Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Vallée de l'Èvre

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L’Èvre, un affluent de la Loire aux milles secrets

L'Èvre est une rivière qui prend son temps. Cours d’eau sinueux au courant lent, elle serpente en improbables lacets, dessinant des méandres à n’en plus finir.

L'Èvre a creusé son lit dans le plateau granitique et schisteux des Mauges, y laissant par endroits des entailles profondes. Dans les Eaux Étroites, l’écrivain angevin Julien Gracq parle ainsi de la « variété miniaturiste des paysages que longe le cours sinueux de la rivière ». Paysages qui « semblent se succéder et se remplacer à la vitesse huilée des décors d’une scène à transformation ».

Difficile d’être plus juste ! Cette magie d’une Èvre prestidigitatrice, le promeneur y goûtera en particulier en se rendant au cirque de Courossé, à La Chapelle-Saint-Florent. Quelques kilomètres en amont de la plaine alluviale aux prairies humides, l'Èvre dessine là un U au pied d’un escarpement rocheux de 60 mètres. Un sentier nature permet de découvrir ce site classé et de profiter d’une vue imprenable sur la vallée.

Dans ce cadre toujours changeant, de curieux animaux se cachent dans les eaux et les fourrés… La vallée de l'Èvre est décidément bien empreinte de mystères !

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Cirque naturel de Courossé »

Faune et flore de la Vallée de l’Èvre

Des démolisseurs et des bâtisseurs

Dans les Eaux Étroites, Julien Gracq mentionne sur l'Èvre les « galeries des rats d’eau ». Celles-ci « sapent de partout ces petites falaises instables » décrit-il en parlant des rives encaissées. Il fait certainement allusion au Rat musqué, une espèce invasive provoquant des dégâts dans de nombreuses vallées. Le Ragondin, sa version XXL, est également présent sur l'Èvre. Il fragilise lui aussi les berges par ses terriers et est considéré comme « nuisible ».

Le Castor d’Europe est un autre architecte de ce paysage des Mauges. Si ses barrages ne font pas toujours l’unanimité, il reste bien plus apprécié que ses comparses. Espèce rare, il est par ailleurs protégé.

De nombreux autres mammifères surprenants et peu communs habitent les lieux. Le Putois d’Europe y a par exemple été observé, tout comme le discret Campagnol amphibie et la méconnue Genette . Sans oublier les nombreuses chauves-souris qui chassent ici à la tombée de la nuit. Aux côtés du Petit et du Grand Rhinolophe c’est aussi le plus petit des Murins qui y a été observé : le Murin d’Alcathoe.

L’anecdote du naturaliste Un nouveau venu dans l’atlas du vivant

Il n’y a pas que dans les parties les plus reculées de notre planète que de nouvelles espèces sont découvertes. La preuve, en 2001, avec un mammifère vivant en France : le Murin d’Alcathoe. C’est une chauve-souris semblant affectionner tout particulièrement les boisements humides des vallées encaissées.

Bien que récemment identifié, le Murin d’Alcathoe avait en réalité été déjà observé par le passé. Il était néanmoins confondu avec une autre espèce, le Murin à moustaches. C’est grâce à une analyse ADN que ce qui semblait être une forme « atypique » s’est révélée être une nouvelle espèce.

Trilles et gazouillis au fil de l'Èvre

Dans le creux de la vallée résonnent les chants des passereaux. De nombreuses mésanges y égrènent des phrases répétitives mais mélodieuses, comme la menacée Mésange noire. S’y joint l’écho des coups assénés aux arbres par les Pics épeiches, Pics verts, Pics noirs… Les Pics mars et Pics épeichettes, moins communs, ont également leur logis dans les boisements.

Sur les escarpements rocheux, les Hirondelles de fenêtres nichent aux côtés des Choucas des tours et des Pigeons colombins. Leurs vols surplombent ceux effectués au ras de l’eau par la Bergeronnette des Ruisseaux et le Martin-pêcheur.

Les parties bocagères de la vallée accueillent de nombreux oiseaux dont plusieurs espèces menacées de disparition en France. C’est notamment le cas de rapaces comme la Chevêche d’Athéna et de granivores comme le Verdier d’Europe et la Tourterelle des bois.

