Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Boudré - Boucle du Loir

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Au Domaine de Boudré, une nature préservée

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À Seiches-sur-le-Loir, se trouve un lieu empreint d’une infinie quiétude. Une forêt de pins entourée de zones humides et d’une rivière. Cette boucle, c’est le Loir qui la dessine, un sous-affluent du fleuve homonyme. Il réunit le domaine départemental de Boudré, le bois des Renfermés ainsi que quelques parcelles agricoles périphériques.

Le promeneur y découvrira des paysages qui se succèdent et ne se ressemblent pas. Après s’être enfoncé dans la forêt, il se retrouvera d’abord à serpenter parmi une succession d’étangs. Ce sont d’anciennes carrières aujourd’hui très prisées par de nombreux oiseaux nicheurs. Des observatoires permettent de suivre, discrètement, leur quotidien.

Autour de ces plans d’eau alternent pelouses et landes, tantôt sèches, tantôt humides. Elles accueillent d’autres espèces non moins remarquables.

Une fois franchi la boire du Loir, le visiteur pourra pénétrer sur l’île Bruneau. Il sera alors au cœur d’une vallée alluviale régulièrement inondée. Les peupleraies y côtoient des milieux d’un grand intérêt écologique : de vastes prairies naturelles. Pâturées ou fauchées, elles sont le fruit d’une agriculture traditionnelle aujourd’hui menacée.

Pour visiter cet espace naturel sensible, rien de plus facile : une dizaine de chemins de randonnées le parcourt.

Faune et flore de Boudré

Plantes rares des eaux claires et limpides

Des plantes aquatiques très particulières, les Characées, sont présentes en nombre dans cette boucle du Loir. Ces algues sont spécifiques aux eaux douces où le courant est faible ou inexistant. De plus en plus rares de par le monde, leur disparition est doublement inquiétante. Elles sont en effet connues pour être de bonnes indicatrices de la qualité des eaux. L’impressionnant cortège d’espèces qu’abrite le domaine de Boudré en fait un site majeur pour leur conservation.

L’espace naturel sensible de Seiches-sur-le-Loir recèle bien d’autres trésors floristiques. La Littorelle à une fleur ou Littorelle des étangs en est un exemple. Discrète, elle produit de minuscules fleurs blanchâtres : 5 mm de long… pour les plus grandes ! Cette petite plante herbacée amphibie est elle aussi très sensible à la dégradation de la qualité de l’eau.

Autre plante aquatique peu commune mais moins exigeante, l'Hottonie des marais ou Millefeuilles des marais. Vivant immergée, elle ne laisse dépasser que sa hampe florale. Celle-ci porte des fleurs blanches ou rosées joliment disposées par étages. De belles couleurs auxquelles se mêle le jaune des Utriculaires communes et citrines, des plantes carnivores !

L’anecdote du naturaliste Des algues qui ont marqué l’évolution

Les Charophytes ont une longue histoire évolutive : les premières d’entre elles sont certainement apparues il y a plus de 400 millions d’années ! Il n’existe aujourd’hui plus qu’une seule famille de ces plantes, les Characées. Leur structure très évoluée pour des algues amène les scientifiques à penser qu’elles seraient les plus proches parentes des plantes terrestres. Ou, plus précisément, des premières plantes à avoir franchi le pas et colonisé la terre ferme !

Des landes aux plantes remarquables

En 2020, les botanistes ont fait une observation exceptionnelle. Dans les landes dites de la Chiquetière, sur quelques dizaines de mètres carrés, se trouvait en abondance la Linaire de Pélissier. Au printemps, cette belle plante s’orne de fleurs violettes à la forme très étrange, possédant un éperon démesurément long. Dite messicole, car se développant surtout dans les cultures d’hiver, la Linaire de Pélissier est devenue rarissime en Anjou. Au XIXe siècle, elle y était pourtant souvent observée mais les mutations de l'agriculture ont eu raison de ses populations.

