Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Bocage et mares à l'Ouest d'Angers

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Un univers bucolique

En périphérie Est d'Angers s’esquissent les premiers moutonnements du Segréen. Un paysage bocager au charme suranné y prend place. Constitué d’une myriade de petites parcelles agricoles, il s’étend en un grand damier irrégulier sur les communes de Saint-Lambert-la-Potherie, la Meignanne et Saint-Clément-de-la-Place.

Cultures et prairies y alternent, entrecoupées çà et là par des ruisseaux, des mares et des chênaies. Les haies, omniprésentes, découpent l’horizon et dessinent un bocage serré. Mises bout à bout elles formeraient une ligne arborée de 317 km !

Plusieurs chemins de randonnée permettent de zigzaguer dans ce patchwork verdoyant de cultures et de prés. À l’ombre des haies, l’ambiance champêtre gagnera le promeneur tout comme elle a su séduire nombre d’animaux. En étant discret, il sera même possible d’en observer quelques-uns. Certains nous sont familiers, comme le craintif Chevreuil, tandis que d’autres nous paraîtront insolites. De la Huppe fasciée, qui n’a rien à envier au Cacatoès, aux petits dragons vivant dans les mares, c’est là toute une faune que nous avons sans doute trop oubliée...

Faune et flore du bocage et des mares à l’ouest d’Angers

Des oiseaux typiques de la campagne bocagère

L’Alouette lulu profite des bordures de champs pour nicher et des haies pour s’y réfugier. On l’entend au printemps : elle décrit alors des boucles dans le ciel tout en poussant un « lullululullu » particulièrement mélodieux. Le Bruant jaune et le Bruant zizi donnent également de la voix de mars à juillet.

Le roucoulement de la Tourterelle des bois se fait lui aussi entendre. Cet oiseau porte relativement mal son nom : s’il aime les zones arborées, il apprécie avant tout les milieux dits semi-ouverts comme le bocage et les lisières de forêt. Il s’agira de ne pas confondre son chant avec celui de la Tourterelle turque. Mais sœurs de ramage, elles ne le sont pas du plumage ! Les ailes de la Tourterelle des bois paraissent couvertes d’écailles orangées et son cou marqué de griffures noires.

À la belle saison, la Huppe fasciée puis la Pie-grièche écorcheur rejoignent le Tarier pâtre. Ils chassent tous trois les insectes et leurs larves dans les prairies.

De nombreux rapaces arpentent par ailleurs le site. La Chouette chevêche est la plus typique de ce type de paysage. Elle chasse la nuit, lorsque la Buse variable, la Bondrée apivore et le Faucon crécerelle sont partis faire un somme.

Des animaux à tout bout de champ !

Les divers hôtes à poils de nos campagnes sont au rendez-vous. Lapin de garenne, Lièvre d'Europe, Renard roux, Blaireau, Chevreuil ont investi les lieux. Sans oublier le Hérisson d'Europe, une espèce si familière qu’on en oublierait qu’elle se fait de plus en plus rare. Elle est d’ailleurs protégée aujourd’hui sur tout le territoire national.

La grande majorité de ces mammifères étant nocturnes, il sera difficile de les croiser. Il faudra prolonger la balade jusqu’à la tombée de la nuit… Ou, mieux, se lever aux aurores !

Les haies sont par ailleurs de formidables logis et garde-manger pour la biodiversité. En particulier lorsqu’elles abritent des arbres très âgés ou déjà morts. La préservation de ces derniers permet aux larves de longicornes, de grands insectes mangeurs de bois, de se développer. L’élégante Rosalie des Alpes et l’impressionnant Grand Capricorne en sont deux beaux exemples. Tous deux sont des espèces protégées et menacées.

L’anecdote du naturaliste Une aide naturelle précieuse

Pour faire face aux ravageurs des cultures, il n’y a pas que les produits phytosanitaires. En favorisant un milieu propice à l’installation d’animaux insectivores, ces derniers peuvent limiter leurs dégâts. Avec la présence de haies, ce sont par exemple les Mésanges bleu et charbonnières, le Pouillot véloce ou même la Huppe fasciée qui s’invitent sur les parcelles. Mais ce sont avant tout d’autres insectes qui s’avèrent être de précieux alliés. La coccinelle à 7 points consommerait ainsi environ 9 000 ravageurs (pucerons, cochenilles, cicadelles) au cours de sa vie ! Les carabes, de gros coléoptères, éliminent quant à eux les limaces.

