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Les coteaux du Pont-Barré : la Provence au cœur de l’Anjou
À seulement 20 km au Sud d’Angers, en plein centre du Maine-et-Loire, la commune de Beaulieu-sur-Layon abrite un lieu insolite.
Les cigales avertissent le promeneur : ici, aux coteaux du Pont-Barré, pas question d’oublier son couvre-chef. Animée par un microclimat chaud et sec, l’Anjou y prend des accents méditerranéens. Des coteaux au fort dénivelé s’élèvent dans la plaine, surmontés, çà et là, d’affleurements rocheux calcaires. Sur leurs flancs exposés plein sud alternent vignes, pelouses rases et fourrés. À leurs pieds, coule le Layon, apportant à des boisements épars une fraîcheur bienvenue. La magie du lieu tient ainsi tout autant à ses faux airs de Provence qu’à sa mosaïque d’habitats.
Une flore et une faune inhabituelle pour l’Anjou y côtoient des espèces plus communes, faisant de ce site bigarré un berceau de biodiversité. Dépaysement garanti !
Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Le sentier de la réserve naturelle »
Faune et flore des coteaux du Pont-Barré
Une flore riche et atypique des pelouses sèches
Haut lieu de biodiversité en Maine-et-Loire, les coteaux de Pont-Barré fascinent, depuis des décennies, entomologistes comme botanistes. Parmi ces derniers, le chanoine Robert Corillion (1908-1997) s’est attelé dans les années 1960 à décrire certaines des plantes calcicoles et acidophiles qui y poussent. Il a également œuvré à développer et protéger cette flore qu’il savait rare en Anjou. Au détour d’un chemin, il n’est aujourd’hui pas rare de croiser une trace vivante de son travail : l’Asphodèle d'Arrondeau, une espèce menacée qu’il y a volontairement introduite.
Les coteaux du Pont-Barré bénéficient aujourd’hui du statut de réserve naturelle régionale, gérée par la LPO et dont l’agrandissement est en cours. Au total, ce sont plus de 400 espèces de plantes qui y sont recensées, une cinquantaine d’entre elles étant classées comme vulnérables. C’est le cas de la Stipe pennée, une graminée d’affinité méridionale que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en Maine-et-Loire ou encore de la Phalangère à fleur de lys, espèce protégée en Région Pays de la Loire. La Tulipe australe, également appelée Tulipe du Midi, et la Gagée de Bohème, deux plantes vivaces aux fleurs jaunes, font quant à elles l’objet de plans de conservation spécifiques.
Une faune volante et bondissante
La réserve naturelle abrite de nombreux insectes, dont plusieurs espèces de cigales et de criquets. La Cigale argentée, le Criquet à aile rouge et le Criquet pansu en sont des exemples remarquables.
Les papillons, très diversifiés, volettent également en nombre. 455 espèces y ont été recensées ! Il n’est pas rare d’apercevoir, dans leur ballet multicolore, un Azuré bleu céleste se loger dans les pétales jaunes de l’Hippocrepis à toupets. Ce dernier affectionne tout particulièrement cette plante lui servant de garde-manger durant son stade larvaire. Ses cousins l’Azuré des Nerpruns, l’Azuré de la Faucille ou encore l’Azuré commun sont aussi présents sur le site.
Pour les arachnophiles, les coteaux du Pont-Barré sont également un lieu de choix : ils constituent l’un des sites les plus riches de l’Anjou ! Des araignées particulièrement rares y vivent, comme Atypus piceus, une petite mygale inoffensive, ainsi que la très belle Erèse coccinelle.
Striant le ciel en un éclair, le Faucon pèlerin effectue ses piqués aux côtés du Circaète Jean le Blanc, de l’Aigle botté et de l’Épervier d’Europe, des rapaces tous protégés nationalement. De leur côté, de nombreux passereaux mêlent leurs notes à la polyphonie ambiante, tels le Bruant Jaune et le Chardonneret élégant, des espèces menacées. À leurs côtés, des pics, dont le rare Pic épeichette, font résonner leur bec contre le bois.
La nuit, c’est un mammifère qui déploie cette fois ses ailes : le Murin de Natterer. Cette chauve-souris aux longues oreilles s’élance alors en quête d’insectes.
Un lieu chargé d’histoire
À la fin du XVIIIème siècle, l’Anjou a été marqué par les affrontements entre Vendéens et Républicains. Le Pont-Barré, situé juste en amont de la réserve naturelle, constituait un passage stratégique du Layon. En 1793, les deux camps s’y sont affrontés, les Républicains s’emparant du pont avant d’être mis en déroute. L’ouvrage étant toujours sur pieds, il est possible de l’emprunter et d’en apprécier ses parties les plus anciennes datant du XIIIème siècle.
Le four à chaux, la maison du chaufournier ou encore la loge de vignes témoignent quant à eux du passé viticole et minier du site. Des activités qui n’ont pas disparu mais ont radicalement évolué.
Un espace naturel sensible à protéger
Les coteaux ont été façonnés par la main de l’homme et... le sont encore ! Des roches volcaniques sont notamment extraites à la carrière de Pierre Bise, qui délimite l’extrémité nord de la réserve naturelle.
Viticulture et pâturage sont quant à eux de retour au sein de l’espace naturel. Les écosystèmes des prairies sèches dépendent en effet de ces pratiques agricoles : sans elles, les coteaux n’auraient ni le même visage, ni les mêmes espèces ! Il est cependant tout aussi important qu’elles soient raisonnées et durables. Un petit cheptel de moutons assure par exemple la mission capitale du désherbage. Plus de brebis, moins de produits !
Les balades hors sentiers dans la réserve botanique impactent également cette dernière. Le sentier de découverte a justement été créé en partie pour limiter cette fréquentation délétère. À vous de le suivre !