Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Étang Saint-Nicolas

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À Angers, un étang sauvage aux rives contrastées

L’étang Saint-Nicolas serpente aux abords du centre-ville d’Angers, à quelques enjambées de son château. Tout en longueur, il s’étire entre ville et campagne sur près de quatre hectares.

Plusieurs parcs viennent border ses rives, dont le Parc de la Garenne, très apprécié des Angevins pour son animalerie. À sa pointe Ouest, il est entouré de parcelles agricoles et se retrouve à moins de 1000 mètres de l’Atoll d’Angers, le plus grand complexe commercial du Grand Ouest.

La situation géographique du plan d’eau et sa forte fréquentation laisseraient présager un site peu sauvage. Il n’en est pourtant rien ! Reconnu espace naturel sensible, il abrite une riche biodiversité, accueillant des espèces rares et menacées. Certaines trouvent même là l’un de leur dernier refuge en Anjou.

Son grand intérêt écologique, l’étang le doit à la diversité et la qualité des milieux qui l’entourent. Le relief marqué voire accidenté, a donné naissance à une vaste palette de paysages.

Des boisements humides côtoient des bois secs à Chêne tauzin. Des landes cachent, derrière leur dédale de fleurs, des pelouses rases grouillantes de vie. Plusieurs mares se révèlent tout aussi animées. Quant à la zone humide en queue d’étang, elle abrite une dense et belle roselière.

Divers sentiers et plusieurs passerelles en bois permettent de découvrir cet univers haut en couleur. Ici, tout est promesse à des balades rafraîchissantes et des rencontres insolites, accompagné par une symphonie de coassements, de cris et de gazouillis...

Faune et flore de l’étang Saint-Nicolas

Balade avec les oiseaux

Dans cet écrin de verdure aux portes d’Angers, la promenade se fait d’abord musicale. Des petits passereaux mêlent ici leurs mélodies et cris. Selon la saison, ce sont Rouges-gorges, Pinsons des arbres, Fauvettes à tête noire, Mésanges charbonnières et à longue queue... L’occasion d’apprendre à reconnaître quelques chants d’oiseaux.

Le visiteur remarquera ensuite les Canards colverts, les Cygnes tuberculés évoluant sur l’étang, le Foulque macroule et sa petite sœur la Gallinule poules d’eau au plumage ardoise. D’élégantes Grèbes huppé peuvent également y être observées.

Des échassiers viennent aussi pêcher là. C’est le cas du Héron cendré et de l'Aigrette garzette, un gracieux héron blanc plus petit. Le Bihoreau gris, version miniature et trapue du Héron cendré, y est plus discret. Il attend souvent la tombée de la nuit pour quitter la dense ripisylve et se mettre en chasse.

Le Martin -pêcheur s’est également installé à l’étang Saint-Nicolas. Il a une tout autre façon de pêcher, fendant l’air telle une flèche bleue turquoise avant de plonger.

Des reptiles et amphibiens pour le moins insolites

La très rare et menacée Vipère péliade a trouvé ici un refuge inespéré. Les pelouses et landes à Ajonc, bien ensoleillées et entretenues, lui offrent un habitat parfait. Elle peut même profiter des rochers affleurants pour prendre ses bains de soleil journaliers.

Elle est loin d’être le seul animal à sang froid à l’étang Saint-Nicolas. Le Lézard vert bronze lui aussi sur les grosses pierres avant de s’enfoncer dans le dense couvert végétal. Son cousin apode (sans patte) l’Orvet fragile, souvent pris pour un serpent, vit pour sa part à l’ombre des boisements. Il y côtoie la Couleuvre d’Esculape, qui, plus habile, n’hésite pas à grimper aux arbres.

Si Grenouilles vertes et Crapauds épineux se font remarquer par leurs coassements, d’autres amphibiens préfèrent rester discrets. C’est le cas de la Salamandre tachetée qui quitte les bois au printemps pour déposer ses larves dans un point d’eau. Ce dernier accueillera aussi les œufs de curieux petits dragons aquatiques. Ce sont là le Triton crêté, rare et menacé, et son cousin le Triton palmé.

Au rendez-vous des six pattes

Les plantes aquatiques de l’étang attirent de nombreuses Libellules et Demoiselles. Des espèces relativement communes comme le Leste vert, une petite demoiselle toute verte ou encore l’Agrion élégant peuvent y être observées. Des représentants plus rares de cet ordre, souvent menacés, volettent également ici. L'Agrion de Mercure, la Cordulie bronzée, le Leste dryade ou encore la Naïade aux yeux rouges en sont quelques-uns.