De petits êtres dignes d’intérêt

S’il est un insecte dont le nom colle parfaitement avec l’ambiance mystérieuse des méandres de l'Èvre, c’est bien le Spectre paisible. Cette Libellule a en effet une teinte terne légèrement translucide… Sa présence ici au côté de la Cordulie à corps fin, une autre libellule peu commune, souligne l’intérêt patrimonial de la vallée.    

Les entomologistes ont fait ici de belles découvertes. À l’étang privé de la Junière, ils ont par exemple observé pour la première fois en Anjou un... cloporte. Il existe en effet toute une ribambelle de ces animaux à 7 pattes ! La très rare Coccinelle de l’Aulne a également été localisée sur l'Èvre. Orange à tâches blanches l’été puis noire à taches jaunes l’hiver, elle a la particularité de s’habiller selon la saison !

Au fil du paysage, une flore qui ne se ressemble pas

Dans la vallée de l'Èvre, le contraste est saisissant entre la végétation drapant ses hauteurs et celle cachée dans ses fonds de vallée. Sur les parois rocheuses poussent des plantes adaptées aux conditions sèches. Ce sont notamment des plantes succulentes tels les Orpins. Orpin des rochers, Orpin reprise, Orpin rougeâtre… différents espèces s’y côtoient.

Là où des pelouses sèches se forment, le promeneur chanceux pourra croiser des Orchidées. L’Orchis bouffon et l’Orchis mâle sont deux espèces assez communes mais non moins belles !

Changement d’ambiance dans le creux boisé et humide de la vallée. Aux prémices du printemps, la peu commune Lathrée clandestine dévoile ses fleurs pourpres généreuses au pied des Aulnes, Saules et Peupliers. Formant de jolies touffes colorées, elle cache bien son jeu : c’est une plante parasite. Elle ne réalise en effet pas de photosynthèse mais dérobe aux arbres de précieux sucs nutritifs en suçant leurs racines.

Plus sympathique est la belle Nivéole d’été, une fleur protégée à l’échelle nationale. C’est une réplique grande taille de la bien connue Perce neige. L’Oseille des bois fleurit également dans les boisements humides, ainsi que la plus discrète Dorine à feuilles opposées.

En bout de course, dans la plaine alluviale, la Fritillaire pintade se plaît parmi les graminées. Elle attend le passage des promeneurs avec ses belles clochettes pour les enchanter.

Un village oublié, un interminable escalier et un trésor dilapidé

À Courossé, seul le bruissement du vent dans la végétation accompagne le promeneur. Ce village a été abandonné il y a des décennies. Les ruines des bâtisses couvertes de lierre et du moulin à eau se sont imprégnées d’un charme irréel.

La plupart des visiteurs venant sur cette portion de l’Èvre ont toutefois un autre objectif en vue : le belvédère, 60 mètres plus haut. Et la grotte dédiée à sainte Bernadette, qu’un escalier taillé dans la pierre de 155 marches permet d’atteindre.

Un peu plus en amont, à Montrevault-sur-Èvre, se trouve la mine d’or de Saint-Pierre-Montlimart. Le trésor qu’abrite ici le sous-sol a été exploité dès l’époque gallo-romaine. Au début du XXe siècle, c’est un millier de mineurs qui y travaillaient, sortant des kilos d’or par jour. Il serait toutefois vain d’emporter une pioche avec soi si l’on part randonner sur l’Èvre : le filon reste bien protégé en profondeur au cœur de la roche.

Un espace naturel sensible protégé

Différentes actions de gestions sont menées sur la vallée de l’Èvre. Au niveau de l’embouchure avec la Loire, le Syndicat mixte intercommunal du bassin Èvre-Thau et Saint-Denis restaure des zones humides. Des frayères sont également aménagées pour favoriser la reproduction du brochet.

Des actions de reconquêtes des prairies sèches des coteaux sont menées en d’autres endroits. Le Conservatoire des espaces naturels a notamment acquis des parcelles à cet effet. Objectif : les remettre en pâturage.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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