Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Bois et landes de Marson

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À l’est de Saumur, l’étang de Marson et ses bois enchantent

Au sud-est de l’Anjou, les communes de Rou-Marson et de Verrie prennent place sur un sous-sol calcaire recouvert d'une couche sableuse. Les terres, souvent incultes, ont donc été largement boisées de feuillus. Elles ont également accueilli un hippodrome, un camp militaire et, il fut un temps, des carrières. Autant d’activités ayant donné naissance à une grande diversité de milieux.

Au cœur des chênaies acidiphiles se trouvent ainsi des landes à bruyères et ajoncs, notamment sur le terrain militaire. Par endroits, les arbustes dominent : il s’agit alors de fruticées typiques des sols pauvres, stade transitoire de la végétation avant la forêt.

Autour de l’hippodrome de Verrie, ce sont des prairies siliceuses qui y ont été préservées. Elles abritent une flore remarquable et sont accessibles aux promeneurs. Les étangs privés de Rou-Marson et ses roselières profitent aux amphibiens, à tel point qu’il a été nécessaire de réaliser un crapauduc pour leur passage sous la route départementale.

Ce millier d’hectares verdoyants est reconnu espace naturel sensible. Il peut être exploré à travers de nombreux sentiers : joggeurs, cavaliers comme promeneurs trouveront assurément chemin à leurs pieds. Un sentier botanique permet entre autres de découvrir les lavoirs de Rou, l’étang de Marson et une partie du massif forestier.

Faune et flore des bois et landes de Marson

4 ème

espace naturel sensible du Maine et Loire le plus riche en plantes patrimoniales

Une grande bruyère et des fleurs élégantes

Les zones de landes sont caractérisées par la présence de la "brande", la Bruyère à balais. Contrairement aux autres espèces de bruyère, cet arbuste ne colore pas de violet le paysage à l’automne. Ses fleurs sont verdâtres et seul le curieux pistil en leur centre est rosé. Mais les ajoncs couverts de pétales jaunes sont là pour illuminer la lande !

Autour de l'hippodrome de Verrie poussent des plantes des prairies et landes humides particulièrement rares en Pays de la Loire. C'est le cas de la Gentiane pneumonanthe ou Gentiane des marais, une espèce menacée qui donne de juillet à septembre de grandes fleurs d'un bleu profond. C'est également le cas de plusieurs orchidées tels l'Orchis à fleurs lâches, qui fleurit en mai, et l'Orchis négligé, un peu plus tardif. Ces orchidées ont des inflorescences roses ou pourpres mais la première est particulièrement grande, pouvant dépasser le mètre. Ces deux orchidées se font de plus en plus rares sur leur aire de distribution.

Autre orchidée des zones humides, l'Épipactis des marais est aussi présente autour de l'hippodrome. Ses fleurs, très originales, n’ont rien à voir avec celles des espèces précédemment citées. Leur pétale inférieur (ou label) ressemble étrangement à un petit napperon !

C’est aussi sur la surface des étangs que l’apprenti botaniste devrait poser son regard. Une flore peu commune s’y développe, en particulier un remarquable cortège de Potamots. Ces vivaces aquatiques s’expriment en partie immergées, laissant flotter une partie de leurs feuilles. Le fragile Potamot coloré donne même l’impression d’un tapis de feuilles mortes sur l’eau !

Le réseau d’étangs, un réservoir de biodiversité

Le nombre d'animaux présents sur ce vaste espace naturel sensible est tout bonnement renversant ! Autour des plans d’eau de Marson, ce sont par exemple plus d’une quarantaine d'espèces d’odonates (libellules et demoiselles) qui y ont été observées depuis 2010. Parmi celles-ci, certaines sont peu communes comme l'Agrion de Mercure, la Leucorrhine à gros thorax ou l'Orthétrum à stylets blancs.

L’étang de Marson est également réputé pour les amphibiens qu'il accueille en nombre. C’est le cas du Crapaud épineux, de la Rainette verte et du Triton palmé. Sont également présents sur l’espace naturel sensible (ENS), la Grenouille agile ainsi que deux crapaud nocturnes : l’Alyte accoucheur et le Crapaud calamite.

