Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Bois et tourbières de Jarzé-Villages

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Une forêt du Baugeois mi-marais mi-landes sèches

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Dans la commune de Jarzé Villages, au Nord de l’Anjou, se trouve un écrin de verdure atypique. S’étendant juste au Nord du village de Chaumont-d’Anjou, il est reconnu espace naturel sensible.

Si le massif géologique du Bassin parisien est dominé par le calcaire, ici le plateau a été recouvert par des dépôts sédimentaires au cours des millénaires. Dans ce paysage ondulé, les buttes, revêtues de grès et de sables, se sont révélées peu propices aux cultures. Elles ont été coiffées de boisements.

Dans les creux, ce sont des étangs, tourbières et bas marais qui se sont formés. Les trouées que découpent ces zones humides dans la forêt créent des jeux d’ombre et de lumière saisissants. Par endroits, ce sont des roselières que l’on y découvre, comme autour de l’étang de l’Égout. Ailleurs, landes humides et boisements de saules et de bouleaux se donnent la réplique.

Des plantes carnivores aux curieux dragons aquatiques peuplant les lieux, flore et faune intriguent. C’est une ambiance à la fois paisible et emprunte de mystère qui attend donc le promeneur.

Faune et flore des bois et tourbières de Jarzé-Villages

Surprenantes plantes des mares et tourbières

Les zones humides accueillent non pas une, ni deux ni même trois espèces de plantes carnivores mais quatre ! Entre la Drosera à feuilles rondes, la Rossolis intermédiaire, l’Utriculaire citrine et la Grassette du Portugal, les petits invertébrés ont de quoi s’inquiéter. La présence en particulier de la Rossolis intermédiaire est un fait notoire. Rare en France, l’espèce l’est tout particulièrement en Anjou.

Difficile de distinguer une touffe verte d’une autre sur les rives des étangs. Le botaniste scrupuleux notera toutefois la présence d’espèces rares comme le Scirpe piquant, qui trouve ici l’un de ses derniers refuges en Maine-et-Loire, la Laîche tardive et le très menacé Souchet jaunâtre. Autour de l’étang de l’Égout pousse également la Marisque, une plante remarquable pouvant former des roselières de plus d’un mètre de haut, les cladiaies.

L’Illécèbre verticillé a également été observé il y a peu sur le site. Cette plante peu commune des pelouses inondables a la particularité de donner d’innombrables petites fleurs blanches… à l’aisselle de ses feuilles !

L’anecdote du naturaliste À la recherche du Liparis perdu

La Liparis de Loesel (Liparis loeselii) est une orchidée mythique : c’est l’une des plus rares ! Fragile, elle pousse, qui plus est, dans les tourbières : des milieux ayant régressé comme peau de chagrin. Elle est ainsi devenue un véritable Graal floristique pour les botanistes !

Elle a été observée pour la première fois en Anjou par La Reveillière en 1816. Elle y a ensuite été revue de nombreuses fois, toujours dans l’actuelle commune de Jarzé-Villages. Mais depuis 1972, plus aucune trace… Très discrète, elle pourrait pourtant encore y subsister. Certains lieux, s’ils sont bien gérés, lui seraient en effet propices. Y a-t-il des aventuriers-botanistes dans l’âme ?

Sur les buttes, un contraste saisissant

Le Géranium sanguin, une plante rare en Pays de la Loire, croît sur les pelouses et boisements secs de Jarzé Villages. Son nom est trompeur si l’on en juge ses fleurs : elles sont de couleur carmin... À l’automne cependant, le promeneur curieux trouvera la clef de l’énigme. Ce sont les feuilles de la plante qui, en cette saison, deviennent rouge foncé.

Quelques orchidées sont également à découvrir, tel le mimétique Ophrys abeille. Au milieu des pétales roses, son label (pétale inférieur) imite avec brio l’insecte dont il porte le nom. Entre les landes marécageuses et celles plus sèches, une belle diversité de bruyères pousse aussi ici. Aux côtés des très communes Bruyère cendrée et Callune se trouvent, selon l’humidité du sol, la Bruyère des marais, la Bruyère ciliée ou encore la Bruyère à balais.

Siffler là-haut sur la colline

Sur les buttes, dans les landes à ajoncs et bruyères, de petits oiseaux s’agitent. Ce sont notamment des Fauvettes pitchous, des passereaux très difficiles à observer. Leurs cris et sifflements très variés signalent que le promeneur, lui, n’est pas passé inaperçu...

Pour qui a la chance d’apercevoir un mâle de cette espèce particulièrement menacée, la rencontre sera marquante. Avec sa coiffe ébouriffée, ses yeux cerclés de rouge, et sa longue queue toujours levée, l’oiseau a une drôle d’allure !

À partir d’avril, il est un chant que tout un chacun reconnaîtra : celui du Coucou gris. Peu surprenant que l’oiseau s’invite ici : les passereaux qu’ils parasitent y sont nombreux. Peu enclin à la parentalité, il pond en effet dans les nids du Rouge-gorge familier, de la Rousserolle effarvatte, habitante des roselières, et du sylvestre Troglodyte mignon. Ces derniers sont des poids plumes en comparaison du bébé coucou qui naîtra dans leur nid. Il n’en demeure pas moins qu’ils se feront parfois bien berner et nourriront celui-ci jusqu’à son envol !

Les passionnés d’oiseaux repéreront également le chant répétitif du Pouillot siffleur et ceux de ses cousins le Pouillot de Bonelli et le Pouillot véloce.

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espace naturel sensible du département en plantes protégées, rares ou menacées.

Libellules et papillons au rendez-vous

Les entomologistes ou spécialistes des insectes ont mis en évidence la grande richesse en libellules de cet espace naturel. La Cordulie bronzée et l’Aeschne-velue printanière en sont deux beaux exemples. La première est vert métallique mais a la pointe de l’abdomen cuivré, en forme de massue. Elle se perche toutefois haut dans les arbres et il n’est pas facile de bien l’observer. La seconde est l’une des premières libellules visibles au printemps. Elle est joliment bariolée de vert et de bleu mais ne se pose que rarement.

Une ribambelle de papillons volettent également dans ce vaste espace boisé. La Mélitée des Scabieuses, le Nacré de la Ronce, le Tristan et le Miroir sont quelques-unes des espèces remarquables que l'on peut y voir.

Un espace naturel ayant connu de grands bouleversements

Le grand intérêt naturel du site est connu depuis longtemps. De nombreux botanistes s’y sont notamment rendus pour explorer les tourbières, des milieux toujours prometteurs de jolies découvertes.

Mais au cours des quarante dernières années, le site naturel a été impacté directement et durablement par l’homme. La remise en eau de l’étang de Malaguet en 1976 a eu son pendant négatif : elle a entraîné la disparition de nombreuses plantes rares qui s’étaient développées là.

Des aménagements du réseau routier ainsi que la construction d’un aéroport ont par ailleurs réduit et fragmenté le site naturel. Sa reconnaissance aujourd’hui en tant qu’espace naturel sensible contribue à limiter les risques de nouvelles dégradations.

Un espace naturel sensible en action

Si la bonne gestion des boisements et des zones humides est essentielle, celle des milieux a priori moins sauvages l’est tout autant. Les bas-côtés de la route départementale traversant l’ENS font ainsi l’objet d’une gestion différenciée. En fauchant tardivement et de façon parcimonieuse ces bandes enherbées, des espèces rares se maintiennent comme le Peucédan de France. De nombreuses plantes y poussant sont par ailleurs mellifères et cette gestion profite donc aux insectes pollinisateurs.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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