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Chandelais, forêt-cathédrale de l’Anjou
Le massif forestier de Chandelais s’étend au Sud-Ouest de Baugé-en-Anjou. Il constitue la plus grande forêt domaniale du département ! À pied, à cheval ou en vélo, les visiteurs pénètrent ici dans une sylve prestigieuse. Des longues allées bordées d’arbres aux carrefours en étoile, c’est sur les pas du Bon Roi René qu’ils s’engagent…
Les feuillus ont été plantés là bien droits, en futaie régulière. Le sol riche et le climat océanique tempéré offrent aux chênes sessiles et aux hêtres des conditions parfaites pour une croissance remarquable. Ils atteignent ainsi des âges plus que vénérables et en viennent à tutoyer les nuages !
L’hiver, ces arbres de haut jet se mettent à nu. Randonner entre leurs fûts n’est pas moins saisissant : c’est un jeu d’ombres et de lumières qui s’étend alors à perte de vue.
Le promeneur devrait regarder tout autant la canopée que le sol tapissé de feuilles mortes. Quelques beaux champignons pourraient bien lui faire de l’œil ! Quant aux animaux de la forêt, ils vivent ici en nombre mais cachés des regards indiscrets. Certains hôtes sylvestres se laissent toutefois apercevoir ou donnent de la voix.
Un réseau de mares, de landes boisées et de cavités souterraines constitue par ailleurs des habitats remarquables. Classée espace naturel sensible, la forêt de Chandelais est un site d’importance régionale pour les amphibiens et chauves-souris.
Faune et flore de la forêt de Chandelais
De petites et grandes bêtes à poils
La forêt de Chandelais accueille le deuxième plus gros mammifère sauvage en France après l’ours. Entre septembre et octobre son brame retentit dans la forêt et la canopée semble s’être invitée sur sa tête… Une idée ? Il s’agit bien sûr du Cerf élaphe. Hôte prestigieux de ces bois, il n’est pas le seul mammifère à y vivre...
Blaireau, Renard, Chevreuil et Martre ont également fait de Chandelais leur demeure. C’est aussi le cas de petites boules de poils très discrètes : les musaraignes. L’espace naturel en compte plusieurs espèces dont les rares Crocidure leucode et Crossope aquatique. Toutes deux sont menacées de disparition en Pays de la Loire.
Les mammifères à Chandelais se font aussi volants ! Les arbres creusés par les Pics offrent des gîtes d’été à des chauves-souris particulièrement forestières comme l’Oreillard roux et le Murin de Bechstein. De précieux souterrains, en particulier les caves de Chanzelles, constituent quant à eux de parfaits spots pour hiberner. Grand et Petit Rhinolophes ne s’y sont pas trompés !
De nombreuses autres espèces de chauves-souris habitent cet espace naturel. Elles font de celui-ci un site d’intérêt majeur pour leur sauvegarde, à l’échelle régionale comme nationale.
Une biodiversité en tout point remarquable
Les points d’eau préservés sur le massif forestier font la joie des amphibiens. Le Triton alpestre, par exemple, y trouve son dernier refuge en Maine-et-Loire. Différentes grenouilles profitent aussi des zones humides. L’une d’entre-elles est particulièrement rare en Anjou : il s’agit de la Grenouille rousse. Cette espèce plutôt d’altitude est aujourd’hui menacée par le changement climatique.
Les passionnés d’oiseaux pourront également apercevoir ou entendre des espèces peu anthropophiles comme le Pic noir. S’il est le plus grand des Pics, il est aussi le plus froussard ! D’autres pics sont également présents comme l’assez rare Pic mar. Le Bouvreuil pivoine, La Fauvette pitchou ou encore le très sylvestre Pouillot siffleur sont d’autres habitants à plumes du massif.
Les entomologistes en herbe comme confirmés pourraient eux aussi faire de belles rencontres. Les petites bébêtes ne manquent pas : Grillon des bois et Grillon des marais, Criquet des clairières, Carabe à reflets d’or et Carabe des champs (qui affectionne en réalité les forêts)… Sans oublier le commun Minotaure qui, contrairement au monstre grec, se nourrit d’excréments !
La très belle Rosalie des Alpes et son cousin le Rhagie nez-de-clown, deux longicornes, font quant à eux festin du vieux bois.
Quand la fonge est reine
Pour peu que l’on se baisse, le sous-bois est porteur d’un vaste éventail d'odeurs : humus, caoutchouc, amande, chocolat… Il y en a pour tous les goûts ! Ces émanations proviennent des multiples champignons cachés dans la forêt. La fonge est ici remarquable, présentant une incroyable diversité d’espèces. Certaines sont assez rares comme le Cortinaire à armille écailleuse et le Cordyceps capité.
Connue pour ses champignons, la forêt de Chandelais n’abrite pas moins quelques plantes dignes d’intérêt. C’est le cas de la Violette des montagnes, typique des boisements humides. Elle présente d’avril à juillet de jolies petites fleurs bleues veinées de violet.
L’Hellébore fétide ou Pied de Griffon se trouve quant à elle plutôt en lisière de forêt. Elle est reconnaissable à son bouquet de fleurs verdâtres en clochettes. Anciennement utilisée pour soigner des troubles psychiatriques, cette plante toxique n’a pas volé son nom : si l’on froisse ses feuilles il s’en dégage une odeur pour le moins désagréable !
Une forêt exploitée par l’homme depuis des siècles
Si le massif forestier de Chandelais est aujourd’hui domanial, avant la Révolution Française c’était une forêt royale. Le « bon roi » René y pratiquait d’ailleurs la chasse à courre.
La forêt a changé de propriétaires au cours des siècles, mais aussi d’aspects. Ses rangées d’arbres majestueux sont à la fois l’œuvre de la nature et... de l’être humain. En particulier d’un homme : Jean-Baptiste Colbert.
Au XVIIe siècle, pour renouveler la marine française en piètre état, il fallait du bois, et de qualité. Malheureusement les forêts étaient alors mal exploitées. Colbert repense donc leur gestion, réglementant l’abattage des arbres et incitant à la conservation de chênaies âgées. Dans les forêts royales, comme à Chandelais, les futaies régulières (constituées d’arbres du même âge) sont privilégiées.
Les chênes sessiles du massif servent encore à produire du bois d’œuvre de qualité. Adieu toutefois la construction de bateaux, c’est une tout autre destinée qui l’attend ! Façonné, il en est tiré des lattes servant à la confection de tonneaux pour les caves à vin. Cette activité traditionnelle s'appelle la merranderie.
En 2021, 19 chênes de plus de deux cents ans ont par ailleurs été abattus pour la confection de la nouvelle charpente de Notre-Dame de Paris.
Un espace naturel sensible en action
Depuis quarante ans, l’Office national des forêts (ONF) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) travaillent ensemble afin de préserver dans le massif des arbres pourtant mal-en-point. Ils sont vieux, troués, biscornus, voire ont des branches pourries... Un choix surprenant ? Au contraire : ces spécimens moins beaux sont très précieux pour la biodiversité. Ils servent tantôt de garde-manger, tantôt de maison pour de nombreux animaux. Les larves des longicornes, par exemple, font festin du vieux bois. Certaines chauves-souris investissent de leur côté les cavités des arbres sénescents.
Autres gîtes d’importance pour les chiroptères, les cavités de Chanzelles. Ces dernières ont été grillagées afin de réduire les dérangements humains. Les populations de chauves-souris qu’elles accueillent font par ailleurs l’objet de suivis réguliers.
Le réseau de mares présent sur l’espace naturel sensible est également surveillé et entretenu par l’ONF.
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