Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Ardoisières de Trélazé

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À deux pas d’Angers, un paysage désolé réenchanté

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Le parc des ardoisières de Trélazé dévoile un paysage atypique en plein cœur d’une zone urbaine. À seulement 7 kilomètres à l’Est d’Angers, le site vient rappeler le passé industriel de Trélazé. Ancienne cité ouvrière, cette ville s’est longtemps développée au rythme de l’extraction de l’ardoise. Sous les pieds du promeneur se dissimule en effet une veine de schiste qui serpente depuis Angers en suivant la Loire. Une vraie mine d’« or noir » exploitée pendant plus d’un siècle !

Aujourd’hui, la nature a repris ses droits. Des pelouses rases se sont formées, devenues par endroits des landes. Là où coule le ruisseau du Lapin, ce sont des prairies humides et des roselières qui apportent une touche de fraîcheur. Ailleurs, sur les parties les plus rocailleuses, seuls mousses et lichens sont parvenus à composer avec le minéral.

Les trous béants des mines sont devenus quant à eux des petits lacs aux eaux cristallines. Leur teinte bleu azur se marie à celle gris-bleu des ardoises. Ces dernières abondent encore, éparpillées sur le sol ou s’élevant en impressionnants amas. La "butte de l'enfer" domine ainsi le paysage à la façon d’un terril de charbon. Plus loin, ce sont les hautes tours de chevalement qui dépassent de la canopée tels des postes de garde.

Ce curieux décor d’eau, de roche et de verdure abrite une riche biodiversité. Des oiseaux de tous genres côtoient des insectes des pelouses chaudes. À deux pas de la Loire, le parc des Ardoisières constitue un écrin de nature prisé par la faune comme des promeneurs !   

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Parc des Ardoisières »

Faune et flore des ardoisières de Trélazé

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espèces de criquets, sauterelles et grillons ont été recensées sur le site

Délice de criquets sur lit d’herbes sèches...

Les ardoisières de Trélazé sont réputées pour la riche diversité d’Orthoptères qu’elles renferment. Les scientifiques regroupent sous ce terme les grillons, sauterelles et criquets. Parmi ces derniers, des espèces de tailles et de couleurs très variées peuplent les pelouses et affleurements rocheux du site.

Certains sont verts comme le bien nommé Aïolope émeraudine, ou encore tachetés comme le petit Criquet des chaumes. Méridional, ce dernier est très rare en Pays de la Loire et en Anjou n’est présent qu’aux ardoisières de Trélazé.

D’autres criquets se confondent avec la roche. C’est qu’ils cachent leur couleur pour mieux éblouir le promeneur ! L’Oedipode turquoise et l’Oedipode aigue-marine dévoilent leurs ailes bleues lorsqu’ils s’enfuient d’un saut ailé.

Enfin, s’il sera jouable de repérer un Criquet de Barbarie (ou Caloptène ochracé), ce sera une autre paire de manches pour le Criquet des grouettes. Cette rare et discrète espèce mesure à peine plus d'un centimètre. Elle est quatre fois plus petite que son cousin !

… Pour petits et grands insectivores

La profusion d’insectes à Trélazé fait saliver quelques insectivores. À commencer, d’ailleurs, par... un insecte. Bien connu, tout vert, et dont l’aspect a inspiré quelques monstres fantastiques, il s’agit de la mante religieuse ! Si criquets et sauterelles sont harponnés et déchiquetés par cette redoutable chasseuse, ils peuvent également finir gobés tout rond par le Lézard vert.

Gourmand de campagnols et d'autres petits mammifères, le faucon crécerelle ne dédaigne pas non plus de croquer quelques orthoptères. Le promeneur le remarquera au-dessus des ardoisières lorsqu'il pratique son fameux "vol du Saint-Esprit". Il reste stationnaire grâce à un vigoureux battement d'ailes. Pratique pour repérer les proies mais très énergivore !

