Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Vallée de la Romme

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À l’est de l’Anjou, un univers aquatique et pastoral préservé

À l’Ouest d’Angers, la Romme coule tendrement dans une petite vallée encaissée. L’Auxence prend sa source en Loire-Atlantique et est un affluent de la Romme. Elle dessine une coulée verte aux douces ondulations avant de se jeter dans la Loire à Champtocé.

La vallée de la Romme brille par la diversité de milieux s’invitant au fil de leur parcours. Boires (bras morts), marais, prairies inondables et autres zones humides occupent les fonds de vallons très plats. Ces bandes de terres inondables sont bordées par des coteaux secs et pentus. Le socle de schiste et de grès s’est entaillé en maints endroits créant de forts encaissements.

Incultes et difficiles d’accès, les pelouses tapissant les coteaux ont donc conservé un caractère sauvage. Certaines, traditionnellement pâturées, sont encore entretenues par le passage du bétail.

À ces habitats très contrastés s’ajoutent deux îlots forestiers : le bois de Montpéroux et celui des Fresnaies. Ce vaste espace naturel sensible (ENS) s’étend sur la communauté de communes des Vallées du Haut-Anjou et sur la commune de Champtocé-sur-Loire. De multiples sentiers permettent de le traverser et de nombreuses sorties naturalistes y sont organisées. Avec son marais, sa boire et les ruines du château de Gilles de Rais, Champtocé est un bon point de départ.

Faune et flore de la vallées de la Romme

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des 62 espèces d’Odonates connues en Anjou (Libellules et Demoiselles) ont été observées sur l’ENS

Un espace naturel d’un grand intérêt patrimonial

La superficie et la diversité des zones humides des deux vallées permet l’expression d’une riche biodiversité. Des espèces rares y ont trouvé refuge comme la Vipère péliade. Ce serpent très menacé apprécie les milieux frais et humides et peine aujourd’hui à trouver de tels habitats.

L’ENS est également réputée pour sa diversité en Libellules et Demoiselles. Des espèces peu courantes comme l’Orthétrum brun, l’Orthétrum à stylets blancs et l’Aeschne velue-printanière peuvent y être rencontrées. Le cortège de papillons, mené par l’impressionnant Flambé, est lui aussi remarquable.

Pour ce qui est des oiseaux, le marais et la boire de Champtocé constituent les « hotspots » du site. Le Grèbe huppé et la Foulque macroule y côtoient l’été de nombreux Anatidés et passereaux. Le Canard Pilet et la Tadorne de Belon viennent notamment se reproduire ici. Caché parmi les roseaux, la Bouscarle de Cetti, la Rousserolle effarvatte et le Phragmite des Joncs font de même.

L’hiver, des oiseaux migrateurs telle la Sarcelle d’hiver s’attardent plus ou moins longtemps sur les terres ennoyées. Et les oiseaux ne sont pas les seuls à apprécier ces prairies inondées. Certains poissons viennent y frayer comme le Brochet. Il dépose ses œufs parmi les tiges des plantes.

Le Brochet n’est d’ailleurs pas la seule espèce d’intérêt à nager dans les eaux de la Romme. L’Anguille européenne, la Vandoise ou encore la Bouvière y jouent les invités de marque !

Des bêtes de tous poils

L’espace naturel sensible accueille des mammifères peu communs. Le long de la Romme se dissimule en particulier un petit rongeur très menacé : le Campagnol amphibie. Il y côtoie le Castor d’Europe, bien plus imposant mais tout aussi discret… Les randonneurs pourront néanmoins tenter de repérer des marques de son passage : tronc taillé en crayon, barrage…

Dans les friches herbacées, un rongeur menacé laisse lui aussi des marques de sa présence. Le minuscule Rat des moissons réalise en effet à la belle saison des cocons d’herbes entrelacées.

Facilement reconnaissables, ces maisonnettes perchées parmi les tiges peuvent avoir différents rôles. Certaines sont des lieux de repos, d’autres d’hivernage (car très bien isolées), d’autres sont des nurseries.