L’Hélianthème à bouquets, peu commune en France, le Jonc rude ou encore l’Ornithope comprimé sont d’autres joyaux des landes et pelouses du site. Mais s'il y a une plante rare que le promeneur remarquera peut-être, c’est bien le Sceau de Salomon odorant. Il est présent en nombre à la lisière de la forêt et rappelle le Muguet. Pour peu qu'une brise souffle dans la bonne direction et voilà que son effluve léger viendra même éveiller quelques souvenirs fleuris !

Plus de 400

espèces d’animaux ont été observées dans l’espace naturel de Boudré depuis les années 2000. Nombreuses sont celles qui sont protégées, menacées ou simplement rares à l’échelle régionale.

Des castors, des loutres... mais pas seulement !

Disparu du paysage il y a quelques décennies, castors et loutres sont de retour en Anjou. Depuis Blois, le Castor d’Eurasie a colonisé la Loire puis est remonté le long de ses affluents. La Loutre d’Europe a suivi quant à elle le cheminement inverse. Les quelques populations relictuelles qui subsistaient en tête des bassins versants, sur des ruisseaux, redescendent aujourd’hui encore le long des affluents de la Loire. Le domaine de Boudré constitue ainsi un point de rencontre des deux mammifères.

Si la loutre et le castor sont emblématiques des cours d’eau naturels et sauvages, bien d’autres espèces témoignent de la qualité écologique du site. C’est le cas de la Crossope aquatique, la plus grosse musaraigne d’Europe, qui habite les ruisseaux et rivières bien préservés. Sa cousine exclusivement terrestre, la Crocidure des jardins, a également été observée sur l’espace naturel sensible. Toutes les deux sont des espèces menacées de disparition en Pays-de-la-Loire.

L’avifaune de Boudré (à tire-d’aile)

L’espace naturel abrite la Fauvette pitchou et le Bruant des roseaux , deux espèces en danger d’extinction. À la belle saison, des migrateurs comme le Pouillot siffleur et l’Engoulevent d’Europe viennent également y nicher. Il y a encore quelques années, c’était aussi le cas du rare Râle des genêts. Les mâles poussaient leur surprenant cri dans les prairies humides autour du Loir. Mais seules les Basses vallées angevines accueillent encore une petite population de l’espèce.

Dans le ciel, le promeneur apercevra peut-être le Busard des roseaux, un rapace typique des milieux humides de plaine. Quant aux Hirondelles rustiques et de fenêtre, on peut les admirer fendre l’air de leur vol acrobatique et maîtrisé en fin de journée.

Les observatoires au niveau des étangs permettent également de contempler les foulques et les grèbes ainsi que les plus rares Fuligule morillon et Héron pourpré.

Deux insectes du vieux bois

En Anjou, lorsqu’un cours d’eau est bordé de vieux frênes, il y a des chances pour que la star des insectes y pointe le bout de son nez. Ou plutôt, de ses longues antennes. C’est bien sûr de la belle Rosalie des Alpes qu’il s’agit. Elle n’est pas le seul insecte remarquable à Boudré : un coléoptère menacé, lui aussi xylophage, y a été recensé. Le Pique-prune, tel est son nom, est une espèce dite « porte-drapeau ». En la protégeant, on préserve aussi son habitat (les vieux boisements) et les autres animaux qui y vivent.

Un espace naturel sensible en action

Un plan d’action a été établi afin de préserver, restaurer et valoriser l’espace naturel de Boudré. Certains milieux sont plus particulièrement visés par celui-ci car contribuant fortement à la richesse faunistique et floristique du site. C'est le cas des points d'eau, avec un suivi de la qualité des étangs et une restauration d’une dizaine de mares. C’est le cas, aussi, des landes, des pelouses sèches et des prairies humides. Le pâturage bovin et la fauche permettent d’éviter que ces habitats ne se « ferment ». On désigne par cette expression le fait que, peu à peu, des arbres colonisent le milieu, le transformant en forêt. Une évolution naturelle qui n’est pas souhaitable lorsqu’il s’agit d’habitats relictuels précieux !

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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