Anjou - Département de Maine-et-Loire
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Loutre © Shutterstock

La Loutre d’Europe

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La nymphe des cours d’eau de retour en Anjou

Elle nage avec grâce, glisse drôlement sur les berges mais ce n’est pas tout : elle est rusée, sociale et joueuse. Comment ne pas tomber sous le charme de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) ? Elle a pourtant longtemps été chassée, que ce soit pour sa fourrure ou ses méfaits dans les piscicultures… Réapparue en Maine-et-Loire depuis peu, elle reste encore très craintive de celui qui l’a persécuté. Sa discrétion ne tarit pas moins les rêves de l’apercevoir.

  • Aspect : 1 mètre de long environ, la queue faisant entre 30 et 45 centimètres. Après le Blaireau, c’est le plus gros Mustélidé vivant en France, les mâles étant plus massifs que les femelles. La Loutre a une belle bouille : un gros museau, de petits yeux et de minis oreilles. Elle présente par ailleurs des adaptations morphologiques à la vie aquatique : une queue-gouvernail, un pelage très dense et des pattes arrière palmées. Si l’on vante souvent également ses aptitudes à l’apnée, il s’avère qu’elle ne plonge guère plus d’une minute.
  • Régime alimentaire : piscivore, elle consomme entre 500 grammes et 1 kilo de poissons par jour. La Loutre choisit en priorité ceux faciles à pêcher, souvent malades. Elle s’attaque également à l’Écrevisse américaine, régulant en partie cette espèce invasive.
  • Longévité : 15 ans en captivité mais maximum 5 ans dans la nature.
  • Comportement : la Loutre est devenue un animal nocturne pour fuir l’homme. Elle vit en solitaire sur un grand territoire (15 kilomètres de berges) qu’elle parcourt inlassablement. Plusieurs « catiches » (cachettes) ponctuent son domaine.
  • Reproduction : L’accouplement peut avoir lieu à tout moment de l’année. En moyenne 1 ou 2 petits sont mis au monde dans un terrier, celui-ci pouvant être réemployé sur plusieurs générations. Les loutrons sont ensuite nourris et élevés par leur mère jusqu’à leurs 8 à 10 mois.
  • Communication : Les loutres sont généralement silencieuses mais elles peuvent émettre un sifflement audible à un kilomètre à la ronde. Leur communication est avant tout olfactive. Urines, déjections appelées « épreintes », sécrétions vaginales : tout est bon pour faire passer un message ! La loutre peut ainsi déposer une vingtaine de déjections par nuit.

Où vit ce beau mammifère en Maine-et-Loire ?

De manière générale, la Loutre est un mammifère très ubiquiste. Elle chasse en effet dans les eaux douces comme saumâtres et peut investir les lagunes côtières, les prés salés tout comme les rivières, les lacs ou les marais. Seule condition, et non des moindres : il lui faut un milieu en bon état écologique et bien empoissonné.

Une recolonisation pas à pas

En 1970, seules quelques populations isolées subsistaient en tête des bassins versants des affluents de la Loire. De 1972 à 2013, différentes mesures légales ont heureusement été prises pour protéger l’espèce. Dès les années 80, les biologistes ont pu observer que la Loutre avait ainsi entamé la reconquête de son territoire. Lentement, mais sûrement, elle continue de progresser. En Maine-et-Loire l’espèce se porte bien et est présente aux quatre coins du département. Elle a dernièrement continué son avancée sur les bassins versants de l’Oudon, de la Sarthe et du Loir.

La Loutre s’invite aujourd’hui dans plusieurs espaces naturels sensibles de Maine-et-Loire dont :

Comment observer la Loutre d’Europe ?

Pouvoir assister dans la nature au jeu des loutrons ou au repas d’une loutre fait rêver. L’occasion d’apercevoir ce super-prédateur reste, toutefois, très rare. Pour observer cet animal nocturne et discret, il faut connaître ses allées et venues. Il est alors possible de pratiquer l’affût au bon endroit ou de placer un piège photographique.

Loutre, y es-tu ?

Pour suivre les populations et attester ou non de la présence sur un site de la Loutre, les naturalistes partent en quête d’indices de son passage. Ils longent les berges, souvent en canoë !

Sur le sable ou l’argile humide, l’animal laisse des empreintes bien reconnaissables. Elles rappellent celles d’un chien mais le cinquième doigt est visible, en éventail aux côtés des 4 autres.

L’espèce a par ailleurs le chic pour faire ses besoins bien en évidence sur des rochers, au bord de l’eau. Des traces de passages réguliers (des coulées) ainsi que les restes de poissons et d’amphibiens peuvent également suggérer sa présence.

Un animal encore menacé à protéger

Bien que ses populations suivent une dynamique favorable en Pays de la Loire, la Loutre y est classée comme espèce « quasi-menacée ». Ses taux de reproduction sont en effet assez faibles et les populations restent fragiles.

La pollution de l’eau affecte en particulier l’animal : en tant que super-prédateur, la Loutre accumule les produits chimiques présents dans ses proies. Cela peut nuire, notamment, à sa fertilité.

Autre facteur limitant la croissance des populations : la ressource trophique. Le manque de poissons dans certains cours d’eau n’y permet pas l’installation du prédateur.

Des travaux de renaturation des rivières et d’amélioration de la qualité des eaux sont menés dans de nombreuses vallées angevines. Ils profitent à l’animal et sont complétés par des actions plus spécifiques. La Loutre est par exemple obligée d’emprunter parfois des routes pour contourner des ouvrages sur les cours d’eau. Le Département de Maine-et-Loire participe donc à des travaux d’aménagements facilitant les trajets de l’animal.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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