Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
Droséra à feuilles rondes © Vincent Lombard

Les Plantes carnivores

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Des plantes qui ont une faim de loup

Il est courant de pouvoir admirer des plantes carnivores dans les serres des jardins botaniques. Fascinant les adultes comme les enfants, ces curiosités de la nature s’invitent même aujourd’hui dans nos maisons.

On les imagine venir de lointaines contrées tropicales, et pourtant... 18 d’entre elles poussent à l’état sauvage en France ! Dans les mares et tourbières de l’Anjou, on peut y découvrir trois Utriculaires : la commune (Utricularia vulgaris) la fluette (Utricularia minor), la citrine (Utricularia australis) et la très rare utriculaire de Bremi (Utricularia Bremii). Mais se cachent aussi la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) ainsi que la Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) et sa cousine la Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia). Ces plantes ingénieuses et surprenantes se font malheureusement de plus en plus rares, à l’image de la mal nommée Grassette commune, disparue.

  • Aspect : les Utriculaires, les Droséras et la Grassette ne se ressemblent pas.
    • Les Rossolis présentent une vingtaine de feuilles en forme de spatules et munies de poils rouges gluants. Ce sont des plantes très petites et discrètes pouvant toutefois former des tapis peu étendus.
    • La Grassette du Portugal est une petite plante aux feuilles vert olive dont les bords sont repliés vers l’intérieur.
    • Les Utriculaires sont des plantes aquatiques aux tiges flottantes, telles des algues, dont les feuilles sont filiformes ou palmées.
  • Longévité : la Grassette du Portugal est une vivace dite « hémicryptophyte » : elle subsiste l’hiver uniquement sous la forme de parties enterrées. La Rossolis intermédiaire hiverne pour sa part sous la forme d’un petit amas de feuilles appelé hibernacle. Les Utriculaires sont également des plantes vivaces.
  • Adaptations : les plantes carnivores sont des végétaux adaptés à des milieux très pauvres en éléments nutritifs. Les minéraux, en particulier l’azote, y font défaut. La consommation d’insectes est ainsi une stratégie de compensation puisque ces derniers en sont riches. Chez la Grassette du Portugal et les Droséras cet apport nutritif ne vient que compléter les ressources puisées par les racines. Chez l’Utriculaire, elles constituent sa seule source de minéraux.
  • Techniques de chasse :
    • Les Utriculaires disposent d’un piège actif : de minuscules vésicules translucides à la base de leurs feuilles immergées. Ces petits sacs appelés utricules ont la capacité d’aspirer de microscopiques invertébrés par un mouvement de succion. En un millième de seconde, les voici capturés ! Les poils à l’intérieur des utricules vont permettre par la suite de digérer les corps.
    • Les Rossolis disposent d’un piège dit semi-actif. La victime va d’abord se coller dans les poils visqueux tapissant les feuilles. Puis, en se débattant, il va provoquer la fermeture des feuilles, celles-ci l’étouffant. La technique ressemble alors à celle des incontournables Dionées et leurs mâchoires végétales. Mais en plus lent : la feuille met une demi-heure à emprisonner l’insecte.
    • La Grassette du Portugal dispose d’un piège passif : ses longues et larges feuilles collantes. Une fois l’insecte bien scotché, il est digéré par des sucs digestifs libérés par la plante.
  • Reproduction : comment accueillir les insectes pollinisateurs sans les dévorer ? C’est la question à laquelle les plantes carnivores doivent répondre si elles veulent avoir une descendance. Chez la Rossolis à feuilles rondes, la fleur est perchée en haut d’une grande tige afin que l’insecte ne risque pas de se coller à ses feuilles. Pour sa cousine la Rossolis intermédiaire, l’inflorescence est bien plus basse mais des odeurs dégagées par la plante vont guider le pollinisateur vers la fleur et l’éloigner des feuilles. Ces plantes peuvent par ailleurs s’autoféconder si besoin, tout comme le fait la Grassette du Portugal. Quant aux Utriculaires, les insectes qui visitent leurs fleurs aériennes n’ont pas à craindre les pièges, ces derniers étant aquatiques.

Où poussent les plantes carnivores ?

La plupart des plantes carnivores sont adaptées à des zones humides bien particulières : les tourbières. La Rossolis à feuilles rondes et la Grassette du Portugal poussent par exemple dans les tourbières à Sphaignes, au bord des mares acides.

Les Utriculaires sont moins exigeantes et certaines d’entre elles colonisent les berges inondées d’étangs acides comme alcalins. On les trouve également dans les mares, fossés, marécages...

En Anjou, plusieurs espaces naturels sensibles abritent des plantes carnivores notamment :

Comment reconnaître les plantes carnivores ?

Les fleurs jaunes des Utriculaires émergent au-dessus de l’eau perchées au sommet d’une fine tige. Il est alors facile de repérer la plante qui les porte.  Mais encore faut-il être là au bon moment… Si elles fleurissent entre juin et août, c’est durant quelques jours seulement et selon leur bon vouloir. Certaines années elles ne donnent en effet tout simplement pas de fleurs.

Les Rossolis et la Grassette du Portugal sont plus difficiles à observer. De par leur rareté, tout d’abord, mais également car ce sont des plantes bien plus petites qu’on ne l’imagine !

Des plantes menacées à protéger

Les menaces qui pèsent sur ces espèces

La force des plantes carnivores est aussi leur talon d’Achille. Elles sont particulièrement adaptées à leur habitat, réussissant à croître là où d’autres ne sauraient survivre. Mais si leur environnement évolue quelque peu, elles disparaissent.

La pollution de l’eau et l’assèchement des zones humides sont les deux menaces principales. Les plantes carnivores sont en particulier sensibles à l’eutrophisation des mares, étangs et tourbières où elles vivent. L’eutrophisation désigne le trop grand apport en éléments nutritifs qui va favoriser des plantes plus communes. Ce processus pouvant être naturel est souvent renforcé par des effluents agricoles, industriels ou domestiques.

Les actions entreprises pour leur sauvegarde

Sur les espaces naturels sensibles (ENS) du département, plusieurs actions sont menées pour préserver les habitats des plantes carnivores. Ce sont d’abord des études hydrauliques qui peuvent être faites sur la quantité et la qualité de l’eau. Une étude de ce type a été réalisée sur la tourbière des Loges, afin de définir les actions de restauration à mener.

Sur les landes du Fuilet, d’anciennes fosses d’extraction d’argile ont ainsi pu retrouver leur intérêt écologique. Les plantes carnivores trouvent par ailleurs, dans certains cas, un allié inattendu : le sanglier. Via ses bains de boue, il assure le maintien de petites zones humides ou en crée de nouvelles.

Des mesures de gestion visent également à réduire l’eutrophisation des zones humides. Elles s’appuient à la fois sur la réduction des rejets de phosphore et d’azote mais aussi sur une meilleure autoépuration de leur bassin versant.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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