Dans le ciel de l’Anjou, des chauves-souris au nez tarabiscoté
À la belle saison, les chauves-souris ou « Chiroptères » investissent le ciel nocturne en un ballet animé. Parmi ces curieux êtres ailés, trois sont de la famille des Rhinolophidae : le Grand Rhinolophe, le Petit Rhinolophe et le Rhinolophe euryale. Impossible de les confondre avec leurs compères, si toutefois l’on parvient à se retrouver nez à nez avec eux. En matière de « pif » en effet, la nature les a dotés d’un étrange demi-disque incurvé et plissé ! C’est pourquoi d’aucun les appellent les chauves-souris fer-à-cheval.
- Aspect : une vingtaine de centimètres d’envergure pour le Petit Rhinolophe, une quarantaine chez le Grand Rhinolophe. Ce dernier est particulièrement massif, de corps comme de tête et est l’une des plus grandes chauves-souris de France. Les ailes des chauves-souris sont constituées d’une membrane de peau tendue, soutenue par des doigts prodigieusement longs. Ces derniers rappellent les baleines des parapluies.
- Régime alimentaire : en France, aucune chauve-souris ne boit du sang à la façon d’un vampire ! Le Grand Rhinolophe chasse de gros insectes qu’il attrape au sol, notamment des coléoptères. Le Petit Rhinolophe et le Rhinolophe Euryale saisissent quant à eux des insectes en vol, en particulier mouches et papillons nocturnes.
- Longévité : généralement moins d’une dizaine d’années pour le Petit Rhinolophe ; quinze ans pour le Grand Rhinolophe voire parfois 30 ans.
- Comportement : les Chauves-souris ont recours à l’écholocation pour se déplacer, repérer des proies et communiquer. Si de nombreuses espèces utilisent leur bouche pour émettre les ultrasons, les Rhinolophes usent de leur curieux nez, appelé « feuille nasale ».
- Prédateurs : la prédation par les rapaces nocturnes est très rare. Il a d’ailleurs été observé des chauves-souris et des chouettes partageant le même site de reproduction. Mais sur les routes de campagnes, c’est la faucheuse à quatre roues qui emporte chaque nuit son lot de chauves-souris.
- Reproduction : les Rhinolophes sont dits anthropophiles : ils investissent les combles des bâtis humains pour la reproduction. Ils peuvent s’y retrouver en nombre, formant alors des colonies de centaines d’individus. Les petits naissent nus, aveugles et doivent être nourris pendant plusieurs semaines.
Où vivent les Rhinolophes en Maine-et-Loire ?
Les Petits Rhinolophes chassent dans les forêts ou dans des paysages bien arborés, généralement près d’un point d’eau. Les Grands Rhinolophes préfèrent quant à eux les milieux dits « semi-ouverts » : avec des arbres, mais pas trop ! Le bocage ainsi que les lisières de forêts et larges clairières lui conviennent bien.
Où ces chauves-souris hibernent-elles ?
L’hiver, les Rhinolophes investissent des cavités souterraines, que ce soit des grottes naturelles ou des caves d’habitations. Ils peuvent y former de grands rassemblements. Ils recherchent dans ces lieux un abri où la température reste constante et se mettent alors dans un état de torpeur. Il convient de ne pas les déranger : tout réveil pourrait compromettre leur survie.
Des espèces plus ou moins communes
Le Grand Rhinolophe est l’espèce de Rhinolophe la plus commune en Anjou. En Maine-et-Loire, environ 5 600 individus ont été comptabilisés durant l’hiver 2021. Une belle population qui semble suivre une tendance positive ! Elle dote ainsi la région d’une forte responsabilité dans la sauvegarde de l’espèce.
Le Petit Rhinolophe est plus rare que son grand frère. Il a été par le passé l'une des espèces de Chiroptères les plus communes mais ses populations se sont depuis effondrées. En Pays de la Loire, il est classé comme "quasi menacé".
Le Rhynolophe euryale n’a été observé pour sa part que dans le nord-est de l’Anjou, au niveau de la vallée de la Loire et de celle du Couasnon. Présent en très petits effectifs, il est ici en limite nord de son aire de répartition.
De nombreux espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire accueillent des Rhinolophes, notamment :
Comment observer ces chauves-souris ?
En été, le meilleur moment pour voir les Rhinolophes est le crépuscule. Les insectes abondent en effet à cette heure de la journée et les chauves-souris chassent de plus belle. Difficile néanmoins de reconnaître les Chiroptères dans le ciel assombri ! Dans le cas du Grand Rhinolophe cependant, l’envergure des ailes et leur forme arrondie sont assez caractéristiques. Il a ainsi un vol assez lourd, qu’il effectue souvent à basse attitude.
Des mammifères menacés à protéger
Les populations de chauves-souris sont impactées par les modifications apportées à leur environnement. Les Rhinolophes sont particulièrement exigeants quant à leurs sites d’hibernation et de reproduction, auxquels ils resteront fidèles. La fermeture, rénovation ou destruction de ces derniers peut ainsi mettre en péril toute une colonie. Sur les espaces naturels sensibles de Maine-et-Loire, des accords sont donc passés avec les propriétaires pour les préserver. Des « chiroptières » sont aussi aménagées pour faciliter l’accès aux nurseries.
La fragmentation des habitats menace également les Rhinolophes, complexifiant par exemple les déplacements entre lieus de chasse et nurserie.
C’est également la pollution lumineuse qui perturbe leurs déplacements. Les endroits éclairés sont en effet autant d’obstacles sur les trajets de certaines chauves-souris. Le Petite Rhinolophe, par exemple est une espèce forestière peu encline à se montrer à la lumière des réverbères… La pollution lumineuse modifie par ailleurs le comportement des insectes et leur répartition, impactant ainsi négativement l’alimentation des Rhinolophes.
Les chauves-souris sont par ailleurs très sensibles au dérangement. Le Département participe donc à la pose de grilles aux entrées des grottes afin de les sécuriser.