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En Anjou, une vallée de renom au fil du Couasnon
Dans le Baugeois coule une petite rivière tourmentée : le Couasnon. Les fonds de vallon qu’il traverse et les ruisseaux qui l’abreuvent cachent une nature sauvage et bigarrée. C’est l’un des espaces naturels sensibles (ENS) du Maine-et-Loire les plus singuliers !
Le site est particulièrement remarquable à l’Est de Baugé, sur une portion de la vallée d’environ 400 hectares. Là se trouvent, parmi les boisements, de nombreuses prairies de fauche. D’une grande importance pour tout un cortège d’espèces animales et végétales, ces milieux dépendent intimement de l’agriculture qui les a façonnés.
Quelques prairies particulièrement tourbeuses dénotent dans le paysage. Ce que le promeneur a devant lui, ce sont quelques rares parcelles de bas-marais alcalins. Elles sont d’une grande richesse écologique.
D’autres zones humides parsèment la vallée, notamment des mégaphorbiaies. Leurs herbes hautes cachent bien souvent des espèces très intéressantes !
Au sud de l'ENS, un nouveau décor attend le visiteur. Des pelouses calcaires, parfois très sèches, émaillent les coteaux. D’apparence moins hospitalière que les prairies humides, elles n’en sont pas moins intéressantes. Une biodiversité adaptée à ces milieux en dépend.
C’est par ailleurs sous l’ombre d’une ripisylve faite d’aulnes et de frênes que le randonneur pourra cheminer. Parmi les itinéraires qui lui sont proposés, un sentier d’interprétation suit le parcours pédestre de « Fougères » au départ du camping de Baugé.
Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Sentier découverte de la biodiversité »
Faune et flore de la vallée du Couasnon
Haut lieu de la botanique angevine
La flore de la vallée du Couasnon fait partie des plus remarquables en Maine-et-Loire. Il y a d’abord les plantes typiques des zones humides que le promeneur ne manquera pas d’observer. Ce sont notamment l’Iris des marais aux fleurs jaunes et la Salicaire aux grandes inflorescences roses.
Mais des plantes plus rares et plus discrètes ont également trouvé ici un havre de paix. Dans la ripisylve se cache ainsi une très étrange fleur. Elle ressemble à une baie brune entourée d’éperons verts et jaunes. C’est celle de la Parisette à quatre feuilles, une espèce vivant en symbiose avec un champignon. Elle donnera un fruit assez similaire à sa fleur, proche du cassis.
Dans les zones humides se trouve également l’Œnanthe fistuleuse. Cette plante vivace, en déclin en France, présente une inflorescence en ombelles.
L’Odontite de Joubert pousse au contraire dans les pelouses plus sèches de la vallée. Elle a la particularité de vivre en partie aux dépens des plantes qui l’entourent : on la dit hémiparasite. Rare et localisée en France, sa présence en nombre ici constitue un enjeu fort du site !
Autre plante rare, la Germandrée botryde ou Germandrée en grappe. Elle n’est présente dans la région que sur cinq stations. Ici on peut la trouver sur une dalle rocheuse, au milieu d'un terrain de motocross ! Une dizaine de pieds seulement vivent là. Chaque année, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Anjou contacte donc le propriétaire du terrain pour prendre le pouls de ces précieux spécimens. En 2021, ils étaient en fleurs, preuve de leur bonne santé !
À chaque prairie ses orchidées
Le Baugeois est connu pour être une région riche en orchidées. La vallée du Couasnon ne déroge pas à cette réputation : elle a tout du « spot » incontournable pour les orchidophiles ! Un rare et grand spécimen y est à découvrir : l’Orchis incarnat. Également appelée Orchis couleur de chair, ses fleurs rosées sont tachetées de motifs. Il est inféodé aux zones humides dont il dépend. La disparition de son biotope fait qu’il est aujourd’hui fortement menacé.
D’autres orchidées sont à chercher dans les praires calcaires sèches, dites « xériques ». C’est le cas des rares Épipactis de Müller, Ophrys mouche ou encore Orchis de Fuchs.
Les plus communes Orchis pourpre et Orchis singe attendront peut-être le promeneur au bord du chemin. Mais, rares ou non, il faudra bien se garder de cueillir des orchidées !
Le long du Couasnon, une vie sauvage animée
Brochets, Chabots, Anguilles et de nombreux autres poissons glissent dans les eaux claires du Couasnon. Ils ne sont pas les seuls : la couleuvre à collier, bonne nageuse, y chasse les amphibiens. C’est que grenouilles et crapauds sont nombreux dans la vallée ! Parmi les diverses espèces qui coassent gaiement, deux sont menacées à l’échelle nationale. Il s’agit de l'Alyte accoucheur, au chant si particulier, et de la Rainette verte, aux coassements plus sonores.
Les eaux poissonneuses du Couasnon plaisent au Martin pêcheur. Le promeneur aura peut-être la chance de l’entr’apercevoir filer au ras de l’eau. À ses côtés chassent également le Héron cendré ainsi que la Bergeronnette des Ruisseaux, un passereau insectivore.
Si le Castor et la Loutre n’ont pas encore investit la rivière, un autre mammifère a par ailleurs trouvé ici un précieux refuge. Il s’agit du Campagnol amphibie. Ce petit rongeur n’a pas volé son nom : il est aussi à l’aise sur les berges que dans l’eau.
Au crépuscule, diverses chauves-souris survolent également les prairies humides. Dans les milieux plus boisés, c’est une espèce rare qui réussit à chasser parmi les arbres. Il s’agit du Rhinolophe euryale, impressionnant par la précision de son vol.
De petits êtres si remarquables
Qui dit zones humides dit… ? Libellules ! Elles pourront être observées dans les vallons humides, tout comme leurs cousines les demoiselles. Une des stars du site est l’Agrion de Mercure. Cette demoiselle au corps bleu et noir est protégée à l’échelle nationale. Elle est très typique des ruisseaux aux eaux limpides et à la végétation abondante.
Les Azurés, ces papillons aux multiples variations bleutées, se font ici très divers. Le rare Azuré du Serpolet est présent, tout comme celui des Cytises, des Nerpruns, de la Faucille ou encore l’Azuré commun. C’est un vrai calvaire de les différencier ! La Belle Dame, un joli papillon migrateur, ou encore le Flambé, un grand papillon ressemblant à un cerf-volant, sont quelques autres lépidoptères remarquables.
Le site présente également une étonnante diversité de Gastéropodes (escargots et limaces). De la Loche des marais à l’Hélice des ruisseaux en passant par la Columelle édentée ou l’Ambrette amphibie, c’est un défilé de formes et de couleurs ! Deux minuscules escargots protégés au niveau européen ont également été découvert dans les bas marais alcalins. Il s’agit du Vertigo des moulins et du Vertigo angustior.
Un espace naturel sensible en action
Un premier plan de gestion s’est achevé en 2022. Porté par la commune de Baugé-en-Anjou, avec l’aide technique de la LPO, il a bénéficié du soutien financier du Département ainsi que de la Région et de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Il a notamment permis la restauration de zones humides, la prise en compte de la biodiversité dans la gestion des espaces communaux et la mise en place de nombreux outils de sensibilisation.
Plusieurs actions du plan de gestion vont également être poursuivies ou reconduites. C’est le cas d’une reconversion de peupleraie, de la labellisation du camping municipal. Aujourd’hui labellisé refuge LPO, il accueille des nichoirs et propose des sorties ornithologiques.
Les rendez-vous nature
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