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À l’ouest d’Angers, la Loire des promontoires
Aux Ponts-de-Cé, au Sud d’Angers, la Loire quitte le bassin parisien pour s'engouffrer dans le massif armoricain. Elle se fraye alors un chemin parmi schistes et granites, creusant de larges méandres au pied d’éperons rocheux. Montjean-sur-Loire, Saint-Florent-le-Vieil, Champtoceaux ou encore la Varenne sont perchés sur ces promontoires. Ils offrent de beaux panoramas sur la vallée, tout comme la fameuse Corniche Angevine. Ce coteau escarpé court de Chalonnes à Rochefort et s’élève à une centaine de mètres au-dessus du Louet, un bras du fleuve.
Les bras et bras-morts (ou « boires ») sont nombreux à onduler le long de la Loire. Avec les mares, ils forment un dense réseau hydrographique au cœur d’un bocage atypique. Prairies inondables et champs alternent, striés de haies éparses… Un paysage champêtre qui s’invite même sur des îles ! La Loire découpe en effet de longues bandes de terres pâturées et habitées, comme à Chalonnes ou à Béhuard.
Dans le couloir plus ou moins large qu’emprunte la Loire en aval d’Angers se côtoient ainsi prairies humides et plateaux arides. Une diversité de milieux synonyme d’une riche biodiversité. De multiples sentiers invitent à découvrir cet espace naturel sensible (ENS) classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Circuit découverte des boires de Drain »
Faune et flore de la Loire en aval d’Angers
Dans les flots et les eaux calmes
D’infatigables migrateurs venus de l’océan remontent chaque année le cours du fleuve. Ces espèces sont dites anadromes : elles sont capables de vivre dans l’eau salée (pour grandir) et dans l’eau douce (pour se reproduire). Le Saumon est l’un d’entre eux, tout comme la Grande Alose, l’Alose feinte et la Lamproie marine qui accomplissent également ce périlleux voyage. Ils se font toutefois de plus en plus rares...
De nombreux amphibiens visitent quant à eux les boires et les mares prairiales de la vallée. Deux crapauds y viennent notamment se reproduire : l’Alyte accoucheur et le Pélodyte ponctué. Ce dernier est particulièrement présent entre Gennes et Ancenis.
À l’ombre des vieux Frênes têtards...
Aulnes, Frênes et Saules bordent les prairies inondables de la vallée. Ces essences plaisent à l’élégante Rosalie des Alpes ainsi qu’à d’autres insectes xylophages (dont les larves mangent le bois).
La Chouette chevêche apprécie, elle aussi, les Frênes, dans lesquels elle trouve des cavités où nicher.
Durant l'automne, Vanneaux huppés et Pluviers dorés s'invitent dans des zones moins arborées, en particulier autour de la boire de Champtocé. Ils y passeront l'hiver ensemble, se côtoyant sans anicroche et formant bien souvent un seul et même groupe. Facile toutefois de les distinguer : le Vanneau huppé arbore une huppe noire caractéristique. Impossible en revanche d'espérer les observer l'été : ils se seront envolés vers le nord-est, qui dans la toundra sibérienne, qui dans les prairies biélorusses…
Le Tadorne de Belon fait tout l’inverse : c’est à la belle saison que l’on peut rencontrer ce canard du littoral sur la Loire. Il ne s’invite toutefois qu’en petit nombre dans les prairies inondables.
Il n'y a pas si longtemps, le Râle des genêts, espèce emblématique de l'Anjou, venait également s'y reproduire. Aujourd’hui la dernière population subsiste dans les Basses vallées angevines.
Le plus gros rongeur européen et ses acolytes
Animal fort sympathique, le Castor d’Europe a fait son grand retour sur la Loire dans les années 80. Il apprécie en particulier les îles arborées et les boires et y laisse des indices de sa présence. De l’arbre taillé en pointe de crayon au terrier-hutte, il est toujours fascinant de les découvrir ! Les boires de Drain, à Ombrée sur Anjou, sont un site de choix pour les rechercher. Bien moins connu que son grand cousin, le Campagnol amphibie est un rongeur très discret. Il se nourrit lui aussi dans la végétation rivulaire.
La Genette commune, quant à elle, rôde la nuit dans les parties les plus sauvages de la vallée. Ce beau prédateur aux allures de félin d’Afrique est malheureusement très difficile à observer.
