Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
Chouette chevêche © Shutterstock

La Chouette chevêche

Temps de lecture :  min.

La Chevêche, petit rapace du bocage angevin

Dans les paysages champêtres de Maine-et-Loire vit le plus diurne de nos rapaces nocturnes : la Chouette chevêche. Petite boule de plumes aux grands yeux, cet oiseau de proie a presque tout d’une peluche duveteuse. Presque car ses sourcils, toujours froncés, lui donnent un regard docte et sévère. Durant l’Antiquité, les Grecs y ont moins vu le courroux des dieux que la sagesse de l’une de leur divinité. L’oiseau porte ainsi le nom scientifique d’Athene noctua, la « Chevêche d’Athéna ».

  • Mythologie : Athéna est la déesse de la stratégie militaire. L’historien grec Diodore de Sicile raconte ainsi que le tyran Agathoclès aurait discrètement amené puis lâché des Chevêches d’Athéna sur un champ de bataille. Galvanisées par ce bon présage, ses troupes auraient gagné !
  • Aspect : la Chevêche est de la taille d’un étourneau (21 centimètres) mais est bien plus trapue et présente une envergure bien plus imposante. Elle a en particulier une grosse tête pourvue de deux grands yeux jaunes. Son plumage est brun tacheté d’un blanc crème et ses pattes sont recouvertes par des plumes, même aux extrémités ! Elle atterrit ainsi en tout discrétion.
  • Régime alimentaire : insectivore principalement (Sauterelles, Criquets, gros coléoptères...). Elle peut ainsi jouer le rôle d’allié face à des ravageurs des cultures. Elle consomme également des vers de terre et dans une moindre mesure des petits mammifères (Campagnols, Taupe).
  • Longévité : une vingtaine d'années mais 2/3 des jeunes meurent durant leur première année.
  • Comportement : la Chevêche adopte un vol ondoyant, bas, semblable à celui des Pics. Elle détecte ses proies depuis un poste d’affût élevé et les attrape généralement au sol. Elle ose parfois chasser en plein jour mais prend alors le risque de se faire houspiller... Il n’est en effet pas rare de la voir poursuivie par une poignée de passereaux qui semblent l’invectiver !
  • Prédateurs : la Fouine s’attaque aux œufs et aux jeunes encore au nid. Près des habitations, le Chat domestique constitue également une menace.
  • Reproduction : monogame, la Chouette chevêche est fidèle à son partenaire jusqu'à la mort de ce dernier. Le couple partage le même territoire toute l’année, qui est surveillé et défendu à deux. Les partenaires dorment même côte à côte et partagent leurs perchoirs ! En avril – mai, la femelle pond entre 3 et 5 œufs qu’elle couve pendant un mois. Le nid est installé dans la cavité d’un vieil arbre ou dans les interstices d’un bâti ancien (tuiles, mur en pierres…).

Où vit la Chouette chevêche en Anjou ?

La Chevêche d’Athéna est un oiseau typique du bocage. Elle recherche les plaines agricoles pourvues de haies arborées, pour y nicher, et riches en prairies pour y chasser. Ces dernières sont bien pourvues en insectes et petits rongeurs et la fauche (ou le pâturage) limite la hauteur des herbes. Le rapace peut ainsi repérer facilement ses proies.

En Maine-et-Loire, on rencontre plus particulièrement l’espèce là où les haies de frênes têtards sont abondantes. Elle apprécie également les vieux vergers pâturés, ce qui lui vaut le surnom de "Chouette des pommiers".

Plusieurs espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire sont encore favorables à la nidification de la Chevêche d’Athéna, notamment :

Comment observer cette petite chouette ?

Bien que sédentaire, on observera plus facilement la Chevêche à la belle saison, chassant au crépuscule ou à l’aube. Il n’est pas rare non plus de la croiser en pleine journée, perchée près d’une cavité.

Ce comportement peu nocturne permet de la distinguer de ses consœurs : la Hulotte et l’Effraie. Ces dernières sont par ailleurs bien plus grandes qu’elle.

Chant ou chat ?

La Chevêche d’Athéna est, pour un rapace, assez bavarde ! Elle dispose d’un vaste répertoire d’émissions vocales. Son cri le plus connu est un « kiouv-kiouv » plaintif, proche d’un miaulement. Mais les variations sont nombreuses, pouvant rappeler tantôt le Chouette hulotte, tantôt le Vanneau huppé ou même les Sternes. Les chants diffèrent ainsi au sein de la même espèce. L’ornithologue aguerri est d’ailleurs capable de reconnaître un individu à son « dialecte » !

Un crachat informatif

Ce que la chouette ne digère pas, elle le rejette sous la forme d'une boule compacte : la pelote de réjection. Chez la Chevêche, cette dernière est petite et contient peu d'os de rongeurs, contrairement aux autres rapaces nocturnes. Ce sont surtout les fragments brillants des carapaces d'insectes que l'on peut y voir. Ces pelotes permettent donc aux naturalistes d’en apprendre davantage sur le régime alimentaire des rapaces ainsi que sur le cortège de proies présent sur le territoire.

le soundcloud du chant de la Chouette chevêche

Une espèce menacée à protéger

Les populations de Chouette chevêche sont en déclin en Europe bien que l’espèce y soit encore répandue. En cause : la disparition de son habitat, suite au remembrement agricole et l’étalement urbain.

Les secteurs bocagers favorables à l'espèce se raréfient en effet depuis l'après-guerre. Avec la disparition des haies, ce sont les arbres propices à la nidification qui viennent à manquer. La raréfaction des prairies pâturées et de fauche, tout comme l'usage d'insecticides dans les cultures, affectent par ailleurs la ressource alimentaire de la chouette et réduisent ses terrains de chasse.

Un paysage bocager à restaurer

Depuis 1999, l’espèce bénéficie d’un plan national dit « de restauration ». Les actions, locales, visent à rendre à nouveau la campagne hospitalière pour la Chevêche. La plantation de haies, la préservation d’arbres sénescents ou morts et la réduction des insecticides sont en particulier favorables à l’espèce. De telles mesures sont d’ailleurs mises en place dans de nombreux espaces naturels sensibles du Département.
Là où le bocage est durement atteint, la pose de nichoirs spécifiques à l’espèce peut venir pallier, en partie, la destruction de son habitat.

D’autres menaces à considérer

Les collisions avec les voitures s’avèrent être l’une des premières causes de mortalité chez l’espèce. Replanter des haies en bordure de route permet alors d’obliger le rapace à reprendre de l’attitude.

Les poteaux téléphoniques creux constituent également une menace. Curieuse, la Chouette chevêche les visite et y reste bloquée. De grandes campagnes de poses d’obturateurs métalliques ont heureusement été menées et les accidents sont aujourd’hui beaucoup plus rares.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

Retour en haut de la page