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© Étienne Begouen

Lac du Verdon

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Au sud de Cholet, un grand lac changeant au grès des saisons

Le lac du Verdon dans les Mauges n'a rien à voir avec ses homonymes des Alpes de Haute Provence. Pas de gorges aux parois vertigineuses ici, mais les douces ondulations d’un paysage champêtre. Cultures et prairies alternent dans un panorama vallonné, çà et là fermé par les haies du bocage.

Édifié sur la Moine, le barrage hydroélectrique s’élève de plus de vingt mètres. De la digue qui le prolonge, la vue est belle ! C’est tout une vallée encaissée qui a été ennoyée là sur 20 kilomètres. Le lac s’étire ainsi à l’horizon jusqu’à s’arrêter à quelques encablures de Maulévrier. Se resserrant peu à peu, il épouse alors la frontière entre le Maine-et-Loire et les Deux-Sèvres.

Les berges du lac, en pentes douces, se métamorphosent au cours de l’année. L’hiver, les rives se réduisent à leur plus simple expression. Mais l’été, le niveau d’eau diminue grandement et de larges pelouses apparaissent, rosissant joliment. Ce beau spectacle est le fruit d’une flore amphibie qui attire, tout comme les ressources halieutiques, de nombreux oiseaux. La faune est ici haute en couleur, qu’elle investisse le centre de l’étang ou les zones humides annexes, plus intimistes.

Plusieurs sentiers permettent de découvrir cette vaste étendue bleutée. Pour les plus courageux, il est même possible de faire le tour !

Faune et flore du lac du Verdon

Des végétaux adaptés aux fluctuations saisonnières

Lorsque le niveau d’eau diminue, les berges du lac du Verdon s’élargissent : c’est l’exondation. De petits plantes apparaissent alors, recouvrant des hectares de rives. Nombre d’entre elles sont des espèces peu communes et menacées, comme le Coélanthe délicat. Ce dernier fait partie des plantes dites à éclipses : il peut attendre très longtemps sous forme de graines que l’eau se retire.

Présente également sur les grèves de l’étang, la Pulicaire commune est une annuelle aux fleurs jaunes. Considérée répandue au début du XXe siècle, elle est, depuis, devenue rare.

La Gypsophile des moissons pousse également sur la grève. Cette espèce peu commune pourrait aussi se trouver dans quelques parcelles agricoles, car, comme son nom, l’indique, elle peut être messicole . Elle croît alors en bordure des champs sablonneux humides et dans les cultures de blé. L’utilisation d’herbicides et l’abandon des parcelles sur sable font d’ailleurs partie des causes de sa raréfaction.

La flore des bords d’étangs est tellement riche et à floraison épisodique qu’elle reste souvent méconnue. La Spergulaire à graine hérissée, par exemple, n’a été découverte en dehors du lac du Verdon qu’à l’étang de Beaurepaire. Bien qu’elle soit rare, sa présence ailleurs est sans doute sous-estimée.

L’anecdote du naturaliste Course contre la montre

Le « Coléanthe délicat », en voilà un joli nom pour une minuscule graminée formant un gazon. Mais qu’on ne la prenne pas de haut : cette plante des berges se révèle rudement performante. À l’état de graine, elle peut attendre plusieurs décennies que l’eau la recouvrant se retire. C’est alors le branle-bas de combat. En seulement 30 jours elle va germer, pousser, fleurir puis faire mûrir son fruit. Objectif : produire des graines avant que le niveau d’eau ne remonte. Si elle y parvient, ce sera le courant ou des animaux de passage qui dissémineront ses graines.

Un site ornithologique majeur en Pays de la Loire

Le lac du Verdon est un lieu tout indiqué pour les ornithologues amateurs et autres passionnés d’oiseaux. Un observatoire a été construit sur le site et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) y propose des animations. Le plan d’eau est particulièrement connu pour les nombreux canards qu’il accueille.

Les pelouses rases immergées l’hiver sont une manne alimentaire pour divers oiseaux végétariens. Le Foulque macroule mais également le Canard siffleur et le Canard chipeau en profitent notamment. Ces derniers sont des hivernants peu communs en Maine-et-Loire, faisant de leur présence sur le site un fait remarquable.

