Des oiseaux qui font vibrer les forêts d’Anjou
À la campagne comme dans les parcs urbains, il n’est pas rare d’observer le Pivert (ou Pic vert). De petits sauts en petits sauts, il fouille souvent le sol en quête de fourmis. Parfois, c’est le Pic épeiche que l’on aperçoit taper contre un tronc ou se cacher derrière celui-ci. Mais ils sont loin d’être les seuls Pics (ou Picidés) habitant en Maine-et-Loire ! Plus méconnus, Pic noir, Pic mar et Pic épeichette y font aussi entendre jeux de tambour et bruits de forage...
- Aspect : les Pics se reconnaissent à la taille de leur tête et à leur bec pointu et épais. Ils possèdent également des pattes puissantes munies de longues griffes.
- Régime alimentaire : Ils se nourrissent principalement d’insectes et de leurs larves. Comme les Mésanges, les Pics protègent les arbres en consommant une grande quantité de chenilles défoliatrices (qui mangent des feuilles). Selon les espèces, ce régime insectivore est complété par des graines, des fruits et de la sève. Le Pic noir et le Pic-vert sont quant à eux avant tout friands de fourmis.
- Longévité : une dizaine d’années.
- Comportement : solitaires et sédentaires, les Pics partagent néanmoins leur territoire à deux durant la période nuptiale. Celle-ci dure environ quatre mois.
- Adaptation : selon les espèces, leur bec leur permet de creuser des arbres plus ou moins sains et résistants. Leur crâne est adapté aux coups violents qu’ils assènent contre le bois. Les os sont notamment très compacts afin d’absorber les vibrations et préserver le cerveau. Quant à leur langue, elle est longue et pointue et recouverte d’une salive gluante. Cela leur permet d’extraire les insectes cachés dans le bois !
- Vol : ondulant et souvent bref, exécuté d’un arbre à un autre.
- Prédateurs : l’Épervier et l’Autour des palombes s’attaquent occasionnellement aux adultes. Martre et Fouine pillent pour leur part les nids.
- Reproduction : pour la nidification, les Pics perforent le tronc d’arbres souvent dépérissant. Certains Pics réutilisent la même loge d’année en année, d’autres comme le Pic mar en créent une nouvelle tous les ans, voire plusieurs. La création de ces cavités prend du temps et de l’énergie : le Pic épeiche peut y consacrer 3 semaines !
Où vivent les Pics en Anjou ?
Le Pic-vert et le Pic épeiche sont largement répandus sur tout l’Anjou. Le premier est très ubiquiste tandis que le second investit de préférence les boisements de feuillus.
Le Pic noir vit pour sa part dans les grands massifs bien pourvus en arbres imposants et âgés. Il a besoin de plusieurs centaines d’hectares de forêt pour établir son territoire.
Le Pic épeichette recherche lui aussi des arbres morts ou sénescents mais n’est pas exigeant quant à la taille des boisements. Il affectionne par ailleurs les boisements bordant les cours d’eau, comme au lac de Maine .
Rare autrefois en Pays de la Loire, le Pic mar se fait de plus en plus présent en Maine-et-Loire. Il s’étend vers l’Ouest, colonisant aujourd’hui les Mauges. Il s’installe dans les boisements de chênes et de charmes et a des goûts « princiers ». Il apprécie en effet les parcs des châteaux !
Le Torcol fourmilier et le Pic cendré sont quant à eux très rarement observés. Le premier est un migrateur qui s’invite encore dans quelques massifs de l’Est de l’Anjou. Le second a vraisemblablement disparu de Maine-et-Loire.
De nombreux espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire accueillent des Pics, notamment :
Comment observer ces oiseaux forestiers ?
Sédentaires, les Pics peuvent être observés toute l’année. C’est toutefois surtout au début du printemps qu’ils tambourinent, crient et s’agitent. Si l’on a la chance de découvrir une loge, il est notamment possible de suivre en mars-avril les allées et venues d’un couple… Tout en veillant à se tenir à bonne distance du nid et se faire très discret. Le succès de la reproduction en dépend !
Le plumage et la taille de chaque Pic permettent de les distinguer :
- Le Pic-vert est, sans surprise, principalement vert. Il a également une calotte rouge bien voyante et un croupion jaune.
- Le Pic épeiche a une calotte toute noire à l’exception d’une tache rouge vers la nuque chez le mâle. L’extrémité de son bas-ventre est rouge vif.
- Le Pic mar est très ressemblant au Pic épeiche mais il arbore une calotte rouge et non noire. Son bec est par ailleurs plus fin et ne lui permet pas de forer le bois sain.
- Le Pic épeichette ressemble lui aussi au Pic épeiche mais est beaucoup plus petit : il fait la taille d’un moineau !
- Le Pic noir est, comme son nom l’indique, tout noir, à l’exception de la calotte qui est arboré de rouge. C’est le plus grand des Pics : il peut atteindre le demi-mètre. En vol, il peut être confondu avec la Corneille.
Des manifestations sonores très différentes
Les Pics sont peu faciles à observer mais ils trahissent leur présence par leurs cris et leurs tambourinages :
- Le Pic épeiche appelle avant tout les femelles par des martèlements très sonores et brefs.
- Le Pic épeichette associe pour sa part chant et tambour : il émet un appel criard avant de taper vivement et longuement.
- Le Pic noir est bruyant : il pousse des cris tonitruants ou plaintifs et son tambourinage est audible à 1 km à la ronde ! Il faut dire que ce fin musicien ne frappe pas n’importe quel bois : il opte pour du bois sec faisant caisse de résonance.
- S’il ne tambourine pas, le Pic mar émet parfois des couinements, audibles de fin février à mai.
- Le Pic-vert lui non plus ne joue pas de tambour, mais il pousse de la voix. Son chant assez atypique rappelle le rire de l’être humain !
le soundcloud du chant du Pic vert
Des espèces protégées
Les Pics sont des espèces protégées qui ne peuvent être chassées. Ils profitent en France d’une gestion forestière prenant de plus en plus en compte la préservation des arbres sénescents. Des îlots de vieillissement sont notamment délimités dans les boisements et des arbres morts sont conservés. Le Département travaille avec l’ONF et les communes à la mise en place de telles mesures sur les ENS. La colonisation de l’Anjou par le Pic mar n’est justement pas étrangère à cette gestion forestière.
Protéger les Pics, c’est rendre service à de nombreuses autres espèces. Les cavités qu’ils forent sont par exemple réutilisées par des oiseaux, des mammifères et des insectes.