La préservation d’arbres morts ou sénescents profite à de tout autres insectes : des longicornes. Leurs larves dites xylophages se nourrissent de bois. Parmi les longicornes vivant ici, le Grand Capricorne est sans doute le plus emblématique. Sa taille (jusqu’à 6 centimètres) n’y est sans doute pas étrangère ! D’autres n’en sont pas moins originaux : l’Agapanthie à pilosité verdâtre a des poils de la pointe des ailes aux antennes et le Clyte bélier est déguisé en guêpe !

L’anecdote du naturaliste Une brindille qui marche

À l’étang Saint-Nicolas vit un curieux insecte… Il semble en fait que ce soit plutôt une petite branche verte ou une brindille jaune se mouvant comme par magie ! Cet as du mimétisme n’est autre que le Phasme gaulois. Très difficiles à observer, les Phasmes ont qui plus est des mœurs nocturnes. Mais en France ils vivent bien dans la nature, même dans nos jardins, et pas uniquement dans les terrariums !

Le Phasme gaulois n’a pas que l’apparence d’étrange. La population française ne semble se reproduire que par parthénogenèse, c’est à dire sans qu’il y ait fécondation ! Elle ne compte en effet que des femelles, qui produisent toutes seules leurs œufs.

Un étang tout de vert vêtu

À l’étang Saint-Nicolas, les végétaux sont tant sur terre que dans l’eau ! Les tapis de Nénuphar jaune sont particulièrement visibles, tout comme les grandes touffes d’Iris des marais au bord de l’eau. Ces dernières donnent de très belles fleurs jaunes pouvant atteindre la dizaine de centimètres.

Autre plante aux inflorescences dorées et facilement observables : le Bident penché. Mais ce sont aussi les fleurs jaunes de la Jussie, une plante invasive, qui colorent un peu trop le paysage et participe au comblement accéléré de l’étang.

La Circée de Paris ou Herbe aux sorcières est, malgré son nom, bien moins dangereuse. Plante des ripisylves ombragées, elle ne risque ni d’empoisonner, ni de métamorphoser en cochon le promeneur. En revanche elle lui laissera peut-être un souvenir : quelques-uns de ses fruits velus et crochus !

Des plantes rares dans les pelouses et landes sèches

Sur les affleurements de schiste pousse une plante vivace formant de petit tapis rougeâtre. Il s’agit de l’Orpin d’Angers, une espèce très rare et présente uniquement dans quatre départements français. Autrefois commune en Anjou où elle y a été découverte pour la première fois, elle trouve ici l’un de ses derniers sanctuaires.

Les dalles rocheuses et pelouses rases bordant par endroits l’étang abritent d’autres plantes peu communes. Le Plantain à feuilles carénées, qui croît en touffe dense, ou la Spargoute printanière à l’allure frêle en sont deux exemples très différents. L’Orchis bouc, une espèce également protégée, se développe aussi ici. Plus courante, elle semble même profiter aujourd’hui du changement climatique.

Dans ces milieux secs du site croît également la Bruyère cendrée qui, avec l’Ajonc d’Europe et le Genêt, forme des landes colorées. Un autre arbrisseau, caractéristique des garrigues méditerranéennes y pousse également : le Nerprun alaterne.

Des paysages créés par l’homme et la nature

Aussi sauvage soit l’étang de Saint-Nicolas, il a été et est encore façonné par la main de l’homme. D’origine artificielle, il a été conçu en élargissant le lit du Brionneau, un petit ruisseau, vers 1020. C’est Foulques Nerra, alors conte d’Anjou, qui commanda sa réalisation en même temps qu’il y fit construire des moulins.

Au cours du temps, le plan d’eau aura plusieurs vocations : réserve piscicole, rouissage des plantes textiles, blanchissage du linge...

Des carrières de schiste furent par ailleurs creusées autour de l’étang. La roche fut notamment utilisée pour la construction du château d’Angers et la réalisation d’échalas pour les vignes. Par endroits, des fragments d’ardoise jonchent encore le sol...

Un espace naturel sensible protégé

En vingt ans, l’étang de Saint-Nicolas s’est transformé. La mise en culture de parcelles agricoles et la disparition du bocage sur son bassin versant l’ont fortement impacté. Les sédiments n’étant plus retenus, ils ont envahi son lit. Un changement favorable au développement d’espèces invasives comme la Jussie.

Des chantiers de retrait des plantes invasives sont donc régulièrement menés par Angers Loire Métropole. Une étude hydraulique est par ailleurs réalisée afin de mieux cibler les causes de cette dégradation de la qualité de l’eau.

Autour de l’étang, d’autres actions de gestion visent à entretenir les milieux d’intérêts et à limiter la fréquentation : pelouses à Orpins d’Angers, landes à Ajoncs et Bruyères, prairies humides… alors que certains boisements sont laissés en libre évolution...

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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