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Une vallée escarpée et sauvage au cœur de l’Anjou noir
Au sud-ouest de l’Anjou, l’Hyrôme creuse son sillon dans la pénéplaine des Mauges avant d’abreuver le Layon. À partir de Chemillé, cette rivière capricieuse, tantôt paisible tantôt fougueuse, se fraye un chemin au cœur d’une vallée encaissée.
Sur les hauteurs s’étend un plateau cultivé où alternent vignes et champs. Les coteaux, au relief très accidenté, ont été pour leur part destinés au pastoralisme. Les pentes sont aujourd’hui tapissées de pelouses, friches et escarpements rocheux. Elles ont conservé un caractère sauvage et abritent une riche biodiversité.
En amont de Chemillé, le chevelu de l'Hyrôme serpente dans un relief moins marqué. Les affluents de la rivière parcourent alors un paysage bocager où les prairies bordées de Frênes têtards sont encore nombreuses.
Pour les passionnés de géologie, comme pour les randonneurs en quête d’un site intimiste, l'Hyrôme est tout indiqué ! Le long de son cours sinueux, vieux moulins en pierre et ponts anciens attendront le promeneur. Quant aux nombreux boisements rivulaires, ils apporteront une ombre bienvenue.
Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « L’Hyrôme sauvage »
Faune et flore de la vallée de l’Hyrôme
Du bleu de l’Hyrôme au ciel azuré, un paysage très peuplé
Les eaux de l'Hyrôme accueillent Vairon, Gardon, Chevaine... ainsi que la rare Truite sauvage. Des espèces vivant aux côtés de celle-ci y sont probablement encore présentes, comme les Lamproies fluviatile et de planer.
Parmi les pierres tapissant le lit de la rivière se cache aussi le Chabot, un poisson reconnaissable à sa grosse tête aplatie. Lui aussi menacé et très sensible à la pollution, sa présence ici témoigne d’une bonne qualité de l’eau.
À la belle saison, des coassements signalent la présence d’Amphibiens. Si les Grenouilles vertes et Rainettes vertes peuvent se trouver sur les rives de l'Hyrôme, le plus rare Pélodyte ponctué visite quant à lui les points d’eau stagnante de la vallée. Il y côtoie parfois des Tritons comme le très beau Triton crêté.
Des eaux poissonneuses et des Amphibiens : il n’en faut pas moins pour attirer le Héron cendré et le Martin-pêcheur. Le promeneur pourra avec un peu de chance les observer en pleine partie de pêche.
Dans le ciel, ce sont des rapaces qu’il pourrait bien apercevoir, certains tutoyant même les nuages. Buse variable, Épervier d’Europe, Faucons hobereau et crécerelle y tournoient.
Des animaux de tous poils
Le randonneur rencontrera peut-être des Lézards verts, qui sont nombreux à prendre des bains de soleil sur les roches affleurantes. Mais ils sont loin d’être les seuls animaux à avoir élu domicile dans la vallée escarpée. La diversité en mammifères s’y fait en particulier remarquable.
La très discrète Genette , bonne grimpeuse, apprécie la proximité des pelouses escarpées avec le cours d’eau sauvage. Elle chasse les petits mammifères vivant là comme les Campagnols et Musaraignes.
Le Campagnol roussâtre côtoie ici son cousin bien plus rare le Campagnol amphibie. Les menacées Musaraigne pygmée et Musaraigne couronnée partagent quant à elle la vallée avec la plus répandue Musaraigne musette. Le plus petit rongeur d’Europe, le Rat des moissons, habite également ici.
Plus imposants mais tout aussi discrets, la Loutre et le Castor gîtent eux aussi le long de l'Hyrôme.
Comme un parfum de Méditerranée
Un je-ne-sais-quoi du Sud s’invite sur les coteaux rocailleux et ensoleillés. Buis, Origan et Thym sauvage font voyager le randonneur de leurs douces fragrances. Au bord de la rivière, c’est le feuillage odorant de la Menthe aquatique qui chatouille les narines.
La présence du Chêne vert n’est pas non plus étrangère à ce voyage dépaysant. Mais ce sont surtout des petites plantes thermophiles qui surprendront le promeneur parmi les rochers. Y poussent notamment des Crassulacées, comme les Sedum aux petites feuilles épaisses. Également appelés Orpins, il y a là l’Orpin des rochers, l’Orpin reprise ou encore l’Orpin paniculé.
Une rareté est également à mentionner parmi les plantes des rocailles : la Doradille du Nord. Cette plante est une fougère mais... elle n'en a pas du tout l'air ! Elle ressemble à une touffe d'herbe verte accrochée au rocher. En l'observant de plus près, les brins d'herbe se révèlent pourtant être des frondes, repliées à leur extrémité ! D’affinité montagnarde, la Doradille du Nord est aujourd'hui en danger critique de disparition en Pays-de-la-Loire et trouve ici l'un de ses derniers refuges.
Des bouquets grandeur nature
Le randonneur profitera des tableaux colorés que forment l’association de plantes communes et rares. Parmi les pierres, le jaune des Ajoncs et Genêts contraste avec les grappes blanches de l'Astérocarpe faux-sésame et les bouquets luisants du Scléranthe vivace. S’y ajoutent le bleu violacé de la Jasione des montagnes et le doré du Millepertuis à feuilles de linaire.
Dans le fond de vallée, la Stellaire des fanges déploie des étoiles vertes et blanches très singulières. L’Ouest des Mauges est, avec le Segréen, l’endroit où elle a le moins régressé en Maine-et-Loire. Tout aussi originales, les singulières fleurs violettes de la Lathrée clandestine se déploient autour des racines de la ripisylve.
En amont de Chemillé, ce sont les paysages bocagers typiques des vallées angevines qui dominent. De vieux Frênes têtards y attirent des insectes xylophages (mangeurs de bois) comme le Prione tanneur. Ce longicorne est l’un des plus gros insectes de France ! En matière de fleurs, ce sont cette fois les clochettes de la Gogane, emblématiques de l’Anjou, que l’on y découvrira avec plaisir.
Un sacré bazar géologique !
L'Hyrôme serpente au cœur de roches très anciennes ayant été affectées par de multiples contraintes géologiques. Elles ont une longue histoire, liée à la fois à la création du massif armoricain et à son érosion. Ce dernier a en effet été raboté jusqu’à sa racine au niveau des Mauges, donnant au territoire ce relief en plateau.
En creusant son cours dans le plateau des Mauges, la rivière a rendu apparente l’hétérogénéité des roches issues de ce passé tumultueux. Chauffés par le magma en profondeur, compressés, plissés, il y a là des schistes, des gneiss, des granites, des rhyolites... Les variations de couleur du socle rocheux témoignent de cette diversité géologique, tout comme la nature des plantes y poussant.
Un espace naturel sensible protégé
Sur la partie de la vallée en amont de Chemillé, des actions sont menées pour limiter les étangs et autres retenues d’eau. Objectif : avoir un régime hydrique plus naturel pour que l’Hyrôme soit plus résiliente face au changement climatique.
Sur la partie aval, les coteaux escarpés ont peu à peu été abandonnés par les agriculteurs et les éleveurs. Les broussailles recouvrent donc de plus en plus ces terres qui deviennent inhospitalières pour la faune. Plusieurs espèces menacées ont en effet besoin d’une végétation basse, peu fournie, pour y survivre.
Pour limiter cette déprise agricole, le Département met en place et finance des actions auprès des agriculteurs. Ces dernières visent à limiter l’abandon des parcelles par la remise en pâture.