De nombreux échassiers viennent également chercher là quelques invertébrés, amphibiens ou poissons. C’est le cas des Chevaliers cul-blanc, gambette et guignette ainsi que d’espèces plus haut perché comme l’incontournable Héron cendré. Les déclinaisons tout en blanc de ce dernier, la Grande aigrette et l’Aigrette garzette, peuvent aussi être observées. Quant à la Spatule blanche, si elle leur ressemble, son long bec aplati permettra aisément de la reconnaître.

Autre singularité du lieu : la présence aux côtés des Sternes naine et pierregarin des Sternes caspienne et caugek. Ces dernières sont bien plus rares en Maine-et-Loire. La première n’est que de passage tandis que la seconde y niche de façon très occasionnelle.

Quelques rapaces remarquables ont également leurs habitudes au lac du Verdon. Le Balbuzard pêcheur vient notamment y chasser. Le Hibou des marais et la Chevêche d’Athéna profitent quant à eux des prairies et des haies autour du plan d’eau.

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espèces recensées considérées comme patrimoniales : le Lac du Verdon est la 4e ENS en abritant le plus.

Fées colorées et petits dragons aquatiques

À la belle saison, de petits êtres bariolés volettent parmi les prairies, friches et pelouses en fleurs. Il y a là l’Aurore, le Mélitée des Scabieuses, le Satyre, le Cuivré fulligineux, le Fadet commun… Tous ces noms, bien étranges pour les non-lépidoptéristes, désignent des papillons de jour. Ils offrent autour du lac un beau ballet multicolore !

Dans les mares, de curieux amphibiens viennent se reproduire. Avec leurs crêtes et leurs impressionnantes queues, ils évoquent quelques monstres des légendes médiévales. Voilà des Tritons , animaux dont la protection susciterait un plus large engouement s’ils étaient plus grands... Deux espèces menacées vivent autour du lac du Verdon : le Triton crêté et le Triton marbré. La présence des deux amphibiens sur le même site a permis l’apparition du Triton de Blasius, leur hybride.

Autre espèce singulière, la Loutre a pris ses quartiers sur la Moine. Elle y a été rejointe par le Castor , il y a peu. Tous deux s’aventurent sur le lac, mais en tout discrétion. Quelques indices de leur présence peuvent cependant être parfois aperçus : empreintes, troncs dénudés...

Du neuf et du vieux !

Le lac du Verdon a été créé par la Ville de Cholet entre 1977 et 1979. Objectif : disposer d’une réserve d’eau complémentaire à celle du Ribou et répondre ainsi aux demandes croissantes en eau potable.

Le site a par la suite été aménagé en un lieu sportif et de loisir. La planche à voile y est entre autres pratiquée, hormis en hiver afin de ne pas déranger les oiseaux. Un observatoire naturaliste a par ailleurs été créé en 1989.

À 500 mètres du barrage se tient un ouvrage un peu plus ancien, au lieu-dit Le Moulin Verdon. La différence d’âge se compte même en milliers d’années : il s’agit d’un menhir ! La Pierre salée, ou menhir de la Grande Molinie, est un bloc de granite dépassant les trois mètres.

Un espace naturel sensible protégé

Le lac du Verdon étant une réserve d’eau potable, l’Agglomération du Choletais veille particulièrement à la qualité de celle-ci. Des mesures ont été prises sur le bassin versant pour limiter les pollutions. Celles-ci concernent en premier lieu les terres agricoles : conversion en bio, replantation de haies, remise en état de prairies... Toutes ces mesures bénéficient bien évidemment à la flore et la faune du lac, mais pas uniquement. Ce sont aussi les espèces du bocage, appréciant les haies et les champs fleuris riches en insectes, qui y sont gagnantes.

L’interdiction de la chasse sur le site n’est par ailleurs pas étrangère à sa forte fréquentation par les oiseaux. C’est en particulier le cas pour les Limicoles, ces petits échassiers vivant dans la vase comme le Chevalier gambette.

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