La parade des six pattes

Avec la variété d'habitats présents sur le site, le groupe des orthoptères (sauterelles, criquets et grillons) est bien représenté. Les criquets par exemple sont nombreux : le menacé Criquet des roseaux en zones humides, l'Oedipode soufré et l'Oedipode turquoise sur les pelouses sèches et rases… Et la liste est longue, entre le plus commun Criquet des clairières, le Criquet des pins, le Criquet des pâtures, le Criquet des bromes ou même le minuscule Sténobothre nain (moins d'un centimètre et demi) !

Se promener dans les bois et landes de Marson à la belle saison, c'est aussi croiser des petits êtres colorés allant de fleurs en fleurs. Les jeux de couleurs des papillons semblent sans limite. Parmi les espèces remarquables, le petit Collier argenté visite les prairies humides et les landes. Il arbore sur ses ailes oranges un jeu de lignes, de points et de motifs du plus bel effet. Il s'agira de ne pas le confondre avec un papillon assez semblable et d'autant plus menacé : le Damier de la Succise. Protégé en France, il fait l'objet de plans d’action localisés.

Les papillons dits Azurés sont aussi nombreux, offrant au visiteur un camaïeu de bleus. Trois espèces peu communes sont notamment présentes : l'Azuré bleu céleste, l’Argus bleu-nacré et l’Azuré de l’Ajonc. Ces deux derniers sont menacés de disparition dans la région.

L’anecdote du naturaliste Une taupe à six pattes

Un animal très étrange et particulièrement menacé dans les Pays de la Loire a été observé sur l'ENS. Dénommé Courtilière ou Taupe-grillon, il s’agit d’un insecte plus proche de notre Grillon des champs que de la taupe (qui est d’ailleurs l’un de ses prédateurs). Très singulier, il a la particularité d’avoir de véritables pelles en lieu et place de pattes avant. Il creuse ainsi des tunnels, dévorant les racines se présentant... Au grand dam de certains jardiniers !

Tout le corps de la Taupe-Grillon est en réalité étrange, avec sa tête de homard et ses ailes miniatures. Sans compter qu’elle peut atteindre les 10 cm ! Elle reste néanmoins cachée sous terre la plupart du temps. C’est par son chant, audible à 500 mètres à la ronde, que l’on remarque sa présence.

Une avifaune très diversifiée

Dans les boisements clairsemés, ce sont des pics, des mésanges mais aussi des oiseaux migrateurs peu communs que l’on peut observer. Le Pouillot de Bonelli et le Pouillot fitis, très rares en Maine-et-Loire, y viennent notamment l’été pour nidifier.

La Fauvette pitchou, un passereau, et le Busard Saint-Martin, un rapace, ont investi quant à eux les landes de Marson. Ils dépendent étroitement de ces milieux essentiels à leur survie. La Linotte mélodieuse, plus ubiquiste, y a également ses quartiers. Avec sa poitrine et sa calotte entachée de rouge écarlate, elle ressemble au Sizerin flammé. Mais ce dernier s’invite sur l’espace naturel sensible l’hiver alors que la Linotte est de passage l’été !

Les hôtes à plumes de l'étang, de passage ou présent à l'année, sont bien sûr tout autres. Il y a là des oiseaux qui ne se ressemblent pas : des canards comme le Fuligule milouin, des petits passereaux comme la Bouscarle de Cetti, des oiseaux marins comme la Sterne pierregarin ou encore des rapaces tel le Balbuzard pêcheur. Sans oublier le Grèbe huppé et ses incroyables parades nuptiales !

Un espace naturel sensible en action

Lors de la période des amours, de nombreux amphibiens empruntent la route départementale qui traverse l'espace naturel sensible. Ce sont principalement des Crapauds épineux et, dans une moindre mesure, des Tritons palmés. Ils cherchent ainsi à rejoindre les étangs et mares du site. Une migration aller-retour qui n'est pas sans danger !

Grâce au Département de Maine-et-Loire et au travail de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), un crapauduc a été installé en 2008. Il est composé de 7 tunnels passant sous la route et chaque entrée dispose d'un pot-piège. Ce dernier peut être ouvert lorsque des comptages sont réalisés par des bénévoles de la LPO. L'intérêt du dispositif a été démontré : les tunnels sont bien empruntés, évitant de nombreux écrasements.

Malgré tout, d'année en année, les populations d'amphibiens à Rou-Marson diminuent sans que les causes ne soient encore connues.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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