Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Complexe Bocager

Temps de lecture :  min.

2 890

hectares de surface

32 %

de la flore connue dans l’ensemble des ENS

21 %

de la faune connue dans l’ensemble des ENS

Des espaces naturels sensibles mêlant haies et prairies

Le mot bocage vient du normand « bosc » signifiant « bois ». L’étymologie fait sens puisque les arbres y occupent une place capitale. Paysage composite façonné par l’homme, le bocage repose sur un maillage de haies et de bosquets. Ces bribes de forêt découpent l’horizon et dessinent les lignes d’un damier verdoyant.

Le bocage n’a toutefois rien d’un quadrillage uniforme : les parcelles agricoles, de taille modeste, sont très irrégulières. La pratique de l’élevage extensif, avec pâture du bétail et récolte du fourrage, anime ces herbages. Prairies naturelles, prés et cultures céréalières alternent ainsi en mosaïque.

Des points d’eau, discrets, forment par ailleurs des réseaux d’étangs et de mares. Dans les Mauges, terres de bocage, ce sont souvent d’anciennes argilières ennoyées. Ces modestes plans d’eau sont précieux : ils ajoutent une dimension aquatique à un univers tant rural que sylvestre.

Comment ces milieux se sont-ils formés ?

Entre haies et prairies, la nature verdoyante s’épanouit et la vie fleurit de tous côtés… Pourtant, le bocage n’en a pas moins une origine très artificielle. C’est un paysage propre à l’histoire de l’agriculture européenne dont les premières formes remontent au Moyen Âge. Les haies ont alors été plantées avec trois objectifs :

  • Enclore le bétail pour éviter qu’il ne gambade à tout va. Des arbustes épineux comme le prunellier sont tout indiqués pour cela.
  • Produire du bois de chauffage avec des essences comme le noisetier, l’orme et le charme. La forme en « têtard » des frênes est également liée à cet usage. L’émondage permet en effet de conserver le tronc tout en récoltant les rejets.
  • Disposer d’arbres fruitiers : pommiers, noisetiers, châtaigniers...

L’embocagement de la campagne s’est particulièrement accru au XVIIIe siècle notamment pour définir les limites de propriétés. Puis, dès le milieu du XXe, le remembrement agricole a entraîné la disparition des haies. L’élevage extensif a en effet été délaissé et les prés et prairies ont été transformés en de grandes parcelles cultivées. Les arbres, obstacles aux machines, ont alors été effacés du paysage. Les fermes s’agrandissant, l’entretien des linaires de haies devenait par ailleurs trop conséquent pour l’exploitant.

Anciens, mais d’avenir

Les paysages bocagers sont aujourd’hui relictuels. Ils témoignent de pratiques agricoles extensives, marquées par le pastoralisme, la faible mécanisation et le recours limité aux produits phytosanitaires. Certains aspects de ces systèmes de polyculture – élevage sont en phase avec des principes d’agroécologie. Derrière le charme suranné du bocage, il y a donc des pistes pour répondre aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui.

Faune et flore du bocage

À la croisée entre deux mondes

Le bocage est un milieu dit « semi-ouvert », associant des habitats fermés (haies, bosquets) à des paysages ouverts (prés et champs). C’est ainsi un lieu de rencontre entre des espèces agrestes et forestières. Certaines y ont même pris leurs quartiers !

La Tourterelle des bois, la Huppe fasciée, la Chouette chevêche ainsi que des passereaux comme la Pie-grièche écorcheur apprécient tout particulièrement le bocage. Des mésanges et des fauvettes, oiseaux sylvestres, virevoltent également dans les hauteurs des haies.

Parmi les mammifères typiques de ce paysage champêtre, le Lapin de garenne est l’un des plus faciles à observer en fin de journée. Le Lièvre commun ne boude pas non plus ce milieu en mosaïque.

Abreuvoir pour le bétail, les mares constituent au sein du bocage de précieux milieux de vie. Des amphibiens comme le Triton crêté ou le plus commun Triton palmé viennent s’y reproduire. Le Crapaud calamite et la Rainette verte ainsi que des Libellules profitent eux aussi de ces points d'eau.

Autres éléments remarquables, les bocages anciens comportent des haies d'arbres sénescents très intéressantes pour la biodiversité. Des insectes xylophages (mangeurs de bois) comme le Lucane cerf-volant, le Grand Capricorne ou la Rosalie des Alpes y pondent leurs larves.

Colchique dans les prés, fleurissent, fleurissent...

Au cœur du maillage bocager, les prés et prairies se parent à la belle saison d’une myriade de couleurs. Certaines sont bien connues : bouton d’or, marguerite, pâquerette, myosotis…

D’autres fleurs viennent égayer les prairies humides : le Cirse d’Angleterre, le Gaillet jaune, la Sanguisorbe officinale ou encore la fameuse Fritillaire pintade.

Sous l’ombre des haies, on observe des plantes des bois, comme la Primevère acaule ou le Sceau de Salomon. Quant aux haies elles-mêmes, elles associent souvent des arbres à des arbustes (nerpruns, aubépines, églantiers) et à des plantes grimpantes (ronces, chèvrefeuilles, clématites, liseron…).

Les actions du Département pour préserver le bocage

Si les forêts gagnent en superficie années après années, les haies arborées continuent pour leur part à se raréfier. Le Département de Maine-et-Loire participe activement à freiner cette tendance. Sur le périmètre des espaces naturels sensibles, diverses actions visent à préserver les zones bocagères relictuelles.

À la sensibilisation du grand public s’ajoutent des accords avec les propriétaires et gestionnaires pour l’entretien et la sauvegarde du bocage. Il s’agit en particulier de maintenir des activités d’élevage et de préserver des zones prairiales.

Le Département mène également une politique active d’aide à la plantation de haies. Sur les 15 dernières années 1 333 km de haies ont été replantées.

Les multiples atouts des haies

Préserver des haies ou en créer ne répond pas seulement à un enjeu de biodiversité. Le bocage est important à plus d’un titre pour le territoire où il prend pied par sa résilience et sa multifonctionnalité. En dehors des rôles des haies déjà évoquées, de nombreux autres aspects peuvent être cités :

  • Créer des corridors écologiques,
  • Apporter de l’ombre et de la fraîcheur au bétail,
  • Préserver les bêtes comme les cultures des rafales et phénomènes climatiques violents,
  • Accueillir des pollinisateurs des cultures ainsi qu’une faune auxiliaire chassant les ravageurs,
  • Limiter les risques d’inondation et améliorer la qualité de l’eau en filtrant certaines particules,
  • Éviter l’érosion des sols.

Et cette liste n’est en rien exhaustive !

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes de l’Anjou

Découvrir des complexes bocagers en Anjou

En Anjou, ce sont principalement dans les Mauges et le Segréen que l’on trouve encore de beaux paysages bocagers. C’est également le cas dans les plaines inondables de certaines vallées, comme celle de la Loire. Frênes têtards et prairies humides à Fritillaire pintade en sont alors les éléments distinctifs.

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