Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

La Roche de Mûrs

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13,6

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Près d’Angers, un promontoire à la biodiversité renversante

À 10 km au Sud d’Angers, dans la commune de Mûrs-Érigné, une falaise s’élève dans la vallée ligérienne. Elle longe sur près de 400 m un bras de la Loire conséquent : le Louet.

Sur le promontoire de la Roche de Mûrs, la falaise atteint les 50 m de haut. Le panorama y est à couper le souffle. En contrebas, des boisements humides anciens viennent border le Louet sur chacune de ses rives. Au loin, ce sont des prairies inondables qui s’étendent, verdoyantes, sur toute la vallée alluviale.

Si la faune et la flore typique de la Loire s’invitent au pied de la Roche de Mûrs, la biodiversité est tout autre sur le plateau sommital. Les pelouses sèches et les vignes s’y accommodent du sol siliceux et de la chaleur. Quant aux escarpements, ils sont le domaine des mousses et des fougères.

Ce lieu atypique est à la fois classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses paysages et reconnu espace naturel sensible pour ses écosystèmes.

Pour un coucher de soleil magique ou une promenade naturaliste atypique, la Rôche de Mûrs est toute indiquée. L’application Enquête de plantes propose même une balade connectée pour découvrir la flore des lieux. Les grimpeurs expérimentés y trouveront par ailleurs des voies d’escalade exigeantes.

Faune et flore de la Roche de Mûrs

Des hôtes à plumes peu connus

Les promeneurs auront peut-être la surprise de croiser des crapahuteurs aguerris : les lézards. Au côté du Lézard des murailles, qui nous est très familier, vit ici le Lézard vert. Un cousin plus imposant et plus coloré !

Mais ce sont surtout les oiseaux qui viendront égayer de leurs chants les balades. Pour ceux qui ont l’oreille musicale, et surtout exercée, des tirades inhabituelles devraient les interpeller. C’est que, parmi les espèces nichant sur l’espace naturel sensible (ENS), certaines sont peu communes !

Le Tarier des prés, présent dans la vallée, est une espèce prairiale en déclin en France. Ses effectifs ont diminué d’environ 60 % entre 2001 et 2019 !

Dans les fourrés à Genêt, c’est la Linotte mélodieuse que l’on peut entendre et, qui sait, peut-être apercevoir. Elle se reconnaît alors facilement à sa poitrine rouge carmin. Elle se fait, elle aussi, de plus en plus rare dans nos campagnes.

Le Pic noir trahit quant à lui sa présence par ses cris puissants et ses tambourinages. Il se plaît parmi les arbres anciens bordant le Louet, aux côtés d’autres espèces de Pics.

Au fil du Louet, une vie étonnante et sauvage

Les berges du Louet sont habitées par le roi des rongeurs : le Castor d’Europe. Contrairement à son alter ego des Amériques, il ne réalise pas de grands barrages. Mais il laisse néanmoins son empreinte sur le paysage : coupes d’arbres, terrier-hutte, réserve de branches...

Le Louet accueille un autre hôte remarquable : la « Mulette épaisse ». Un gros poisson ? Un crustacé à large carapace ? Ni l’un ni l’autre : il s’agit d’une moule. Ces mollusques vivent en effet également en eau douce, dans nos rivières. Cette espèce-ci est fragile et sa présence témoigne de la bonne qualité écologique du milieu.

Le Louet étant un bras de la Loire, des oiseaux typiques du fleuve peuvent également y être observés. C’est le cas de la Sterne pierregarin, surnommée l’« hirondelle de mer », ou encore de l’Aigrette garzette, un petit héron blanc.

L’anecdote du naturaliste Les aider à se cacher pour mieux les voir

Certains comptent les moutons, d’autres les reptiles. L’entreprise est bien plus difficile ! Les serpents, en particulier, donnent du fil à retordre aux biologistes. Ils sont encore plus furtifs que les lézards... Pour évaluer leur population, quelques ruses sont de mise. La plus connue est celle des plaques à reptiles, disposées sur les secteurs propices et ensoleillés où viendront se glisser ces bêtes à sang froid pour se réchauffer. Le naturaliste n’aura alors plus qu’à les soulever pour y découvrir, peut-être, l’un de ces grands timides.

Les végétaux à l’assaut de la pierre

Ce sont sûrement les Genêts que remarquera d’abord le promeneur lorsque, au printemps ceux-ci se parent de jaune. Mais s’il s’intéresse à la flore, il notera ensuite la présence de plantes moins communes.

