Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Site minier du vallon de Misengrain

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Des ardoises aux étangs, un vallon aux couleurs de l’Anjou bleu

Le Misengrain prend sa source dans la Forêt d’Ombrée, dans le Nord-Ouest du Maine-et-Loire. Il file ensuite vers l’Est sur 18 kilomètres avant de se jeter dans l’Oudon, près de Segré.

Petit ruisseau au débit très variable, il ne cesse de changer d’apparence au gré de son parcours. Caché parmi les arbres et pas plus large qu’une enjambée, il s’étale parfois, formant alors de longs étangs. Avec les nombreuses mares environnantes, ce sont près d’une cinquantaine de plans d’eau qui parsèment le paysage vallonné. Ces dépressions sont souvent nées du travail minier : le sol a été creusé pour en tirer tantôt des ardoises, tantôt du fer.

Parmi ces mares et étangs, celui de la Coudre sur la commune de Noyant-la-Gravoyère marque une variation notable du relief. En aval du plan d’eau, les pentes s’accentuent et le vallon se creuse. Par endroits, les coteaux deviennent même des falaises abruptes.

Des parois rocheuses aux zones humides, les paysages se succèdent tels de petits dioramas. Entre les boisements haut perchés ou rivulaires, les pelouses sèches et les prairies humides, la richesse des habitats est phénoménale.

Bordant le parc de loisirs de Sainte-Blaise, l’étang du même nom offre, depuis sa digue, une vue dégagée sur ce paysage modelé par l’homme. De là part un sentier nature permettant de découvrir cet espace naturel sensible.

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Sur le chemin des ardoisières »

Faune et flore du vallon de Misengrain

La vallée aux serpents et batraciens

Tout comme dans la forêt d’Ombrée, une grande diversité de reptiles et d’amphibiens vivent le long du Misengrain.

La Vipère péliade apprécie tout particulièrement les zones humides enherbées du fond de vallon. Très menacée en Pays de la Loire, elle trouve ici un de ses derniers refuges angevins.

Elle n’est pas le seul serpent à s’y plaire : la Couleuvre vipérine et la Couleuvre à collier nagent dans le ruisseau et ses étangs. Sur les berges, elles côtoient leurs cousines la Coronelle lisse et la Couleuvre d’esculape, bien plus terrestres.

Que le promeneur soit rassuré : parmi tous ces serpents, seule la Vipère péliade est venimeuse. Et en restant sur les sentiers, peu de risque de croiser cette grande timide.

Si les reptiles sont taiseux, le promeneur pourra profiter en revanche de la cacophonie des batraciens.

Aux prémices du printemps, la Grenouille agile quitte la forêt pour gagner les étangs de la vallée. Ses coassements se mêlent alors à ceux de la Rainette verte et de la Grenouille verte. S’y ajoutent les vocalises de deux crapauds menacés : l’Alyte accoucheur et le Pélodyte ponctué.

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espèces animales ont été répertoriées dans le vallée du Misengrain dont une centaine d’oiseaux

De curieux animaux

Dans la rivière vit un poisson protégé pour le moins étrange. Et pour cause : ce n’en est pas un ! La Lamproie de Planer est un animal vertébré primitif, rappelant l’Anguille mais sans nageoire ni mâchoire. Parmi les trois espèces françaises de Lamproie, celle-ci se distingue de ses consœurs par ses mœurs. Véritable ascète, elle ne s’alimente pas une fois adulte et ne migre pas.

Autres étrangetés du vivant : le Petit Rhinolophe et son grand frère le Grand Rhinolophe. Ces deux chauves-souris ont un nez unique en leur genre, possédant une excroissance en forme de fer-à-cheval !

Le vallon du Misengrain, de par ses biotopes variés, accueille également une grande diversité d’Orthoptères (sauterelles, criquets et grillons). Dans les pelouses et broussailles rocailleuses se cachent des spécimens pour le moins singuliers…

C’est le cas de la Decticelle chagrinée, une Sauterelle dont l’abdomen de la femelle se termine par un grand éperon noir. Ce dernier est en réalité l’ovipositeur : l’organe par lequel elle pond ses œufs. Chez cette espèce, il est démesuré !

