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Près de Cholet, la vie singulière des argilières
Au Sud du Maine-et-Loire, agriculteurs et potiers ont façonné le paysage des Mauges. En certains lieux préservés, il est possible d’en percevoir les diverses manifestations pittoresques. C’est en particulier le cas dans les communes de Vezins et Nuaillé, à l’Est du village des Poteries. La campagne qui s’étend là a été classée espace naturel sensible (ENS) : ce sont les argilières des Poteries.
Le promeneur découvrira une campagne aux couleurs de l’argile et du bocage. C’est en empruntant par exemple l’étroite route de la Cloterie que la magie de cet heureux mariage saute aux yeux. À travers les haies arbustives ou arborées apparaît en filigrane le bleu des mares et étangs.
Ces pièces d’eau prennent des formes et couleurs très diverses. Petites mares couvertes de lentilles d'eau ou étangs aux berges encaissées, elles partagent toutes une même histoire. Autrefois lieu d’extraction de l’argile ou « argilières », elles ont été depuis ennoyées.
Autour de ces points bleus, un maillage vert. Ce sont les lignes bocagères qui quadrillent prés et champs et découpent l’horizon. L’agriculture extensive pratiquée ici a permis de préserver en particulier de belles prairies humides.
Ce paysage bucolique accueille une riche biodiversité que l’on pourra découvrir tout en respectant bien les propriétés privées.
Faune et flore des argilières des Poteries
Du bocage aux étangs, une campagne très animée
Des espèces typiques du bocage profitent des haies qui découpent le paysage. Ce sont notamment plusieurs oiseaux aux teintes beiges qu’il est parfois difficile de distinguer. L’Accenteur mouchet peut être par exemple confondu avec un Moineau. Les Grives mauvis, draine et musicienne, qui viennent au printemps, rappellent la merlette, la femelle du Merle. Il y a toutefois un passereau qui sera très facile à reconnaître : le Chardonneret élégant. Ce granivore qui niche dans la haie a une tête rouge, noire et blanche ainsi que des ailes maculées de jaune très caractéristiques.
Le paysage champêtre fait également le bonheur du Lièvre d’Europe et du Lapin de Garenne. La présence de haies arborées permet par ailleurs à l’Ecureuil roux de quitter la forêt et s’aventurer dans la campagne en toute discrétion.
Dans les étangs, ce sont des échassiers et des canards que le promeneur pourra observer. Le Héron cendré sera sans doute le plus facile à croiser, immobile, en train de chasser. Le Grand Cormoran, le Canard souchet ainsi que des Foulques et Gallinules pourront également être aperçus. Quant à la Bouscarle de Cetti, c’est parmi les hautes plantes palustres qu’elle entamera son chant tonitruant.
Une nature bucolique des plus colorées
Les argilières des Poteries abritent de nombreuses Orchidées : Orchis grenouille, Orchis bouffon, Orchis ailé, Orchis brûlé… Leurs noms peuvent sembler fantaisistes ! S’il est vrai que les botanistes font parfois preuve de beaucoup d’imagination, ces plantes les y incitent...
Chez l’Orchis brûlé, par exemple, il semble que le haut de son inflorescence a pris un bain de soleil trop prolongé. Quant aux fleurs du discret et menacé Orchis grenouille, elles sont verdâtres comme l’animal. Mais la ressemblance ne s’arrête pas là : le labelle (pétale inférieur) des fleurs rappelle par sa forme le batracien. On distingue même les deux pattes sauteuses !
Une plante des plus élégantes pousse également dans les prairies : la Gogane ou Fritillaire Pintade. Si elle n’a pas les riches inflorescences des Orchidées, elle donne en revanche une très belle fleur au damier rose et pourpre.
La Succise des prés apprécie également les milieux ensoleillés et relativement humides. Appelée aussi Mort-du-diable, elle a l’originalité d’avoir un temps de retard sur les autres plantes. Elle fleurit en effet aux prémices de l’automne. Le très joli bouton bleu violacé qui semble être sa fleur est en réalité la tête florifère, composée d’une myriade de fleurs ! Assez commune, elle se fait néanmoins de plus en plus rare.
Les amateurs d’arbres localiseront par ailleurs de nombreux Frênes. Mais est-ce des frênes communs ou oxyphylles ? La page consacrée à ces essences peut vous aider à y répondre….
Brique après brique, un paysage façonné par l’homme
De nombreux points d’eau présents sur cet espace naturel sensible sont d’anciennes argilières. Grâce à la « terre jaune » qui en était extraite, on fabriquait tuiles et briques au moyen de fours dédiés. La production fut particulièrement importante dans les Mauges durant la première moitié du XXe siècle.
Aujourd’hui, les briques se retrouvent dans les ornementations des maisons et fermes traditionnelles. La tuile canal abonde quant à elle sur les toitures.
Si l’on parle souvent de cet artisanat au passé, des potiers s’évertuent à faire perdurer leur activité. Les « ventres jaunes » comme on les appelle ici n’ont pas fini de faire chauffer les fours !
Un espace naturel sensible en action
Certaines carrières devenues plan d’eau sont aujourd’hui menacées de comblement. Cela est plus particulièrement vrai pour les petites mares dont l’intérêt écologique n’est pas toujours perçu. Comme dans d’autres espaces naturels sensibles, il est important de veiller à ce que ces zones humides soient préservées. Cela peut passer, en premier lieu, par une sensibilisation des propriétaires.