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Bois et étangs à l’est d’Angers
Le bois communal du Fouilloux se trouve à une dizaine de kilomètres seulement du centre-ville d’Angers. Son atmosphère paisible est prisée des Angevins : on y vient pour une balade en forêt ou pour suivre le parcours santé. Mais l’apparent calme qui siège en ce lieu cache en réalité une biodiversité en pleine effervescence. En se faisant discret le long des grandes allées ombragées, le promeneur pourra en percevoir des indices... Ou même observer quelques espèces rares !
Ce n’est en réalité pas un mais deux bois qui attendent le promeneur à Saint-Martin-du-Fouilloux. L’espace naturel sensible (ENS) réunit en effet les Chênes Ronds, au Sud-Est, et le Petit Bois du Fouilloux implanté au nord-est. Des chemins bordés de haies connectent ces deux entités dans un paysage bocager des plus bucoliques. Partout les feuillus sont à l’honneur : Chênes pédonculés, Chênes sessiles, charmes… Tantôt ils sont plantés en mélange, tantôt en taillis monospécifiques.
Le paysage se distingue également par les multiples points d’eau qui le ponctuent. Ici, ce sont des fosses remplies d’eau et perdues parmi les arbres. Là, au bord du chemin, se trouve une mare. Plus loin, deux étangs sont cachés au cœur du bois tandis qu’un troisième se trouve à sa lisière. Loin de n’être que les abreuvoirs des hôtes de ces bois, ces lieux accueillent une faune et une flore aujourd’hui menacée.
Dans cet univers sylvestre se cache également une petite lande, en partie colonisée par les arbustes. Ses herbes hautes offre le gîte et le couvert à l'une des espèces les plus remarquables du site...
Faune et flore du Bois du Fouilloux
Une flore aquatique et forestière
Le Bois du Fouilloux abrite plusieurs plantes patrimoniales qu’il faudra surtout chercher au niveau de ses plans d’eau. C’est le cas de la Gratiole officinale, une herbacée protégée à l’échelle nationale. Toxique, elle était pourtant utilisée autrefois pour ses propriétés médicinales ce qui lui valait l’appellation d’Herbe du pauvre homme !
L’Utriculaire citrine sera un peu plus facile à repérer : l’été ses fleurs forment souvent de grandes taches jaunes sur l’étang du Flageolet et, de façon moins marquée, sur l’un des étangs du Bois du Petit Fouilloux. Les araignées d’eau devraient la craindre : c’est l’une des rares plantes carnivores présentes naturellement en France !
Le Peucédan de France, espèce protégée en Pays de la Loire, fleurit quant à lui dans les lisières des boisements de juillet à septembre. Mais le promeneur aura plus de chance d’admirer les fleurs typiques des sous-bois. Deux charmaies arborent aux premiers signes du printemps un tapis violet de Jacinthes des bois. Un peu plus tardivement, ce sont de Petites Pervenches qui y fleurissent en nombre.
Quant aux randonneurs les plus chanceux, ils repéreront peut-être quelques orchidées . L’Orchis mâle et l’Épipactis à larges feuilles sont présents sur le site tout comme la Spiranthe d’automne, une orchidée bien plus rare.
Des zones humides grouillantes de vie
Avec ses multiples points d’eau, le Bois du Fouilloux abrite une grande diversité d’amphibiens. Les Salamandres tachetées y sont notamment nombreuses, profitant des fossés de drainage pour se reproduire. Le Triton marbré , quant à lui, préfère pondre dans la mare forestière. Bien présent en Pays de la Loire, il se révèle bien plus rare à l’échelle nationale. La région a ainsi une très forte responsabilité de conservation vis-à-vis de cette espèce. Son cousin le Triton crêté , tout comme la Grenouille agile et la Rainette arboricole, se reproduisent également dans cette mare précieuse.
Si les points d’eau attirent les amphibiens, libellules et demoiselles s’y invitent également en nombre. L’Anax empereur, l’une des plus grandes libellules d’Europe, en est un des hôtes prestigieux. La Libellule déprimée, ou encore la Crocothémis écarlate qui est rouge de la tête à l’abdomen, peuvent également y être observées.
