Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Étang de Joreau et Bois de Milly

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Un étang remarquable au cœur d’une forêt angevine

À environ 15 km au Nord-Ouest de Saumur s’étend le massif forestier de Milly. Il surplombe la Loire, perché sur les coteaux de sa rive gauche. Puis, tel un long tapis vert, s’étend dans le Saumurois, recouvrant en partie la commune de Gennes-Val-de-Loire.

Le promeneur découvrira ici des boisements de feuillus dominés par les chênes. Leur originalité tient du fait qu’ils sont entrecoupés de landes et de zones humides. Aujourd’hui menacés en France comme de par le monde, ces milieux sont des habitats de prédilection pour de nombreuses espèces animales comme végétales.

Quelques plans d’eau peu profonds émaillent le massif de Milly. Parmi ceux-ci, le plus remarquable est sans nul doute l'étang de Joreau. Ses plantes aquatiques rares et son incroyable cortège de libellules ont de quoi laisser pantois ! L’étang a d’ailleurs été classé réserve naturelle régionale en 2015.

Sur les berges du plan d’eau se succèdent des formations d'herbes touffues. Roselières, cariçaies… : voilà encore d’autres paysages à découvrir dans cet espace naturel sensible (ENS) ! Des oiseaux timides y ont par ailleurs élu domicile.

Lorsque l’on quitte l’étang de Joreau pour s’enfoncer dans les terres, les laîches et roseaux laissent place à des saulaies marécageuses puis des boisements de bouleaux. Plus au Nord se trouvent même des prairies sèches. Une variété inhabituelle de milieux constituant autant d’habitats pour une faune et une flore haute en couleur !

Faune et flore autour de l’étang de Joreau

Sylvestre ou aquatique, une flore peu commune

Les clairières, bords de chemin et lisières abritent quelques plantes remarquables. La Potentille des montagnes et le Peucédan de France sont notamment deux espèces de plus en plus rares, la dernière étant protégée en région Pays de la Loire. Autre plante menacée, le Jonc capité, dont les inflorescences sont particulières. Verdâtres, ces dernières brunissent avec le temps et ressemblent de loin à des amas d'épines !

Les landes arborent quant à elles les couleurs des Genêts et des Bruyères. Dans les zones les plus humides, la Bruyère à balais et la Bruyère cendrée laissent place à la Bruyère des marais, moins commune.

Mais l’intérêt floristique du site est à chercher avant tout au niveau de ses plans d’eau. Diverses plantes menacées s’y développent, comme la Pilulaire commune, une fougère ressemblant à une algue filamenteuse, ou la Laîche raide, qui émerge de l’eau en grosses touffes herbeuses. Les berges humides abritent également la Renoncule à feuilles d'ophioglosse dont les fleurs sont très semblables à celles du bouton d’or.

L’Utriculaire citrine prend elle aussi une couleur dorée. Mais contrairement à la Renoncule c’est une plante carnivore, au même titre que la Grassette du Portugal également présente sur l’étang !

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espèces d'Odonates (libellules et demoiselles) ont été recensées sur l’étang de Joreau et ses alentours. C’est plus des deux tiers des espèces connues en Anjou et près de la moitié des espèces françaises !

Au paradis des libellules

Les libellules volettent en nombre sur l’étang de Joreau. Elles profitent en particulier des Characées, ces algues vertes qui tapissent par endroits le fond du plan d’eau. Celles-ci forment en effet un site de ponte privilégié. Les larves des libellules vivront dans cette véritable forêt aquatique que forment les Characées pendant quelques mois voire plusieurs années !

L’entomologiste en herbe notera en particulier des populations importantes de Leucorrhine à large queue et de Leucorrhine à front blanc. Ces deux espèces de libellules, très menacées, sont protégées en France.

Si les Leucorrhines sont les stars de l'étang, de nombreux autres Odonates (libellules et demoiselles) animent les lieux de leur vol. Au printemps et en été c’est même un vrai ballet de couleurs ! De l'Orthétrom réticulé, jaune ou bleu selon le sexe, aux mâles rouge vif de la Crocotomis écarlate, sans oublier les frêles Agrions jolis au corps bleuté, il y en a pour tous les goûts ! Le promeneur devra apprécier la fugacité d’une rencontre avec l’un de ces êtres ailés. Il est en effet formellement interdit de capturer libellules et demoiselles sur tout le périmètre de la réserve naturelle.