L’Oedipode turquoise, quant à lui, est un criquet au parfait camouflage… Si ce n’est lorsqu’il bondit, laissant apparaître des ailes vivement colorées.

L’anecdote du naturaliste C’est la fête à la grenouille

Il pleut, il mouille… Les grenouilles sont associées dans notre imaginaire au temps pluvieux. Il est vrai que ces amphibiens ont besoin d’humidité pour vivre. De là à ce qu’ils annoncent la météo, il n’y a visiblement qu’un pas... Il semble en effet que l’on faisait autrefois jouer à la Rainette verte le rôle de Madame Météo ! Placée dans un bocal avec un fond d’eau et une échelle, elle y grimperait lorsque l’air serait sec… Et annoncerait alors le beau temps. Un biologiste reconnu aurait même vanté au XIXe siècle ce « baromètre vivant ». Si l’histoire est farfelue, elle a marqué la culture populaire !

Une fenêtre (végétale) sur le passé

Dans les zones humides du vallon, certaines plantes primitives évoquent une époque reculée… Les Prêles, comme ici la Prêle du littoral et la Grande Prêle, sont les répliques miniatures des Calamites. Des lointains cousins de 10 à 20 mètres de haut ! Ces derniers recouvraient l’Anjou bien avant les Dinosaures, il y a plus de 300 millions d’années.

Aux pieds des Calamites s’étalaient des tapis de Fougères, certaines atteignant alors des tailles honorables. Aujourd’hui encore le long du Misengrain on peut admirer de beaux tapis de Fougères.

Si ce ne sont plus des espèces gigantesques, elles fascinent en revanche par leur diversité. Certaines sont même assez proches de ce que pouvaient être leurs ancêtres… L’Osmonde royale, par exemple, fait partie d’un groupe ancien de fougères. Elle est typique des milieux humides et se fait de plus en plus rare.

Le promeneur pourra également rencontrer la Réglisse des bois, dont la racine est comestible, la Fougère femelle et la Fougère mâle (qui sont deux espèces différentes), le Dryoptéris des chartreux ou encore le Dryoptéris de Borrer, assez rare.

Une flore d’intérêt

Le long du Misengrain se développent de petites plantes singulières, comme la menacée Littorelle à une fleur. D’apparence pourtant, cette petite herbacée n’a rien de très original… Mais elle est capable de s’adapter aux caprices du Misengrain de façon remarquable ! Elle change notamment de type de feuilles lorsqu’elle n’est plus submergée. Ceci, en seulement 2 à 5 jours.

À n’en pas douter, ce seront toutefois la Salicaire commune, l’Iris des marais et la Jacinthe des bois qui retiendront l’attention du randonneur. Il faut dire que leurs inflorescences tape-à-l’œil sont très photogéniques !

Un paysage façonné par la main de l’homme

La vallée du Misengrain a été profondément redessinée par l’activité minière. Trois mines d’ardoises y ont notamment pris place : celle du Misengrain, celle de Bel-Air et celle de Saint-Blais appelée aujourd'hui la Mine Bleue. Elles ont été mises en service à différentes époques, la plus ancienne datant au moins du XVIIe siècle. Toutes trois ont en revanche étaient fermées dans les années 80. Mais elles n’ont pas totalement disparu : les terrils et cavités formées marquent aujourd’hui encore le relief des lieux.

Ce sont également des mines de fer qui ont transformé le paysage du vallon. Un impressionnant bassin d’épandage a ainsi vu le jour pour le nettoyage du fer avant d'être asséché. En 77 ans, pas moins de 18 millions de tonnes de minerais de fer auraient été extraits ici !

L'histoire industrielle du site se conjugue encore au présent. De nouvelles entreprises se sont installées dans la vallée. La Mine Bleue est par ailleurs devenu un site touristique proposant aux visiteurs de se mettre dans la peau d'un mineur. Après une plongée dans les entrailles de la terre au moyen d'un ascenseur, c'est casque vissé sur la tête que l’on découvre une autre facette du patrimoine local. À 126 mètres sous terre !

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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