Des arbres typiques de l’Anjou
Avec leurs troncs épais et leurs belles ramures, les Frênes habillent le bocage angevin et la vallée ligérienne. Bien souvent, on ne les remarque que lorsqu’ils sont élagués en « arbres têtards ». Mais ils habitent également nos forêts, sous des formes plus sauvages.
Deux espèces sont présentes en Maine-et-Loire : le Frêne commun ou Frêne élevé (Fraxinus excelsior) et le Frêne à feuilles étroites ou Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia).
- Aspect général : le Frêne fait partie des grands arbres de l’Anjou et peut atteindre facilement 30 mètres en forêt.
- Aspect en arbre-têtard : l’étêtage est la coupe traditionnelle à l’origine du nom « têtard ». Elle forme une trogne boursouflée de laquelle partent des rejets hirsutes.
- Longévité : généralement entre 200 et 300 ans si les conditions sont bonnes. Pour obtenir une forme en têtard, il faut compter au moins une trentaine d’années.
- Reproduction : le Frêne fleurit entre mars et mai, généralement avant d’avoir revêtu ses nouvelles feuilles. Ceci permet de faciliter la pollinisation qui n’est pas assurée par des insectes mais par le vent. Les fleurs n’ont en effet rien d’attirant pour les insectes : elles sont dépourvues de pétales, sépales et nectar.
- Dissémination des graines : les fruits secs produits par l’arbre sont appelés samares (ou langues d’oiseau) et sont réunis en grappes. Les graines sont prolongées d’une membrane, comme une aile, rappelant celle de l’érable. Elle permet d’optimiser la dissémination assurée par le vent.
- Usages : le bois du Frêne est résistant et facile à travailler, notamment à courber après être passé à la vapeur. Il a été utilisé pour fabriquer des manches d’outils et d’armes, des sabots, des meubles… Les Frênes étaient également plantés en haies et entretenus en têtards afin de fournir du bois de chauffage et du fourrage pour les animaux. Leurs feuilles, enfin, étaient et sont encore employées dans la concoction d’infusions et de la frênette, une boisson fermentée.
Où poussent ces arbres en Maine-et-Loire ?
Les Frênes sont associés aux Ormes pour former des boisements alluviaux le long de la Loire et de ses affluents. Ces deux arbres, qui apprécient l’humidité des sols, s’accommodent bien des sables et limons. Ils supportent par ailleurs sans coup férir les crues de printemps ou de fin d'hiver.
Les Frênes sont également des arbres du bocage, plantés en haies et émondés en « têtard ». Nombreux sont ceux qui quadrillent les prairies et champs des Mauges.
Frêne commun et Frêne oxyphylle
Le Frêne oxyphylle est une espèce méridionale qui porte d’ailleurs également le nom de « Frêne du Midi ». En Maine-et-Loire, il se mélange avec le Frêne élevé et est présent tout comme ce dernier sur tout le territoire. Les deux frênes sont difficiles à distinguer en Anjou et certains individus semblent être des hybrides des deux espèces.
Les Frênes têtards sont à découvrir dans de nombreux espaces naturels sensibles de Maine-et-Loire, notamment :
Comment reconnaître un Frêne ?
Plusieurs critères permettent de distinguer le Frêne des autres arbres de l’Anjou, à commencer par ses feuilles. Ces dernières sont dites « pennées » : elles sont composées de plusieurs petites feuilles appelées folioles. Les folioles sont alignées en deux rangées le long du pétiole (petite tige). Une foliole terminale se tient en bout et l’on compte généralement 7, 9 ou 11 folioles.
Lorsqu’ils sont présents, les gros bourgeons noirs en bout de tige sont également un bon critère de détermination.
L’écorce, en revanche, peut se révéler trompeuse. Son aspect dépend en effet beaucoup de l’âge du Frêne. Chez les jeunes le tronc est par exemple assez lisse tandis que les spécimens âgés ont une écorce émaillée de crevasses.
Des arbres menacés à protéger
Sur les listes rouges des espèces menacées, il n’y a pas que des animaux et des plantes rares. Pour preuve : le Frêne, bien que commun, y figure. Il est considéré comme « quasi-menacé » à l’échelle de l’Europe comme du Monde. Les menaces pesant sur l’arbre se révèlent multiples.
La raréfaction des haies
En Anjou comme ailleurs, le remembrement agricole a eu raison des haies de Frênes. Des actions sont mises en place pour protéger celles qui subsistent. Ce sont, en particulier, des aides financières pour assurer leur entretien lorsqu’ils sont taillés en têtards. Ces interventions sont essentielles : s’ils ne sont pas émondés régulièrement ils risquent « d’éclater ».
Des haies à Frênes sont également replantées. Le Département met en place et finance de nombreux chantiers d’agroforesterie.
Une maladie qui inquiète : la chalarose
La chalarose du Frêne est une maladie provoquée par un champignon parasite exotique et microscopique, Chlara fraxinea. Aucunes des deux espèces de Frênes n’y échappent : leurs feuilles et leurs rameaux sont touchés par des phénomènes de nécrose. Dans les stades avancés de la maladie c’est également la base de l’arbre (le collet) qui est touchée.
Dans le meilleur des cas, la croissance de l'arbre est limitée. Dans le pire, il périclite et meurt.
Cette maladie a été détectée pour la première fois en France en 2008. Depuis, elle a ravagé les populations de Frêne du Nord-Est de la France et se propage rapidement vers l’ouest.
Un écosystème à lui seul
Protéger les Frênes, c’est protéger tout un pan de la biodiversité. De nombreuses espèces en dépendent pour vivre, à commencer par des animaux.
Les Pics façonnent leur maison dans les arbres, notamment le Frêne. La cavité sera réutilisée par la suite par d’autres oiseaux et des chauves-souris. Le Frêne accueille également une grande quantité d’insectes à becqueter !
Parmi ces derniers, certains sont directement dépendants de l’arbre comme le menacé Damier du Frêne . La Rosalie des Alpes et d’autres insectes xylophages apprécient également l’arbre.
De nombreuses espèces de lichens se développent par ailleurs sur les Frênes. Certains vivent même exclusivement sur ces arbres.