D'autres rapaces peuvent être aperçus sur l'espace naturel sensible (ENS), comme l’Épervier d'Europe qui prend en chasse les passereaux avec force acrobaties. Mais durant la belle saison se sont surtout les estivants venus d'Afrique qui se font remarquer. Le Rossignol philomèle déploie ses belles vocalises à toute heure de la journée pour le plus grand plaisir des visiteurs. L’Hypolaïs polyglotte et la Fauvette grisette donnent aussi de la voix tandis que l’Hirondelle de fenêtre se fait plus discrète.

L’anecdote du naturaliste Quand le ramage rattrape le plumage

Tout comme le Rossignol philomèle, l’Hypolaïs polyglotte présente un plumage terne et peu voyant. Mais il n’a pas, lui non plus, à rougir des autres oiseaux. C’est un chanteur capable d’étonnantes prouesses vocales, même si elles sont moins connues que celles de son comparse. Comme son nom en témoigne, il est en effet capable d'un large répertoire comportant des reprises de motifs réalisés par d'autres oiseaux. Cela lui a d’ailleurs valu le sobriquet de "petit contrefaisant".

Des plantes conquérantes mais pas moins fragiles

Sur les pentes des éboulis brûlés par le soleil s'est développée une végétation pionnière adaptée aux sols pauvres et secs. L'Héliotrope d'Europe est l’une de ces plantes, tout comme la Sabline à paroi fine et la Sabline à feuilles de serpolet. On y trouve également le Panais brûlant, cousin du Panais cultivé et plante des terrils. Son nom doit alerter ! Le promeneur qui souhaiterait l’attraper verrait cloques et rougeurs apparaître sur sa main. Sa sève contient en effet des substances toxiques, les furocoumarines.

Dans les pelouses rases qui se sont installées depuis longtemps sur les rochers, une plante grasse très étrange s’est également développée. Avec ses feuilles rougeâtres et globuleuses, on dirait qu’elle est d’origine extraterrestre ! Il s’agit de l’Orpin d’Angers, une espèce très rare et protégée qui n’est présente que dans trois autres départements. Son nom vient d’ailleurs du fait qu’elle a été décrite pour la première fois en Anjou en 1815… Avant de découvrir, des années plus tard, que c’est avant tout une plante méditerranéenne (Espagne, Portugal…) !

Le paysage du parc des Ardoisières est par ailleurs très marqué par la présence du bouleau. Espèce elle aussi pionnière dans les milieux pauvres, elle a tendance à concurrencer la flore patrimoniale du site.

Un patrimoine bâti singulier ne passant pas inaperçu

L’ardoise est une roche faisant partie de la famille des schistes dits métamorphiques. Cela signifie qu’elle est issue d’une argile s’étant transformée sous l’action de pressions et de températures importantes.

À Trélazé se trouvait un important gisement de cette roche, un « filon ardoisier ». Il a commencé à être exploité dès 1406. Son extraction a toutefois pris une autre ampleur lorsque les premières mines ont vu le jour au XIXe siècle. Des chevalements se sont alors dressés dans le paysage, Gustave Eiffel en réalisant l’un d’entre eux.

Les ardoisières de Trélazé furent, un temps, les plus importantes de France. Elles furent également les dernières en activité : ce n’est qu’en 2014 que leur exploitation prendra fin. Aujourd’hui, le Musée de l’ardoise de Trélazé permet de redécouvrir ce pan important de l’histoire du Maine-et-Loire.

Un espace naturel sensible à protéger

Dans ce milieu post-industriel, la flore d’intérêt patrimoniale est avant tout une végétation pionnière. Elle se retrouve vite concurrencée par des plantes elles aussi pionnières mais qui ne sont pas autochtones. Ce sont des espèces dites exotiques et envahissantes comme le Buddleia de David ou Arbre à papillons. Présent à Trélazé, il présente de inflorescences violettes généreuses et odorantes… Mais son développement dans l’écosystème, comme celui du Robinier faux-acacia, se fait au détriment des autres plantes.

Des actions à venir devraient permettre de protéger la flore locale. Un des projets phares est l’installation d’une chèvrerie afin de réaliser de l’éco-pâturage. Cela devrait permettre de limiter le développement sur les pelouses des fourrés d’espèces exotiques ou même de ligneux autochtones comme le bouleau.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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