Les vieux boisements, les ruines et les bâtis anciens, en particulier les châteaux, attirent de nombreuses espèces de chauves-souris. Le Murin de Daubenton, le Murin à oreilles échancrées, le Grand et le Petit Rhinolophe ou encore la Pipistrelle commune sont quelques-uns des Chiroptères qui ont investi les vallées.

L’anecdote du naturaliste Des chants d’oiseaux au piano

La Rousserolle effarvatte, bien cachée dans les roseaux, laisse entendre un chant rythmé. Ces strophes sautillantes ont été transposées au piano par le compositeur Olivier Messiaen, tout comme de nombreux autres vocalises d’oiseaux (près de 400 !). « La Rousserolle effarvatte » fait ainsi partie de son Catalogue d’oiseaux, l’une de ses œuvres majeurs. Il y retranscrit les multiples variations du chant de l’espèce mais également les trilles et cris des passereaux qu’elle côtoie. Une musique atonale et hachée qui a de quoi surprendre ! Elle constitue une approche originale et poétique pour découvrir les prouesses vocales de nos voisins à plumes.

Des cours d’eau aux coteaux, une flore contrastée

Une ripisylve dominée par l’Aulne glutineux et les Frênes occupe le lit majeur de la Romme. Des forêts mixtes de Chênes et d’Ormes lui succèdent sur les terrasses alluviales moins marquées par les crues. Elles laissent place par endroits à des mégaphorbiaies, des friches dominées par des hautes herbes.

Bordant ces milieux, des prairies humides s’étalent tout au long des rivières. Elles abritent quelques espèces rares et patrimoniales. C’est le cas de la délicate Petite Renouée et de la Grande Berle aux larges ombelles.

Sur les coteaux pentus et accidentés, la végétation change du tout au tout. Dans les pelouses sèches poussent des espèces associées aux activités agro-pastorales comme le Scléranthe vivace et l'Arnoséris naine. Mais la star des lieux, c’est bien le Plantain caréné, reconnaissable à ses larges et grands épis. D’affinité méridionale, ce dernier est peu fréquent en Anjou et y est protégé.

Quelques cultures céréalières ont également pris place sur les coteaux. On peut y rencontrer des plantes messicoles (liées aux moissons) comme le Brome faux-seigle et le Persil des moissons.

Une zone humide pleine de surprises

Le marais de Champtocé se révèle être un site botanique très intéressant. Dans ses portions immergées presque toute l’année se développent des Potamots et des Lentilles d’eau. Ce sont des espèces caractéristiques de ce type de milieu.

Dans les zones inondées plus épisodiquement, une influence ligérienne se fait ressentir. Une farandole d’espèces rares liées à la Loire s’y invitent. La Grande pimprenelle fleurit ainsi en de jolis pompons pourpres tandis que l’Inule des fleuves présente des fleurs pouvant s’apparenter à des fleurs de marguerite mais de couleur jaune... La Gratiole officinale et la Cardamine à petites fleurs, plus discrètes, donnent des inflorescences blanches légèrement rosées.

Un espace naturel sensible protégé

Impactés par la déprise agricole, les coteaux s’enfrichent peu à peu. Ils ne deviennent alors plus favorables à la faune et la flore des coteaux et des espèces patrimoniales se retrouvent menacées.

Pour stopper le phénomène, le Département s’est associé à la Chambre d’agriculture régionale, au CPIE Loire Anjou et à la Communauté de communes des Vallées du Haut Anjou. Des actions de mise en pâturage ont été mises en place en collaboration avec les éleveurs locaux. L’objectif est de permettre la réouverture des coteaux et d’assurer un entretien régulier de la végétation. Ces parcelles étant difficiles d’accès, la démarche est accompagnée d’aides techniques et financières.

Le plan de gestion de l’ENS définit de nombreuses autres actions. Celles-ci vont de la réalisation d’inventaires, dédiés par exemple à la Vipère péliade, à la suppression d’obstacles sur les rivières. Ces derniers compliquent en effet le déplacement de petits et grands migrateurs comme le Brochet et l’Anguille.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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