Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Marais d'Andard et Brain-sur-l'Authion

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Escapade entre marais et bocage au cœur de l’Anjou

À une dizaine de minutes d'Angers, aux portes de Brain-sur-l'Authion, se dessine un paysage pour le moins inhabituel. Passé le camping du Port Caroline, voilà que le décor de la vallée change du tout au tout. Le téméraire voyageur vient de pénétrer dans les Prés d’Amont, l’une des dernières zones humides du val d’Authion.

Un chemin sur caillebotis emporte le promeneur au milieu des roseaux et des mares. Les animaux y sont nombreux, bruyants, agités… Tout en restant bien cachés dans l’impénétrable végétation ! Il faudra donc discrétion et patience pour être témoin de leur truculente vie aquatique.

En remontant vers le nord-est, la nature change de visage. Elle devient d’abord bocage, conjuguant prairies et haies de frênes têtards. Puis elle prend la couleur dorée du blé et celle des vertes tiges de maïs.

Le site, classé espace naturel sensible (ENS), se poursuit ensuite sur la commune d’Andard. C’est un nouveau marais qui y attend le randonneur. D’impénétrables roselières s’y succèdent aux côtés de nombreuses peupleraies. Un circuit d’interprétation, imaginé par le Parc naturel régional Loire Anjou Touraine, permet de découvrir ces zones humides. De la même façon, un sentier nature à Brain-sur-l’Authion guide le promeneur dans les Prés d’Amont. Promesse d’une après-midi bien remplie !

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Marais des prés d’amont »

Faune et flore des marais d'Andard et Brain-sur-l'Authion

Une vie dissimulée derrière les rideaux de roseaux

Divers passereaux ont élu domicile dans les roselières d’Andard et des Prés d’Amont. Le plus abondant d’entre eux est sans doute le Bruant des roseaux que l’on pourra y apercevoir. À ses côtés, Rousserolle effarvatte et Locustelle tachetée s’agitent également parmi les phragmites.

Caché lui aussi dans les roselières, le Grillon des marais laisse entendre sa stridulation. Ses populations en France se font de plus en plus rares suite à la régression de son habitat.

Des libellules et demoiselles animent également les Prés d’Amont. Certaines espèces sont patrimoniales à l’échelle des Pays de la Loire, comme la Leste des bois et l’Orthétrum à stylets blancs.

Les mares sont également la cachette de curieuses naïades… Petits, colorés et à la peau humide, voilà des tritons ! Le Triton crêté, l’un des plus menacés, vient notamment y passer une partie de sa vie.

Ces mares constituent également l’un des rares endroits en Maine-et-Loire où l’on peut entendre le coassement du Pélodyte ponctué. Ce crapaud présente une peau verruqueuse aux pustules d’un vert luisant, comme des algues !

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espèces d’intérêt patrimonial ont été recensées sur l’ENS, principalement dans les zones humides et les haies.

Le bocage, un trésor de biodiversité mésestimé

Le paysage champêtre du site paraîtra certainement moins exotique que les roselières. Les prairies de fauche et les haies accueillent pourtant une étonnante biodiversité, dont des espèces menacées.

Si la roselière était le domaine du Bruant des roseaux (logique !), le Bruant jaune pousse de la voix dans le bocage. Menacé, il n’est pas le seul à trouver terre d’asile ici. La Chevêche d’Athéna, le Chardonneret élégant et le Tarier pâtre profitent également de cette campagne accueillante.

Diverses espèces de papillons visitent aussi les lieux. C’est le cas de l’Azuré du Serpolet, une espèce rare et menacée. Sa présence ici est conditionnée par le maintien de plantes aromatiques bien spécifiques : l’origan et le thym ! Sans celles-ci, il ne peut réaliser son cycle de vie.

