Un fugace éclat bleuté sur les rivières de l’Anjou
Impossible de ne pas s’extasier lorsque l’on a la chance d’apercevoir un Martin-pêcheur. Il apparaît aussi vite qu’il disparaît, rasant l’eau telle une flèche bleu turquoise. Un cri, tout aussi fugace, accompagne souvent son passage. Si l’on pense avoir vu un oiseau tropical égaré dans nos contrées, il n’en est rien. Joyau de nos rivières et de nos étangs, le Martin-pêcheur est l’un des animaux les plus colorés de France.
- Aspect : 16 cm de long dont 4 cm pour le bec. Ce dernier, impressionnant, est en forme de poignard et prolonge une tête elle-même démesurée. Le mâle et la femelle arborent les mêmes couleurs, et quelles couleurs ! Le dos est d’un bleu-vert du plus bel effet, changeant selon la lumière. La queue est encore plus éclatante, passant de l’azur au cobalt. Quant au ventre, il est d’un brun roux tout aussi lumineux. Ce qui à nos yeux semble être une tenue de strass et de paillette serait en réalité un habile camouflage. Depuis le ciel, les reflets sur son dos et ses ailes se mélangent en effet aux flots scintillants.
- Régime alimentaire : principalement des petits poissons, notamment des alevins ou des poissons frêles et maladifs. Il s’attaque également à des espèces considérées comme indésirables tels les Épinoches et les Vairons. À son menu s’ajoutent des petits amphibiens, crustacés et gros insectes aquatiques.
- Longévité : maximum 21 ans, un âge rarement atteint puisque la plupart meurent dans leurs premières années.
- Comportement : le Martin-pêcheur a des postes d’observations favoris (branches, piquets, rochers) depuis lesquels il scrute le cours d’eau. Lorsqu’il détecte une proie, il s’élance à vive allure puis plonge en piqué, tête la première. Après s’être saisi du poisson, il remonte à la surface en deux battements d’ailes, profitant de l’air emprisonné. Le Martin pêcheur frappe alors sa proie contre son perchoir. Bien assommée, elle est engloutie d’une bouchée.
- Prédateurs : les adultes sont chassés par l’Épervier et le Faucon hobereau. Les œufs et les jeunes dans le nid sont également au menu de quelques mammifères comme l’Hermine, le Renard et le Rat surmulot.
- Reproduction : formation des couples courant février. Les partenaires sont fidèles jusqu'à la mort de l’un d’eux et se retrouvent chaque année sur le même site. En matière de parade nuptiale, le mâle fait sobre mais efficace : quelques courbettes, des petits becs à becs et surtout des poissons bien frais pour sa belle.
- Nidification : le Martin-pêcheur utilise son bec pour forer un boyau de 40 cm à 1 mètre de profondeur dans la berge. Large d’une dizaine de centimètres, il aboutit à une cavité encore plus grande. C’est dans cette dernière que 6 à 7 œufs seront couvés. Deux voire trois nichées ont lieu en une année.
- Chant : discret et rarement entendu. L'oiseau pousse en revanche des cris, en particulier un « seep-seep » aigu en vol. Il le répète parfois, signe d'excitation.
Où vit le Martin-pêcheur en Maine-et-Loire ?
Le Martin-pêcheur recherche des eaux claires et poissonneuses, qu’elles soient dormantes (étangs et lacs) ou courantes (rivières et fleuves au cours tranquille). L’oiseau a également besoin d’une ripisylve offrant des postes d’observation et d’un feuillage où se cacher. En période de reproduction, il lui faut des berges abruptes mais meubles où creuser son nid.
En Anjou, on peut rencontrer le Martin-pêcheur dans de nombreuses vallées, notamment celle de la Loire.
Un oiseau migrateur ?
Les Martins-pêcheurs sont de grands frileux. S’ils sont sédentaires en Pays de la Loire, dans des régions plus septentrionales comme la Sibérie ils migrent l’hiver vers des contrées plus chaudes. Ils viennent alors gonfler les effectifs français. Les coups de froids ont d’ailleurs déjà décimé la population européenne, comme en 1962 et 1984.
Les Martins-pêcheurs de passages comme sédentaires peuvent être observés sur divers espaces naturels sensibles de Maine-et-Loire comme :
Comment observer ce très bel oiseau ?
Si l'on pense avoir découvert l'un des perchoirs du Martin pêcheur, on peut tenter d'y jeter un coup d’œil. Des écailles de poissons assommés là se trouveront peut-être encore sur l'écorce. Sous le poste d'observation, des pelotes de réjection (amas compact contenant les parties non digérées) peuvent également être trouvées. Ce sont enfin des fientes bien blanches qui signaleront des visites régulières.
Mâle ou femelle ?
Si Monsieur et Madame Martin-pêcheur se ressemblent comme deux gouttes d’eau, il est néanmoins possible de savoir qui est qui. Muni de jumelles, il faut regarder le bec de l’oiseau : s’il est entièrement noir, c’est un mâle, si la mandibule inférieure est orange c’est une femelle.
le soundcloud du chant du Martin pêcheur
Une espèce menacée à protéger
Le Martin-pêcheur d’Europe a longtemps été malmené par les pêcheurs, accusé de réduire les stocks de poissons. Il est aujourd’hui protégé mais ne fait pas moins face à d’autres menaces. Il est d’ailleurs classé comme « espèce vulnérable » sur la liste rouge nationale des espèces.
Si des eaux claires limpides et poissonneuses sont nécessaires à l’oiseau, le bon état des berges l’est tout autant. Il est nécessaire de veiller à ce que celles-ci restent favorables à sa nidification. Elles subissent malheureusement encore des travaux de reprofilage non adaptés ou sont empierrées voire même bétonnées. Impossible alors pour l’oiseau d’y creuser son nid. Le bétail, non clôturé, provoque également des éboulements par endroits.
Le Martin-pêcheur bénéficie heureusement des efforts menés par différents acteurs pour améliorer l’état écologique des cours d’eau, comme les syndicats de bassin versants, la LPO et le Département de Maine-et-Loire.