À la tombée de la nuit, c’est au tour des chauves-souris de zigzaguer au-dessus des étangs. Plusieurs espèces en ont fait leur terrain de chasse. C’est le cas du Murin de Daubenton mais aussi de la Pipistrelle de Nathusius, une espèce menacée de disparition en Pays de la Loire. La Sérotine commune, quant à elle, préfère poursuivre les insectes de l’orée de la forêt jusqu’au sous-bois. Pas évident, pourtant, de slalomer au milieu des arbres !
Le Grand Murin, une chauve-souris sylvicole, peut être aperçu pour sa part dans les allées forestières. Il y opère des allers-retours, en quête de coléoptères, araignées et autres invertébrés à saisir à même le sol.
Des oiseaux remarquables et un hôte rarissime
L’avifaune présente à Saint-Martin-du-Fouilloux ne manque pas, elle aussi, d’intérêt. Les zones humides accueillent le Héron pourpré et la Sterne pierregarin, deux espèces protégées. Dans le sous-bois, c’est le Grosbec casse-noyaux que l’on pourra apercevoir l’hiver. Avec son immense bec semblable à une pince, difficile de le confondre avec un autre oiseau !
Quant à ce pigeon croisé le long du chemin, ne boudez donc pas de l’observer quelques minutes. S’il vous semble un peu plus petit que ceux qui vous entourent au quotidien, c’est qu’il s’agit sûrement d’une autre espèce ! Contrairement à son cousin des villes, le Pigeon colombin est un oiseau sylvestre. Après avoir vu ses populations décliner fortement durant le XIXe siècle, ses effectifs suivraient une augmentation modérée en France depuis les années 2000.
Aussi petite soit-elle, la lande présente sur le périmètre de l’ENS est d’une grande valeur écologique. Terrain de chasse du Busard Saint-Martin, un très beau rapace, elle accueille un autre prédateur redoutable. Celui-ci a troqué les plumes pour les écailles : c’est la Vipère péliade. Serpent très menacé, sa présence dans la lande justifie à elle seule la sauvegarde de cet habitat relictuel.
Quand un panache de fumée s’élevait de la canopée
Le promeneur se doute-t-il qu’il emprunte ce qui constituait autrefois la ligne ferroviaire du Petit Anjou ? Les rails se tenaient là, sur ce qui forme aujourd'hui l'une des larges allées forestières. Roulant sur voie étroite, le Petit Anjou passait par le bois du Fouilloux pour relier Angers à Beaupréau puis Cholet. La ligne fut fermée en 1944 suite à une succession de bombardements opérés par les Alliés. Ces derniers détruisirent le pont de l'Alleud, qui surplombe la Loire et qui était alors emprunté par le petit train départemental.
L’étang du Flageolet, situé au Nord-Est du boisement des Chênes Ronds, a lui aussi une longue histoire. Au XVIIIe siècle il existait déjà. On y élevait des animaux considérés souvent comme peu ragoutants : des sangsues ! Elles y étaient prélevées puis envoyées à l'ancien hôpital Saint-Jean d'Angers. Il existe aujourd’hui encore un élevage français de sangsues, situé en Nouvelle-Aquitaine. Elles sont en effet employées en médecine, en particulier pour des greffes difficiles en chirurgie réparatrice.
Un espace naturel sensible en action
La gestion du bois du Fouilloux est assurée par la commune et l’Office national des forêts (ONF). Un plan d’aménagement détermine des actions spécifiques à mener en plusieurs endroits clefs. Il peut s’agir de maintenir des îlots de vieillissement, de privilégier des coupes progressives ou même de veiller au bon état écologique des milieux humides.
La préservation de la lande constitue également un objectif environnemental majeur. Si rien n’est fait, elle tend à se « refermer » peu à peu. Cela signifie que des arbustes s’installent parmi les herbes, suivis par de grands arbres... Et sans crier gare, voilà que la lande est devenue forêt ! Le milieu n’est alors plus propice aux espèces qui y vivaient autrefois et d’autres animaux prennent leur place. Aussi naturel que soit le processus, il n’est donc pas toujours souhaitable ! La main de l’homme est donc requise pour maintenir l’habitat « ouvert ».
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