Le Flambé, la Belle Dame ou encore le Paon du jour sont d’autres papillons que le promeneur pourra peut-être croiser. Si leurs parures sont chatoyantes, ils ont un adversaire de taille au concours du plus bel insecte : la Rosalie des Alpes. Cette mangeuse de bois apprécie les vieilles haies de frênes têtards. Difficile à observer, la rencontre n’en est que plus marquante.

Saviez-vous que le Rhinocéros visite également les haies de ces marais ? Foi d’entomologiste ! Il s’agit bien sûr du coléoptère, et non du pachyderme. Par sa taille comme son allure, il mérite tout de même bien son nom !

L’anecdote du naturaliste Patinage aquatique (à 8 pattes)

Cet ENS accueille une grande araignée capable de marcher sur l’eau : la Dolomède des marais. L’Araignée patineuse, comme on l’appelle également, vit dans les plans d’eau avec beaucoup de végétation. Capable de plonger, rien ne l’arrête dans sa chasse ! Elle peut même attraper des petits poissons plus gros qu’elle. Mais c’est aussi une mère attentionnée qui transporte partout avec elle ses œufs. Après leur éclosion, elle les garde auprès d’elle dans une pouponnière tissée par ses soins. Ce n’est qu’à leur seconde mue qu’ils quitteront le cocon familial !

« Le Frêne tient bon, le Roseau plie »

Associant feuillus et roselières, les marais d’Andard et de Brain-sur-l’Authion peuvent rappeler une fameuse fable de la Fontaine. Ce ne serait pas ici « Le Chêne et le Roseau » mais plutôt « le Frêne et le Roseau. » Que l’arbre se rassure toutefois : les vents dans la région restent modérés.

Roseaux et frênes sont les éléments les plus marquants du paysage. Les haies de Frênes têtards dessinent le bocage, les roseaux forment les roselières. Mais pour les botanistes, la vraie star du site est bien plus discrète. Ses fleurs apparaissent dès les prémices du printemps dans les prairies humides de Brain-sur-l’Authion : il s’agit de la Fritillaire pintade ou Gogane.

La Cardamine à petites fleurs est une autre rareté du site. Peu commune en France, on ne la rencontre que dans l’Ouest et une partie de la bordure méditerranéenne. Inféodée aux prairies et rives inondées l’hiver, cette espèce protégée se développe autour des mares des Près d’Amont. Elle reste toutefois très discrète tant elle est fine, de la tige à la pointe des feuilles !

La Cardamine côtoie une autre plante remarquable : le Jonc fleuri. Avec ses très belles fleurs blanches renfermant un cœur rose, il passera moins inaperçu.

Dans la roselière, dès le mois de mai apparaissent également des touffes de fleurs jaunâtres. Difficile de les rater tant elles sont haut perchées : ce sont celles du Pigamon jaune, une plante rare dans le Massif armoricain.

Les Prés d’Amont, la renaissance d’un marais

Le marais d’Andard est à la fois une zone humide artificielle et l’œuvre de processus naturels. Avant 2008, il n’y avait en effet tout simplement pas de roselière dans l’actuel site des Prés d’Amont. La commune a racheté les parcelles agricoles sur cet espace, transformant cultures et prairies en plan d’eau de loisir. Mais les niveaux d’eau étant trop bas, le site fut laissé à lui-même et rapidement recolonisé par une végétation des marais et une faune remarquable.

Un espace naturel sensible en action

Le plan de gestion financé par le Département de Maine-et-Loire et la Région des Pays de la Loire permet d’étudier, de préserver et de valoriser les deux marais. Les roselières sont notamment menacées par la progression des arbres dans leur espace vital. Depuis 2013 , des coupes de ligneux ont donc été réalisées ainsi qu’une fauche des roseaux pour entretenir les roselières.

Des inventaires faunistiques et floristiques sont également réalisés. Une station de baguage est ainsi mise en place tous les ans dans les roselières par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Celle-ci se tient à la fin de l’été, en période de migration postnuptiale. De nombreux passereaux paludicoles sont alors bagués, en particulier des Bruants des roseaux.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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