Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Forêt de Leppo

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Ha

Au sud de l’Anjou, les vestiges boisés d’une grande forêt

C’est un monde feutré qui attend le promeneur à un quart d’heure de Beaupréau. La petite forêt de Leppo, également appelée Bois de l’Epaux, y étend ses frondaisons. Écrin de verdure au cœur du massif armoricain, elle est la relique du Lattay, une grande forêt défrichée au Moyen Âge. Elle constitue aujourd’hui l’un des rares massifs des Mauges.

Les paysages y sont marqués par la terre jaune sur laquelle ils ont pris pied. Ce sol argileux que foule le randonneur a donné naissance à des argilières au nord de la forêt. Certaines de ces carrières sont encore en activité, d’autres ont été rebouchées ou ennoyées. Un univers tant sylvestre qu’aquatique est donc à découvrir dans cette partie du bois. Les pièces d’eau de tailles diverses ponctuent notamment des landes humides riches en biodiversité. Elles constituent elles-mêmes de précieux lieux de vie pour les amphibiens et les libellules.

Plus au sud, le promeneur pourra emprunter chemins et sentes parmi des boisements hétérogènes. Une variante de la voie des Plantagenêts, menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, traverse notamment la forêt en son centre. Chênaies acidiphiles et pins maritimes y feront profiter leur ombrage au promeneur.

Faune et flore de la forêt de Leppo

Une biodiversité aquatique rivalisant de couleurs

Les excavations aujourd’hui ennoyées sont un paradis pour les Odonates (libellules et demoiselles). À la belle saison, elles rivalisent de couleurs vives et brillantes. Parmi les espèces présentes à Leppo, certaines sont peu communes. L’une, en particulier, arbore un physique ne passant pas inaperçu. Avec son corps noir strié de bandes jaunes, la Cordulégastre annelé semble avoir enfilé le costume des Dalton.

La Cordulie Bronzée, une libellule à l’aspect métallique et au thorax poilu, profite également des zones humides. Quant au Leste fiancé, il apprécie tout particulièrement la végétation abondante ceinturant les points d’eau. Les mâles de cette demoiselle ont le corps vert et bleu.

Dans l’eau aussi, le ballet coloré bat son plein. Les tritons revêtent des costumes bariolés pour séduire leurs congénères. Certains, même, n’hésitent pas à se laisser pousser la crête. Au côté du relativement commun Triton ponctué, les plus rares et menacés Triton marbré et crêté investissent ainsi les points d’eau. La présence de ces derniers en un même lieu est chose rare. Mais encore plus spectaculaire est la présence ici de leur hybride, le Triton de Blasius !

Les Tritons ne sont pas les seuls amphibiens à profiter du sous-bois humide et des plans d’eau. La Salamandre tachetée, la Grenouille agile et la Rainette verte en sont d’autres hôtes notables.

L’anecdote du naturaliste L’Autour des palombes, un cascadeur des plus fidèles

De janvier à fin mars, les parades nuptiales de l’Autour des Palombes animent la forêt. Spectacle rare, elles sont l’occasion d’observer ces rapaces discrets. La femelle monte haut dans le ciel avant d’effectuer d’impressionnants piqués, disparaissant dans la canopée ! Lorsque le mâle, impressionné, choisit sa partenaire, le couple se forme pour la vie. Il réalise ensuite différentes ébauches d’« aires » (autre nom pour le nid des oiseaux de proie). La femelle, architecte dans l’âme, choisit son préféré. Volumineux, ils peuvent faire 1 mètre carré !

Une avifaune nicheuse remarquable

La forêt de Leppo constitue dans les Mauges un lieu de nidification précieux pour les rapaces. L’Autour des Palombes installe notamment son nid à la cime d’un arbre bien choisi. Le Busard Saint-Martin niche quant à lui au sol. La Chouette Chevêche, elle, profite des vieux arbres creux pour élever sa couvée en toute sécurité. Ces cavités furent certainement façonnées jadis par d’autres hôtes de ces bois : les pics. Le promeneur pourra les entendre jouer d’étranges percussions dans la forêt. Pic épeiche, Pic épeichette et Pic vert s’en donnent à cœur joie !

Le Loriot d’Europe fait également entendre son chant flûté dans la forêt. Si vous voyez furtivement passer un oiseau au corps jaune et aux ailes et à la queue noire, c’est sûrement lui !

La Fauvette pitchou, espèce particulièrement menacée, a investi les landes humides. La survie de l’espèce dépend de la sauvegarde de ces milieux.

De nombreuses fleurs à découvrir, même au bord de la route !

Dans le sous-bois, le promeneur attentif ne manquera pas d’observer l’Ail des ours et le Muguet. S’il se fait chanceux, il pourra même croiser une orchidée dans les clairières, lisières ou landes humides. L’Orchis tacheté et l’Orchis mâle, deux espèces relativement communes, s’y développent. Toutes deux donnent des inflorescences violettes mais la première présente de curieux motifs sur ses pétales inférieurs.

Les bords de route se révèlent souvent très intéressants d’un point de vue floristique. Les bermes de la départementale traversant la forêt ne dérogent pas à la règle. Elles hébergent notamment le Trèfle jaunâtre, une plante velue aux fleurs blanches teintées de jaune. Peu commune, elle est en régression dans l’Ouest de la France.

Les ornières humides abritent quant à elles la Cicendie filiforme. Cette petite plante porte bien son nom puisqu’elle émerge du sol en un fragile filament. À l’extrémité de celui-ci apparaissent en mai des pétales d’un jaune éclatant.

Il y a quelques années encore, le site abritait également le Flûteau fausse-renoncule. Cette plante vivace aquatique, aux fleurs blanches ou rosées maculées d’or, connaît une régression marquée en France. La population présente à Leppo a disparu suite au comblement de la mare qui l’abritait. La disparition des milieux de vie de cette espèce est justement la première raison de son déclin.

Un passé ensanglanté

Au milieu de la forêt, les randonneurs pourront découvrir une croix commémorative. Cette croix du Souvenir Vendéen vient rappeler un évènement tragique de la guerre de Vendée.

En 1794, des soldats républicains se rendent au village de Puiset : ils y massacrent une trentaine d’habitants. Certains parviennent néanmoins à s’enfuir dans la forêt de Leppo. Ce sont des adultes, mais aussi beaucoup d’enfants, parfois en bas âge. La forêt est incendiée pour faire sortir les fugitifs qui sont tués à l’orée de la forêt. En tout, ce sont 56 personnes qui ont péri entre le 12 et le 14 mars 1794.

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