Des prairies inondables aux fleurs atypiques
Entre Nantes et les Ponts-de-Cé, les paysages ligériens sont aujourd’hui encore marqués par les prairies. Le caractère inondable des parcelles a bien souvent préservé celles-ci d'une transformation en cultures. Dans ces étendues verdoyantes, le promeneur pourra découvrir les clochettes à damier de la Fritillaire pintade. Appelée localement Gogane, elle est emblématique de l’Anjou.
Dans les prairies les plus humides se cache également la Gratiole officinale. Cette plante vivace aux délicates fleurs blanches est particulièrement menacée. On la surnommait autrefois l’Herbe aux pauvres hommes car elle était réputée soigner de nombreux maux, telle l'épilepsie. Elle est en réalité toxique !
L’Inule d’Angleterre, rare et protégée en Pays de la Loire, colore elle aussi le bocage. Vue de loin, elle peut être facilement confondue avec le Pissenlit qui est l’un de ses cousins.
Petites curiosités de la Loire
La vallée de la Loire accueille des plantes rares que l’on ne trouve presque nulle part ailleurs en Anjou. C’est le cas du Butome en ombelle ou Jonc fleuri, très présent ici mais en régression généralisée en France. « Ombelle » désigne la forme de l’inflorescence, qui forme chez cette plante une grappe de petites fleurs rosées.
Dans les eaux dormantes proches du fleuve pousse également la Marsilée à quatre feuilles. Cette plante a de quoi rendre les promeneurs heureux : elle a tout d’un trèfle à quatre feuilles ! Il y a toutefois supercherie puisque c’est en réalité une fougère aquatique. En déclin partout en France, elle est protégée et ne doit en aucun cas être cueillie !
Autre curiosité botanique : le pourpier d’eau du Dniepr. Cette discrète petite plante annuelle est devenue rarissime en France. En Maine-et-Loire, elle ne se trouve plus qu’à Murs-Érigné, près du Louet.
Une frontière devenue chenal au XIXe
Une vallée aux portes de l’ancienne Bretagne
À partir d’Ingrandes, ville douanière sous l’Ancien régime, la Loire marquait autrefois la frontière entre l’Anjou et la Bretagne. La vallée porte ainsi la marque des nombreux conflits qui ont opposé Francs, Bretons, Vikings…
Sous le lierre se cachent notamment les ruines médiévales de Châteauceaux, l'ancien nom de Champtoceaux. Cette forteresse, presque rasée, fut au moins deux fois plus grande que Carcassonne !
Un peu plus en amont, Saint-Florent-le-Vieil, ville frontalière, n'a pas été épargnée non plus par les tourments de l'Histoire. Mais son abbaye, maintes fois reconstruite, domine toujours ses ruelles pittoresques.
Un fleuve marqué par la navigation
Au XVIIIe siècle, des seuils naturels ont été arasés sur la Loire pour faciliter la navigation. Au XIXe, ce sont même des centaines d’épis qui ont été construits sur son cours. Ces derniers sont des murets de pierre perpendiculaires au fleuve permettant de canaliser le courant en son centre. Gabares et péniches pouvaient ainsi profiter d’une profondeur suffisante pour remonter jusqu’au Ponts-de-Cé.
Les épis ont néanmoins entraîné au fil du temps un enfoncement du lit et l’asséchement des zones humides annexes. La Jussie rampante et d’autres espèces exotiques envahissantes se sont également développées en nombre. Ces murets de pierre sont donc aujourd’hui supprimés pour rendre à la Loire sa dynamique originelle.
Un espace naturel sensible protégé
Une partie des actions de gestion mises en place dans la vallée se concentrent sur le bocage, un milieu d’intérêt patrimonial. Le Département accompagne et aide ainsi les communes dans la restauration de parcelles en déprise agricole. Certaines parcelles délaissées ou plantées de peupliers sont même restaurées en prairies.
Sans agriculteurs, pas de bocage. Le maintien d’une activité d’élevage est donc également favorisé notamment par le dispositif Natura 2000.
De nombreuses collectivités se sont engagées avec le Département dans des plans de gestion visant à restaurer et protéger la vallée.
Les rendez-vous nature
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