D’autres espèces viennent en aide aux agriculteurs pour réguler les populations de rongeurs. C’est le cas du Faucon crécerelle et de la Chouette effraie mais aussi des couleuvres et vipères.

Un bocage fleuri des plus accueillant

La belle Gogane ou Fritillaire pintade pousse dans les prairies humides. Ses grandes clochettes rose violacé fleurissent aux côtés de la Cardamine des Près et du Pissenlit. Elles font le bonheur des promeneurs et des butineurs (bourdons, abeilles), qui y trouvent un nectar sucré et odorant !

Les prairies à l’ouest d’Angers abritent également la Succise des prés, à la très belle inflorescence bleutée. Elle constitue la plante-hôte d’un papillon très menacé : le Damier de la Succise. Elle est à la fois un lieu de ponte et un garde-manger pour ses chenilles.

Autre plante de la prairie : la rare Gesse de Pannonie. Elle a trouvé à Saint-Lambert-la-Potherie et Saint-Clément-de-la-Place ses derniers refuges angevins.

Mais les parcelles verdoyantes ne sont pas les seules à se parer de couleurs au printemps. Les haies, très fleuries, attirent moult insectes. Les Pruniers et Pruneliers constituent même les plantes-hôtes du Thècle du prunier, une espèce de papillon remarquable.

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espèces d’Orchidées différentes poussent sur le site !

Au paradis des orchidées

Les Orchidées poussent généralement sur les coteaux calcaires mais les exceptions sont nombreuses ! Le sol souvent siliceux et humide de cette partie du Segréen n’a pas découragé plusieurs d’entre elles. Elles y dévoilent un éventail de fleurs étranges et colorées.

Les prés et prairies humides ne sont pas pour déplaire à l’Orchis moucheron ni à l’Orchis à fleurs lâches. L’Orchis à odeur de punaise, une espèce de plus en plus rare, y pousse également. Selon certains botanistes, il est injuste de l’avoir affublé d’un tel nom : son parfum ne serait pas si désagréable. D’autres, au contraire, décrivent un effluve de « mie de pain moisie »...

L'Ophrys abeille, l'Orchis brûlé ou encore l'Orchis bouffon sont d’autres espèces à y découvrir. Une destination de choix pour les photographes et amoureux des plantes !

Une nature dépendante de l’agriculture qui l’a façonnée

Le paysage qu’offre cette région bocagère typique du massif armoricain donne une idée de ce qu’était l’Est du Maine-et-Loire il y a une cinquantaine d’années.

La majorité des terres sont ici peu propices au labour et aux cultures. En cause : un sol pauvre, peu profond, prenant place sur un socle granitique. Dit « hydromorphe », il est par ailleurs régulièrement saturé en eau.

Les parcelles se sont révélées en revanche intéressantes comme prairies. Un élevage extensif s’est donc développé et des haies ont été abondamment plantées. Dans une région peu boisée, elles ont longtemps été, entre autres, une source de bois de chauffage.

S’il a longtemps résisté au remembrement agricole, ce paysage traditionnel évolue aujourd’hui. Diverses mesures de gestion visent ainsi à en préserver son intérêt patrimonial et naturel. Les agriculteurs en sont les premiers acteurs.

Un espace naturel sensible en action

Retournement de prairies, disparition de haies… : le bocage tend à se réduire comme peau de chagrin.

Face à cette mutation du paysage, des programmes de replantation de haies sont menés. Mais il faudra attendre des décennies avant de retrouver des arbres aussi vieux et favorables à la biodiversité qu’il y en avait auparavant.

Mais le bocage ne se résume pas aux haies et aux prairies. C’est aujourd’hui un triptyque incluant les mares. De la restauration et création de mares ont ainsi déjà été menées sur l’espace naturel sensible par l’agglomération Angers Loire Métropole et le syndicat mixte des Basses Vallées Angevines et de la Romme (SMBVAR). Ces actions sont subventionnées notamment par le Département.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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