièrement steppique au niveau d’anciennes carrières de faluns. La nature y a repris ses droits sous la forme de pelouses sèches ou de friches.

Ce patchwork de parcelles plus ou moins cultivées s’emplit de couleurs au printemps. Insectes et fleurs viennent apporter chacun leur touche au tableau. Ils trouvent dans la plaine des habitats précieux, tout comme de nombreux oiseaux rares.

Faune et flore de la plaine des Douces

Le falun, un terreau original pour des plantes peu banales !

Des pelouses rases se sont développées sur les anciennes carrières de falun. Ce dépôt sédimentaire étant calcaire, ce sont des plantes qui ont une préférence pour celui-ci (dites calcicoles) que l’on peut y rencontrer. L’Hélianthème des Apennins en est l’une des plus remarquables. Méridionale, elle se fait rare dans les Pays de la Loire. Son aspect fragile vaut pourtant le coup d’œil. Perchées en haut d’une tige à petites feuilles, ses pétales blancs chiffonnés semblent avoir besoin d’un léger coup de fer à repasser !

Quelques orchidées égaient également de leurs couleurs les pelouses chaudes et sèches. Les fleurs de l’Ophrys araignée présentent un pétale inférieur (labelle) brun au motif blanc. Que l’on considère qu’il rappelle l’animal à huit pattes ou non, il n’apeure pas en tout cas Andrena nigroaenea. Cette abeille vient se poser dessus, attirée par le motif et les sécrétions de la plante. Elle est sa seule pollinisatrice !

Les apprentis botanistes pourront également repérer l’Orchis bouc. Cette orchidée se reconnaît à son très long labelle torsadé et à son odeur qui lui vaut bien son nom ! Devinerez-vous qui la pollinise ?

Des plantes messicoles dans la plaine agricole

Certaines plantes se sont adaptées à vivre aux côtés des céréales semées par l’homme. Elles suivent le rythme des rotations culturales et sont qualifiées de messicoles. Ce sont par exemple l’emblématique Bleuet et le rare Petit Coquelicot également appelé Pavot douteux. Tous deux fleurissent sur la plaine des Douces. En régression dans nos campagnes, ils offrent un spectacle dont on ne mesure pas assez la rareté.

D’autres plantes liées aux moissons sont au contraire très communes. La Folle avoine, que l’on peut rencontrer sur le site, est l’une des plus connues. Elle est considérée comme une « mauvaise herbe » car elle concurrence les céréales.

L’anecdote du naturaliste L’Odontite de Jaubert : voleuse, mais pas trop

Dans les pelouses calcaires se trouve une plante pour le moins étrange. Si elle affectionne ce milieu sec, elle a néanmoins besoin de « voler » ses voisins pour s’y développer ! Il s’agit de l’Odontite de Jaubert, une espèce endémique à la France. Elle pompe les racines d’autres plantes grâce à des racines-suçoirs afin de leur dérober de l’eau et des sels minéraux. Comme elle tire aussi son énergie de la photosynthèse qu’elle réalise grâce à ses feuilles, on dit qu’elle est « hémiparasite ».

Des insectes à tout bout de champ

À la belle saison, les herbes hautes s’animent de tous côtés. On peut y observer de nombreux insectes comme la bien connue Grande Sauterelle verte ou le petit Grillon bordelais.

Le Dectique à front blanc, une sauterelle peu commune en Anjou, fait également entendre ses stridulations. Elle est impressionnante tant par sa taille que son allure trapue ! Méridionale, l'espèce est actuellement en expansion vers le Nord de son aire de répartition. Son cousin le Dectique verrucivore lui tient compagnie. Son nom peu ragoûtant lui vient d’un ancien usage médical du XVIIIe siècle : ses morsures étaient censées faire disparaître les verrues.

Ces insectes devraient faire attention aux araignées qui les guettent… Parmi ces dernières, une espèce extrêmement rare en Pays de la Loire a été observée à Doué-la-Fontaine. Il s’agit d’Atypus piceus, une mygale !

Lorsque la plaine se pare de fleurs, les pollinisateurs viennent en nombre. Ce sont des papillons comme le bleu Azuré de la faucille, l’Argus vert (qui est, comme son nom l’indique, tout vert) ou encore le beau Machaon. Ce sont aussi des hyménoptères, tel le Bourdon grisé, une espèce protégée.

Dans les champs, des nids bien cachés

La Perdrix grise et la Caille des blés apprécient les cultures de céréales. Elles y nichent directement au sol, dissimulées dans la végétation. Le Busard cendré, un rapace, fait de même. Avant sa nidification, on peut observer ses acrobaties nuptiales dans le ciel de Doué en avril.

L’Œdicnème criard pond également au sol mais préfère les terrains découverts. Ce curieux limicole aux grands yeux jaunes peut ainsi guetter l’arrivée d’un individu mal avisé. Il n’hésitera pas à le chasser à coup de bec, que ce soit un oiseau ou une vache !

Un nouveau venu est par ailleurs arrivé sur le site depuis peu. Il s’agit de l’Élanion blanc, un rapace originaire d’Afrique. Il peut être confondu avec le Busard Saint-Martin de par ses couleurs mais est plus petit et présente une grosse tête caractéristique.

Quand les habitants d’une ancienne mer refont surface

Les anciennes carrières de faluns ont alimenté la construction de maisons durant plusieurs siècles. Mais en creusant le sol sédimentaire, c'est également tout une faune marine qui a été mise au jour. Les espèces découvertes vivaient là il y a plus de 13 millions d’années…

Les fossiles se révèlent très diversifiés. Ce sont notamment des Scutelles, un genre éteint d'oursins. Ils n’étaient pas sphériques comme ceux que nous connaissons aujourd'hui mais plats et leurs piquants étaient très fins. Scutelle vient d'ailleurs du latin scutellum qui signifie bouclier.

Des fossiles de Brachiopodes y ont également été découverts. Ces invertébrés des fonds marins, dont il existe encore des espèces vivantes aujourd’hui, ressemblent à des bivalves.

Polypieds, bryozoaires, algues... Tout un écosystème a été décrit à la plaine des Douces. Ne cédez toutefois pas à la collecte sauvage de fossiles. Des paléontologues réalisent parfois des fouilles sur le site. Qui sait, ils pourraient peut-être faire de précieuses découvertes grâce à ce spécimen que vous convoitez tant !

Vous pouvez en revanche vous rendre au musée Le Mystère des Faluns. Au sein de caves cathédrales, le passé géologique du site vous y sera conté.

Un espace naturel sensible en action

Afin de préserver les pelouses présentes sur les anciennes carrières, une gestion adaptée a été mise en place. Un exploitant agricole y fait pâturer des moutons et des ânes de façon régulière. La pratique peut surprendre : les plantes menacées ne risquent-elles pas d’être broutées ?

C’est au contraire en « ratiboisant » ainsi la pelouse que l’on maintient la présence de sa flore. Sans cela, de nouvelles plantes plus compétitrices se développeraient au détriment des espèces que l’on souhaite préserver.

La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine travaillent par ailleurs avec les agriculteurs pour protéger les nichées du Busard cendré. En choisissant de faire son nid dans les cultures, ce rapace prend en effet de grands risques lors du passage des moissonneuses... Une cage (ouverte sur le dessus) est donc installée autour des nids. Elle permet d'éviter que les jeunes ne s'en éloignent et, en dernier recours, le nid peut même être déplacé.

Une action gagnant-gagnant pour les Busards comme les agriculteurs puisque ces derniers profitent d'un « dératiseur » naturel !

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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