C’est le cas du Plantain caréné, présent sur le bord de la corniche. Cette espèce rare forme des touffes de gazon d’où émergent de grandes tiges aux larges épis.

Sur les dalles rocheuses, des pelouses accueillent par ailleurs de curieuses plantes grasses comme l’Orpin d’Angleterre. Cette espèce est particulièrement belle lorsqu’elle fleurit : les pétales blancs contrastent avec le cœur rouge des fleurs.

D’autres plantes protégées viennent prendre ici de la hauteur, comme la Spargoute printanière aux petites fleurs blanches.

Souvent négligée, la diversité des mousses sur le site est pourtant déroutante. Ce ne sont pas moins de 118 espèces qui y ont été répertoriées ! Et toutes les mousses ne se ressemblent pas. La Fissident fausse-osmonde, rarissime, prend par exemple des allures de touffes d’algues. Elle pousse pourtant bien au sec, sur l’escarpement rocheux. La Grimmie des montagnes, un peu moins rare, forme pour sa part des coussinets denses et arrondis.

Près de 400

espèces et sous-espèces de plantes ont été inventoriées sur l’ENS

Une flore aquatique défiant les caprices du Louet

Les berges sableuses du cours d’eau accueillent des plantes adaptées à ses fluctuations de débit. Elles sont dites thérophytes : elles n’apparaissent que lorsque les berges sont exondées. Elles se reproduisent alors puis libèrent rapidement leurs graines avant que le niveau d’eau ne remonte. Le cycle recommencera à la prochaine décrue…

Parmi ces espèces, quelques-unes sont assez rares comme le Souchet de Micheli et la Pulicaire vulgaire. Le premier est une petite herbacée très discrète. La seconde est plus facilement repérable à ses fleurs bien jaunes, visibles en août et septembre.

Dans les boisements humides bordant le Louet se cachent là aussi des espèces patrimoniales. C’est le cas de l’Osmonde royale, qui croît au pied de la falaise, profitant de l’humidité et de l’ombrage.

Quand passé géologique et Histoire s’entremêlent

La falaise s’est formée suite à des dépôts sédimentaires très anciens. Sable et argile se sont accumulés par des glissements de terrain lorsque l’Anjou était encore recouvert par un océan.

Vers 300 millions d’années avant notre ère, la formation d’une chaîne de montagne a transformé ces dépôts. Compactés, déformés, ils devinrent du schiste et du grès. Les roches furent érodées par la suite, siècle après siècle, au gré des incursions et transgressions marines et des glaciations.

Un lieu de mémoire

Offrant une vue dégagée jusqu’à Angers, la formation géologique devint un emplacement militaire stratégique. Ce fut notamment le cas lors des guerres de Vendée au XVIIIe siècle.

C’est sur ce promontoire rocheux qu’un bataillon républicain se retrouva pris au piège en 1793. La bataille de la Roche de Mûrs se solda par une victoire des royalistes, les Vendéens. Selon les récits qui en sont rapportés, de nombreux Républicains tentèrent de sauter dans le Louet en contrebas. La plupart périrent dans leur tentative.

Un monument commémoratif a été érigé en 1889 et domine désormais le promontoire.

Un espace naturel sensible protégé

L’aménagement du site prend en compte la préservation de sa biodiversité. Les voies d’escalade ont ainsi été conçues en évitant de nuire aux mousses rares.

Les activités sont par ailleurs limitées en haut du promontoire afin de réduire le piétinement des plantes patrimoniales. Il est important en ce sens de ne pas s’éloigner des sentiers.

Sur les parcelles agricoles, une gestion par fauche différenciée est menée. Cette action vise en particulier à protéger les nichées du Tariers des prés. Cet oiseau fait son nid à même le sol et expose œufs comme oisillons au passage des machines agricoles. Les parcelles où il s’est installé sont donc fauchées plus tard dans l’année.

Une veille est par ailleurs réalisée sur l’état de santé des jeunes Ormes dans les zones bocagères de l’ENS. Ils sont menacés par une maladie faisant des ravages en Europe : la graphiose. Le Thécla de l’Orme, un papillon dont les larves ne se développe que sur cet arbre, en fait lui aussi les frais… Menacé de disparition, il a été identifié sur l’ENS ce qui justifie une attention toute particulière.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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