Ha
Au sud des Mauges, un étang des plus sauvages
Au cœur de la forêt de Vézins se cache un plan d’eau d’une quarantaine d’hectares : l’étang de Péronne. Le visiteur y découvrira une nature sauvage et préservée à quinze kilomètres seulement du centre-ville de Cholet.
Le pittoresque barrage de l’étang, avec son parement de pierres, a été érigé sur le Trézon. Ce ruisseau prend sa source non loin de là, dans la commune de Chanteloup-les-bois. Situé en tête de bassin versant, l’étang bénéficie ainsi d’une eau de bonne qualité, peu sujette aux pollutions. Le fait que le plus grand massif forestier du Choletais le borde de toute part y participe également.
Lieu paisible et sylvestre, ce plan d’eau est devenu un havre de paix pour des centaines d’animaux. La flore s’y fait tout aussi riche, en particulier sur ses berges. Les boisements de chênes et de charmes alentour y laissent place à des saulaies et des roselières.
À la faveur de la baisse estivale du niveau d’eau, un autre univers végétal s’ajoute au tableau. Les berges se dénudent et une éclosion de couleurs vient tapisser, en large bandes, le pourtour de l’étang.
Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Le tour de l’étang »
Faune et flore de l’étang de Péronne
Du coassement au brame, un riche univers sonore
Aux premiers redoux hivernaux, les Grenouilles agiles laissent entendre leurs vocalises. Chantant sous l’eau, elles émettent un coassement discret. Rien à voir avec celui des Grenouilles vertes leur succédant !
Parmi les stridulations des criquets et sauterelles, celles du Conocéphale des roseaux sont particulièrement douces. Cette sauterelle a pour particularité d’avoir de minuscules ailes la rendant inapte au vol. Elle est inféodée aux milieux très humides et herbeux où elle pond dans les hautes tiges. La disparition de ces milieux menace aujourd’hui cette espèce protégée.
Du bois s’élève le tambourinage saccadé des Pics. Plusieurs d’entre eux vivent là, dont le petit Pic épeichette et le grand Pic noir.
Au printemps, de nombreux passereaux paraissent ajuster leur chant sur ces étranges percussions. Parmi eux, le très arboricole Pouillot véloce lance un chip chap bitonal et métallique. Il semble égrainer des pièces d’argent une à une, ce qui lui vaut le surnom de « compteur d’écu ». Son grand frère le Pouillot fitis, bien plus rare en Anjou, s’invite également dans ce havre de paix.
Les roselières résonnent quant à elles des chants des fauvettes aquatiques. La Rousserolle effarvatte, revenue d’Afrique en mai, donne de la voix aux côtés de la Bouscarle de Cetti. Pour parfaire ce paysage sonore, un grand mammifère fait trembler de son grondement la forêt à la fin de l’été. Pour écouter le brame du cerf, le massif de Nuaillé est tout indiqué !
Surprenantes plantes des eaux dormantes
À l’étang de Péronne, certains végétaux vivent complètement immergés : ce sont des plantes subaquatiques. Parmi celles-ci, la Petite Naïade tire son nom des nymphes aquatiques de la mythologie grecque. Présente sur une grande partie de l’hexagone, cette espèce y reste néanmoins très disséminée et rare. Elle a la particularité de fleurir sous l’eau, la pollinisation, dite « intra-aquatique », étant assurée par le léger courant de l’étang !
Le Flûteau nageant préfère pour sa part laisser flotter une partie de ses feuilles à la surface. À la belle saison, il donne de petites fleurs blanches à trois pétales. Autrefois largement répandue en Anjou, cette espèce menacée ne se trouve guère plus que sur quelques localités.
L’Herbe au pauvre homme, ou Gratiole officinale, pousse quant à elle au bord de l’étang. Peu commune, elle est aujourd’hui quasi menacée de disparition en Pays de la Loire. Il faut espérer qu’elle ne connaisse pas la même destinée que la Renoncule langue ou Grande Douve. Cette dernière trouvait en l’étang de Péronne un de ses derniers refuges angevins. Mais, depuis 1992, elle n’y a pas été revue.
L’étang de Péronne est par ailleurs connu également pour son impressionnante diversité de champignons.
Jeu de couleurs en toute saison
Un défilé d’oiseaux aux plumages chamarrés attend le promeneur en hiver. Grèbe huppé, Grèbe castagneux, Canard souchet et Canard colvert s’invitent en particulier sur l’étang de Péronne.
À la belle saison, ce sont les Libellules et demoiselles aux jolis coloris que l’on cherchera du regard. Aux côtés de l’impressionnant Anax empereur et du rouge-orange Sympétrum strié, d’autres espèces vivent ici, dont certaines plus rares. C’est le cas de la Naïade aux yeux rouges, quasi-menacée en Pays de la Loire et du Sympétrum à nervures rouges. Ce dernier était encore récemment peu commun en Anjou mais semble bénéficier du changement climatique.
Les papillons ne sont pas en reste. Le Tabac d’Espagne est l’un des plus beaux lépidoptères des lieux avec ses ailes fauves tachetées de noir. Il peut atteindre les 8 centimètres d’envergure !
De gracieux chasseurs ailés
Plusieurs oiseaux font des chassés-croisés au ras de l’eau. Ce sont des Hirondelles de rivage, de fenêtre et rustique ainsi que des Martinets noirs qui saisissent des insectes aquatiques. Le Martin -pêcheur passe au-dessus de l’étang avec encore plus de rapidité. Difficile à admirer, il est en quête pour sa part de petits poissons.
Il s’agira par ailleurs de ne pas confondre un Martinet avec un Faucon hobereau. Si leurs silhouettes se ressemblent, ce dernier est un rapace qui chasse les libellules et… les Martinets et Hirondelles !
Bien d’autres oiseaux de proie peuvent être observés sur l’étang de Péronne. Le Milan noir affectionne tout particulièrement ce type de paysage associant plans d’eau et boisements. Le Busard Saint-Martin vient ici nicher tandis que le Balbuzard pêcheur trouve là une manne de nourriture fort intéressante.
Des ouvrages industriels pittoresques
L’endroit est riche en patrimoine bâti, à commencer par le barrage de l’étang de Péronne. Celle-ci a été conçue sur le Trézon afin de fournir de l’eau sur le territoire de Cholet Agglomération, notamment pour son industrie textile. Les réserves du sous-sol (nappes phréatiques) sont en effet peu nombreuses dans les Mauges. Le barrage du Verdon, créé ultérieurement, a néanmoins rendu obsolète cet usage.
Des vestiges de moulins sont également à découvrir. L’un, à eau, est encore visible, avec son mécanisme, près du barrage de l’étang. Un peu plus au sud, deux moulins à vent du XIXe siècle se dressent fièrement dans le paysage. Un seul d’entre eux a toutefois conservé sa coiffe en ardoise. Quant aux mécanismes et aux ailes, ils ont subi les affres du temps...
Un espace naturel sensible protégé
L’étang de Péronne doit sa naturalité tant à sa position géographique qu’à des choix de gestion. Contrairement à l’étang des Noues, par exemple, Cholet Agglomération n’y autorise que la pêche. Il revient aux promeneurs de jouer le jeu et de laisser ce site le plus accueillant possible pour le monde animal. Pour que les oiseaux puissent s’y reproduire sans crainte, il faut savoir se faire discret. Et afin de préserver la flore qui pousse sur les berges, il est de mise de ne pas quitter les sentiers.
Les rendez-vous nature
Il n'y a aucun évènement organisé pour le moment.