Le Héron cendré, l’oiseau le plus patient de l’Anjou
C’est l’un des hôtes les plus communs et les plus emblématiques de nos zones humides. Le Héron cendré impressionne tant par sa taille que sa noble allure. On le voit souvent dans une pose hiératique, comme statufié. En patientant un peu, voilà qu’il tend légèrement son cou, approchant son bec de la surface. Il faudra toutefois s’armer de patience si l’on souhaite assister à une prise. On l’observera plus souvent avancer lentement, à pas feutrés et calculés... Puis déployer ses grandes ailes et disparaître, avec grâce, derrière la canopée.
- Aspect : grande perche, cet échassier atteint presque le mètre tout en ne pesant que 2 Kg. Il a de longues pattes, un interminable cou très flexible et un bec en forme de dague. Le mâle et la femelle sont par ailleurs revêtus de la même redingote grise-bleutée. Pour parfaire ce costume, ils adoptent à la saison des amours une huppe tombante façon bandana de pirate. Les juvéniles auront quant à eux une crête noire très « punk ».
- Régime alimentaire : des poissons et batraciens en premier lieu, mais aussi des invertébrés (écrevisses en particulier) et de petits rongeurs.
- Longévité : 25 ans.
- Comportement : professionnel de l’affût, le Héron chasse en eau peu profonde ou sur la terre ferme. Il plante son bec en forme de dague dans sa proie ou l’utilise plus simplement pour la saisir. Sa vue panoramique et sa très bonne ouïe lui permettent par ailleurs de déceler le moindre danger et de décoller aussitôt.
- Héronnières : bien que très territoriaux, les Hérons cendrés forment des colonies à la saison des amours. Ils se retrouvent dans des héronnières, des pouponnières géantes visitées chaque année, et ce, depuis parfois plusieurs siècles. D’autres espèces les y rejoignent comme des Aigrettes garzettes, des Bihoreaux gris, des Grands Cormorans... Le Héron cendré joue ainsi un rôle-clef dans les milieux naturels en permettant que des oiseaux d’eau parfois menacés s’y installent.
- Reproduction : pour attirer la femelle, le Héron cendré se place sur un ancien nid et émet des cris tout en gesticulant. Une fois les deux tourtereaux réunis, ils se présentent des branches et brindilles et font quelques courbettes. Le nid, haut perché, est ensuite agrandi, devenant d’année en année une large plateforme. Ce berceau reçoit 4 œufs en moyenne entre février et avril. Le couple les couve durant presque un mois puis nourrit les juvéniles pendant deux autres. Après l’envol de ces derniers, les deux parents se séparent. L’année suivante chacun d’eux choisira un nouveau partenaire.
- Chant : loin d’être un maître chanteur, le Héron cendré émet néanmoins des cris rauques plus complexes qu’ils n’y paraissent. De petites variations traduisent différentes attentions : menacer, signaler un danger, appeler la femelle...
Où vit ce grand échassier ?
Il est assez facile de l’observer : il suffit de se rendre près d’un plan d’eau poissonneux. Avec un peu de chance, un individu sera en train d’y pêcher. Mais si l’on associe souvent cet oiseau aux zones humides, il est très courant de l’observer dans les prés et prairies. Il traque alors campagnols comme amphibiens, pouvant s’en contenter durant plusieurs mois.
Le Héron cendré est présent dans de nombreux espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire, la plus grande héronnière étant celle du lac de Maine aux portes d’Angers :
Comment reconnaître le Héron cendré ?
En vol, il a des allures de ptérodactyles. Il faut dire que son envergure (jusqu’à 1,9 mètres) a de quoi faire jalouser bon nombre d’oiseaux ! S’il garde les pattes tendues, dans le prolongement du corps, il replie en revanche son cou. Une posture que n’adoptent ni les Cigognes ni les Grues, ce qui permet de le reconnaître aisément.
Au sol, impossible de confondre le Héron cendré avec un autre oiseau, si ce n’est avec le Héron pourpré. Celui-ci a toutefois un plumage brun tirant vers le violet caractéristique. C’est par ailleurs un migrateur très peu courant.
Un oiseau aujourd’hui protégé
Une espèce dite « nuisible » aujourd’hui protégée
Le Héron a souffert de sa réputation de pouvoir vider, en un clin d’œil, les étangs de leurs poissons. Il a donc été chassé et a disparu d’une grande partie de la France.
Plusieurs études ont depuis minimisé son impact sur les stocks halieutiques. N’en déplaise à La Fontaine, le Héron ne fait par ailleurs pas le difficile, bien au contraire ! Il pêche en premier lieu les proies les plus faciles à attraper : les individus blessés ou malades. Il joue ainsi un rôle sanitaire pour l’écosystème.
Protégé depuis 1974, le Héron cendré a vu ses effectifs augmenter et ses colonies se multiplier. La France en abrite aujourd’hui la plus grande population européenne.
Depuis les années 2000, les populations semblent se stabiliser en Pays de la Loire. Ceci peut s’expliquer par l’absence de zones inoccupées amenant les jeunes Hérons à établir leur territoire dans d’autres régions.
Des mesures prises face aux menaces encore présentes
Aujourd’hui, le dérangement humain et la coupe des arbres abritant les héronnières sont les deux menaces principales pour les colonies.
Des mesures sont ainsi prises pour gérer la fréquentation touristique sur les sites de reproduction. Cela passe en particulier par la mise en défens (via clôture, haie) des héronnières et la conception de sentiers adaptés.
Des suivis des colonies sont par ailleurs réalisés régulièrement au niveau des grandes héronnières. C’est le cas tous les ans au Lac de Maine grâce à la LPO Anjou.