Un mixte d’habitats pour une multitude d’espèces

L’étang de Joreau et les boisements qui l’entourent accueillent une grande diversité d’oiseaux. Le Balbuzard pêcheur vient y attraper quelques poissons, aux côtés du Martin pêcheur, du Héron cendré et parfois même de son cousin le Héron pourpré.

Dans les roselières se dissimule la Rousserolle effarvatte, un petit passereau insectivore. Les saulaies humides, elles, sont le logis du Pouillot fitis et du Bouvreuil pivoine. Quant aux chênaies bordant l’étang, elles accueillent le Pic mar que l’on peut entendre cogner l’écorce à tue-tête. À ses côtés martèlent aussi Pic épeiche, Pic vert ou encore Pic noir.

La nuit, le bois de Milly devient le terrain de jeu des chauves-souris. Le Petit et le Grand Rhinolophes chassent notamment dans les clairières et à la lisière de la forêt ou même dans les prairies.

L’espace naturel cache également en son sein de nombreux autres petits mammifères. Ces derniers sont dépourvus d’ailes : ce sont des campagnols et musaraignes. La Musaraigne couronnée et la Musaraigne pygmée en sont deux espèces remarquables. Elles se faufilent incognito dans la végétation dense et humide à la recherche d’invertébrés qu’elles engloutissent en nombre. De plus en plus rares, elles sont aujourd’hui menacées de disparition en Pays de la Loire.

L’anecdote du naturaliste Les Libellules, de précieux alliés contre les moustiques

Aucun moustique ne vous a piqué au cours de votre balade ? Vous pouvez en remercier les libellules qui participent à leur régulation. Les moustiques constituent en effet leur déjeuner quotidien ! Dans l'eau, les larves de libellules n'hésitent pas à croquer celles du moustique. Dans l'air, la chasse est également de mise, mais entre adultes !

Un étang artificiel datant du XVIIIe siècle

L’étang de Joreau est l’œuvre des moines bénédictins du prieuré de Culnault. Au XVIIIe siècle, ils réalisèrent un réseau de trois retenues sur le ruisseau de Joreau. Objectif : développer la pisciculture afin de jouir d'une plus grande autonomie alimentaire. L'étang actuel était celui le plus en amont. Des deux autres il ne reste rien aujourd'hui, si ce n'est les vestiges de l'un d’eux. Éventré, il est visible à quelques centaines de mètres en aval de Joreau.

Si les moines ne sont plus présents autour de l'étang, les pêcheurs, eux, se font une joie d'attraper petits et grands poissons ! Réglementée, la pêche se fait en « No-kill ».

Sur la digue du barrage, les soutanes ont laissé place aux maillots et shorts des cyclistes. L’itinéraire « La Loire à vélo » y passe en effet, offrant à de nombreux cyclotouristes la chance de découvrir une des réserves naturelles de l’Anjou !

Enfin, un détour par Gennes permettra d’observer un édifice datant du Néolithique. Juste à la sortie Sud du village se trouve en effet le Dolmen de la Magdeleine qui a vraisemblablement servi de tombeau collectif.

Un espace naturel sensible en action

La commune de Gennes-Val-de-Loire et le Parc naturel régional Loire-Anjou-Tourraine assurent la gestion de l’étang de Joreau et de sa périphérie. De nombreuses actions de préservation et de valorisation du site y ont d’ores et déjà été menées. Celles-ci concernent notamment la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. L’enjeu est de taille et se répercute sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les oiseaux insectivores chassent par exemple les libellules qui se développent grâce aux herbiers aquatiques. Ces derniers sont en particulier constitués de Characées qui ont besoin d’une eau limpide pour bien se développer !

Sur les queues d'étang, les roselières sont par ailleurs colonisées par les saules. Un phénomène qui, bien que naturel, menace cet habitat en l'asséchant et en le transformant. Les espèces rares qui dépendent de ce type de milieu se retrouvent alors sans logis et partent ailleurs ou... disparaissent. L'action de l'homme est donc nécessaire pour maintenir en l'état ces roselières.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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