Les Bruants, petits passereaux de la campagne angevine
On aurait tôt fait de les confondre avec des moineaux. Les Bruants constituent pourtant une famille d’oiseaux bien distincte : celle des Emberizidae. Quatre espèces peuvent être rencontrées en Maine-et-Loire : le Bruant proyer (Emberiza calandra), le Bruant zizi (Emberiza cirlus), le Bruant jaune (Emberiza citrinella) et le Bruant des Roseaux (Emberiza schoeniclus). Ces petits passereaux bruns partagent dans leurs mœurs comme leur allure de nombreux points communs. À la belle saison cependant, chacun va de son plumage et de sa mélopée. Des chants et des parures qui, malheureusement, égaillent de moins en moins nos balades.
- Aspect : taille et silhouette du moineau, allure assez robuste avec un petit cou.
- Régime alimentaire : mixte, les Bruants étant principalement granivores mais également insectivores. La forme de leur bec n’est d’ailleurs pas anodine : elle leur permet de décortiquer facilement les graines. Les invertébrés chassés servent surtout à nourrir les oisillons.
- Longévité : une dizaine d’années maximum, souvent moins de 5.
- Comportement : hors période de reproduction les quatre espèces de Bruants sont grégaires. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer des Bruants jaunes côtoyer des Bruants des roseaux ou des Bruants zizi. Accompagnés d’autres passereaux granivores comme les Pinsons, ils visitent les cultures d’hiver et friches en petites bandes.
- Prédateurs : Chat domestique et Épervier d'Europe principalement. Les œufs sont par ailleurs becquetés par les Corvidés et les rongeurs.
- Reproduction : lors de la parade nuptiale, les Bruants étalent les plumes de leur queue, jouant sur les contrastes et les couleurs. C’est la femelle Bruant qui construira ensuite le nid : une coupe solide d’herbes sèches. Celle-ci est cachée dans un couvert végétal, au cœur d’un buisson touffu ou directement sur le sol selon l’espèce. Originalité chez le Bruant proyer : le mâle est parfois polygame. Il peut avoir un véritable harem d’une quinzaine de femelles sous son aile !
Où vivent les Bruants en Anjou ?
Les Bruants jaune, zizi et proyer investissent les plaines agricoles, appréciant les paysages semi-ouverts (arborés mais avec parcimonie). Le Bruant zizi est ainsi un oiseau typique du bocage tandis que les Bruants proyer et jaune, plus ubiquistes, investissent également les landes.
En Anjou, le Bruant des roseaux niche pour sa part dans les prairies humides des vallées alluviales. Il utilise les roselières comme dortoir durant l’hiver, pouvant alors se réunir par centaines !
Le Bruant ortolan est un autre membre de la famille des Emberizidae présent en France. Mais cette espèce méridionale n’est que de passage en Anjou et il est très rare de la voir.
De nombreux espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire accueillent des espèces de Bruants, notamment :
Comment observer ces petits oiseaux ?
Le printemps est la saison idéale pour observer les Bruants, les mâles se postant bien en vue sur des perchoirs. Ils chantent alors à gorge déployée, penchant la tête en arrière et gonflant la poitrine. Leur plumage nuptial permet de distinguer aisément chaque espèce :
- Le Bruant jaune est, comme son nom l’indique, jaune. Son plumage n’est toutefois pas uni : la tête est d’un jaune citron très vif tandis que le croupion est roux.
- Le Bruant zizi n’a pour sa part que deux bandes jaunes sur la tête, sur la joue et le « sourcil ». Le contraste avec le bandeau noir passant sur ses yeux est saisissant !
- Le Bruant des roseaux a la tête noire et semble porter une écharpe blanche autour du cou.
- Le Bruant proyer a un plumage assez « passe-partout » : brun chamois strié de gris. Il est par ailleurs un peu plus imposant que ses compères, à mi-chemin entre le moineau et le merle.
Attention ! Le Bruant jaune peut être confondu avec le Serin cini de par leur coloris assez semblable. Mais ce dernier est plus petit.
Reconnaître les Bruants à leur chant
Les bruyants bruants (à prononcer rapidement) ne sont pas de grands mélodistes :
- Le Bruant proyer chante de fin mars à fin août. Il répète deux ou trois phrases métalliques, crépitantes, tout en changeant constamment de perchoirs. Certains y entendent le bruit d’un trousseau de clefs que l’on agiterait de plus en plus vite !
- Le Bruant jaune entonne sa strophe monotone mais très sonore de début mars à fin juillet, chantant à la mi-journée. Généralement sa rengaine est toujours la même : « tsi tsi tsi tsi » puis après un court silence (ou une note quasi inaudible) un « tsuuu » final prolongé.
- Le Bruant zizi entonne un petit refrain très similaire mais en omettant cette note finale.
- Le Bruant des roseaux est le bégayeur de la bande. Il répète souvent les mêmes strophes simples et brèves, assez lentement. Il peut être entendu de la mi-mars à mi-juillet.
le soundcloud du chant du Bruant
Des espèces menacées à protéger
L’intensification de l’agriculture débutée il y a plusieurs décennies continue de profondément modifier les paysages de nos campagnes. Privés de prairies, friches, haies et zones humides, les populations de Bruants régressent. La disparition des prairies de fauche a en particulier particulièrement impacté les populations du Bruant proyer, et ce dans toute l’Europe.
Les actions favorables à ces passereaux visent donc à préserver ou restaurer leurs habitats. Il s’agit notamment de planter des haies pour conserver le paysage bocager et de maintenir les prairies humides par un pâturage extensif ou des fauches raisonnées.
Au travers de sa politique ENS, le Département de Maine-et-Loire encourage et appuie les agriculteurs afin que la campagne angevine reste une terre d’accueil pour ces oiseaux.