Les Azurés, petits papillons bleus de la campagne angevine
En France, une quarantaine d’espèces de papillons sont appelées « Azurés ». Leur nom vient rappeler les variations bleutées qu’arborent les mâles et parfois les femelles sur le dessus des ailes. Ces teintes vives, profondes, parfois nacrées ou pourprées, enchantent prés et prairies à la belle saison.
L’appellation d’« Azuré » n’a toutefois rien de scientifique. Elle regroupe, parmi les papillons de la famille des Lycénidés, ceux qui sont bleus. Et ce, quels que soient leurs points communs ou divergences ! Une approche du vivant poétique mais qui a ses limites. Parmi ces papillons bleutés, certains ont des cycles de vie particuliers les rendant très fragiles. En Maine-et-Loire, plusieurs espèces d’Azurés semblent avoir d’ores et déjà disparu.
- Aspect : les Azurés sont des petits papillons ne dépassant pas la trentaine de millimètres d’envergure. Le dessous des ailes est clair, à dominance gris ou brun, tacheté de points noirs souvent alignés. Le dessus des ailes est bleu azur, clair ou sombre, avec des bandes noires marginales chez certaines espèces.
- Régime alimentaire : les papillons pondent sur des plantes-hôtes plus ou moins spécifiques dont leurs chenilles se nourriront. L’Azuré des cytises choisit par exemple préférentiellement de la Luzerne commune ou du Sanfoin cultivé et l’Azuré des nerpruns de petits arbustes comme le Nerprun. L’Argus bleu ou Azuré commun ne fait quant à lui pas la fine bouche et pond sur un grand nombre de légumineuses. Les individus adultes volants, ou imagos, se nourrissent du nectar des fleurs.
- Longévité : le cycle de vie s’étale généralement sur plusieurs mois, parfois une année lorsque la chenille hiverne. L’imago quant à lui ne vole que pendant quelques semaines, voire moins. Chez l’Azuré du Serpolet l’espérance de vie est ainsi estimée à 17 jours mais se résume souvent à deux ou trois journées…
- Reproduction : mâle et femelle libèrent des phéromones pour se retrouver. L’accouplement se passe dos à dos, le mâle disposant de crochets au bout de son abdomen pour maintenir la femelle.
- Comportement : les espèces d’Azurés appartenant au genre Maculinea, comme l’Azuré du Serpolet, ont un cycle de vie surprenant. Ces papillons pondent leurs œufs sur des plantes-hôtes consciencieusement choisies mais font également appel à une nounou. Une espèce de fourmi bien précise va en effet trouver puis ramener la chenille à sa fourmilière. Celle-ci y grandira, dévorant les œufs tout en libérant un nectar persuadant les hôtes des lieux de la choyer.
Où vivent ces beaux papillons en Maine-et-Loire ?
La règle est assez simple : les Azurés se trouvent là où poussent leurs plantes-hôtes. L’Azuré du Serpolet, qui recherche l’Origan, se trouve ainsi sur les pelouses et friches sèches où la plante abonde.
Mais il y a bien sûr des subtilités... Il faut notamment que le milieu soit assez grand pour abriter une population viable et que les alentours soient riches en fleurs nectarifères pour nourrir les adultes. Quant aux espèces dépendantes de la présence d’une nounou-fourmi spécifique, les choses se corsent. Une fourmilière doit alors se situer non loin de la plante-hôte. Si l’Azuré du Serpolet et l’Azuré des mouillères trouvent encore de tels lieux dans le Baugeois et le Saumurois, l’Azuré de la sanguisorbe a vraisemblablement disparu du Maine-et-Loire.
En Anjou, certains espaces naturels sensibles ouverts au public accueillent des espèces rares d’Azurés :
Comment reconnaître les papillons Azurés ?
Il est possible d’observer les Azurés à partir du mois de mars jusqu’en novembre environ, lorsqu’ils ont adopté leur forme adulte. Le subtil camaïeu de bleu qu’ils offrent alors a de quoi enchanter... Mais de là à savoir les identifier, c’est une autre histoire ! Aux différences entre mâles et femelles d’une même espèce s’ajoutent des variations entre individus. C’est le cas par exemple chez l’Azuré commun ou Argus bleu pour lequel il existe une forme « icarinus » particulière. De quoi perdre son latin, même avec une clef de détermination !
Les deux papillons bleus que l’on aura cependant le plus de chances de croiser sont l’Azuré commun et l’Azuré des Nerpruns.
Des papillons à protéger
Les menaces qui pèsent sur ces espèces
De nombreuses espèces d’Azurés sont impactées par la disparition de leur habitat mais aussi sa fragmentation. L’isolement des populations relictuelles les rend en effet vulnérables à tout changement. Impossible pour elles de s’étendre et de migrer.
En Pays de la Loire, l'Argus bleu-nacré est ainsi classé comme "en danger d'extinction" sur la liste rouge des Pays de la Loire. L'Azuré de la Pulmonaire, de la Sanguisorbe et du Genêt sont même considérés en "danger critique d'extinction".
Plusieurs autres espèces sont menacées, mais il y a quelques exceptions. L’Azuré de la Faucille, par exemple, est un nouveau venu ! Il est aujourd’hui bien présent dans le département et a été observé sur une vingtaine d’espaces naturels sensibles.
Les actions entreprises pour leur sauvegarde
Pour préserver les milieux de vie des Azurés, des mesures de gestion sont mises en place. L’entretien des landes est par exemple favorable à l’Azuré de l’Ajonc. La conservation de prairies naturelles dans la campagne angevine se révèle quant à elle précieuse pour plusieurs espèces tel l’Azuré du Trèfle.
Certaines actions sont très localisées, comme sur l’espace naturel sensible de la vallée des Cartes. Du côté sarthois, des populations de Gentiane pneumonanthe sont maintenues grâce à la mobilisation des agriculteurs. Ces derniers réalisent en particulier des fauches tardives favorables à cette plante. La présence de la Gentiane et de la fourmi-nourrice permet à une population relictuelle d’Azuré des mouillères de se maintenir. Tous les ans, des volontaires comptent les œufs déposés par les papillons sur les inflorescences des Gentianes.
Le Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire met en place d’autres opérations de sciences participatives similaires. Des lieux favorables à des papillons disparus du département sont par ailleurs protégés et entretenus. Ils pourraient permettre, un jour, leur retour.