Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Crête du Puy St-Bonnet

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Des landes sauvages et une chapelle oubliée

La crête du Puy-Saint-Bonnet est l’un des points culminants du Maine-et-Loire. Mais son nom peut être trompeur : inutile de chercher, à une dizaine de minutes de Cholet, un Puy de Sancy, un Puy de Dôme ou un autre volcan auvergnat.

« Puy » vient du latin pui signifiant « petite éminence ». Le terme est plus que jamais approprié : le dénivelé grimpe ici tout en douceur pour atteindre les 184 mètres d’attitude. C’est peu, mais pour un département qui n’est pas réputé pour son relief, c’est déjà beaucoup !

À deux pas du bourg du Puy-Saint-Bonnet, la crête granitique prend l’aspect d’une lande bretonne. L’hiver, le visiteur y découvrira un paysage désolé et mystérieux, balayé par les vents. Mais, dès les prémices du printemps, la lande opère une véritable mue. Baignée de soleil, elle fleurit au couleur de l’ajonc et de plantes singulières, souvent rares et menacées.

La chapelle du chêne rond domine le site, offrant une vue panoramique. Facile pour les curieux de l’atteindre : un sentier d’interprétation guide les pas du visiteur tout en lui faisant découvrir les oiseaux.

Autour de l’édifice insufflant un certain mysticisme, le paysage se fait plus austère. Le granite affleure et la lande laisse place à des pelouses rases. Entre les dalles rocheuses, de petites cuvettes forment des flaques, temporaires ou permanentes. Autant de milieux d’un grand intérêt écologique ! Plus à l’est, quelques 300 hectares de prairies bocagères le sont également. Ces prés et champs, bordés de haies, offrent d’autres habitats précieux pour de nombreuses espèces dans un décor tout en vert.

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Lande du chêne rond »

Faune et flore de la crête du Puy-Saint-Bonnet

À l’affût des petits oiseaux migrateurs

La lande du chêne rond se révèle être un poste d’observation privilégié pour scruter les passereaux migrateurs. Entre juillet et novembre en particulier, c’est un véritable défilé. Certains s’arrêtent là pour une halte, d’autres ne se poseront même pas.

Plusieurs espèces facilement visibles ne seront pas étrangères aux visiteurs. Vivant aux côtés des hommes, elles sont dites anthropophiles. Ce sont notamment la Bergeronnette grise, l’Hirondelle rustique (également appelée Hirondelle de cheminée) ou encore le Pinson des arbres. Des pigeons sont également de passage mais que l’observateur ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de Pigeons biset, les plus présents dans nos villes. Reconnaissables à leur marque blanche sur le cou, ce sont des Pigeons ramier ou Palombes venant de l’est de l’Europe.

La visite du Traquet motteux au Puy-Saint-Bonnet est par ailleurs remarquable. Le plumage nuptial du mâle est caractéristique : un corps gris clair, des ailes noires et un masque noir sur les yeux. Cette espèce menacée l’est plus particulièrement dans les Pays de la Loire où elle est en danger critique de disparition.

Autre espèce très rare en Anjou, le Pipit farlouse passe lui aussi par Saint Bonnet en octobre. Il précède souvent l’Alouette des champs, bien plus commune.

En suivant la route qui file sur la crête, les randonneurs croiseront peut-être des oiseaux du bocage. Le Gobe-mouches gris, un migrateur très discret, profite des haies et petits boisements pour se déplacer discrètement et chasser les insectes au vol.

L’anecdote du naturaliste Un intrépide voyageur

Le Traquet motteux est un tout petit oiseau mais un grand voyageur. En équipant une cinquantaine d’individus de GPS, des chercheurs ont découvert en 2012 qu’il pouvait parcourir 14 500 km pour passer l’hiver en Afrique ! Les populations vivant en Alaska passent en effet par la Sibérie puis l’Arabie saoudite pour redescendre ensuite vers l’Afrique subsaharienne. Un périple de trois mois aller, trois mois retour, duquel tous ne reviendront pas.

Les populations vivant en Europe l’été effectuent bien entendu une migration bien plus courte.

Des habitants très discrets

La crête du Puy-Saint-Bonnet abrite des animaux singuliers ayant malheureusement le chic pour passer inaperçu…

Au côté du Renard roux, de la Belette et du Putois d’Europe, un autre mammifère nocturne habite ainsi les lieux. Il s’agit de la Genette commune. Sa longue queue et son pelage tacheté lui donnent des allures de félin d’Afrique. Elle chasse les petits mammifères de la lande et du bocage, en particulier les Campagnols des champs.

D’autres mammifères sortent la nuit : ce sont les chauves-souris. Certaines espèces présentes au Puy-Saint-Bonnet sont menacées ou quasi-menacées au niveau régional. C’est le cas de la Sérotine commune, de la Pipistrelle de Nathusius et de sa cousine la Pipistrelle commune ou encore de l’Oreillard roux. Ce dernier a un physique particulièrement surprenant avec ses oreilles démesurées, presque aussi grandes que son corps !

D’autres animaux remarquables chassent la journée mais sont cachés parmi la végétation. La vipère aspic, espèce menacée de disparition en Pays de la Loire, a notamment été observée sur le site. Une des rares espèces de mygales présentes en France également : Atypus affinis ou Mygale chaussette.

Plus de 90

espèces d'oiseaux migratrices ou sédentaires ont été observées sur la crête du Puy-St-Bonnet.

Le paysage désolé mais coloré des landes armoricaines

Sur le sol granitique de la lande du chêne rond poussent des plantes adaptées à ce milieu peu accueillant. Le visiteur pourra par exemple observer l’Illecèbre verticillé, une espèce particulièrement rare et discrète. Il s’est fait une spécialité d’investir les sols acides inondés une partie de l'année.

La Spargoute printanière est une autre colonisatrice de ces milieux granitiques arides mais elle s'observe sur les rocailles sèches et non les points d'eau. Peu commune, elle est elle aussi considérée comme quasi menacée en Pays de la Loire.

Si la plupart des orchidées poussent sur sol calcaire, certaines font exception. Les promeneurs pourront ainsi admirer quelques espèces adaptées aux terres acides comme l’Orchis bouffon. Il se reconnaît à son inflorescence dense et à ses fleurs violettes. Il ne faudra pas le confondre avec l’Orchis à fleurs lâches, d’un joli violet vif et dont les fleurs sont plus espacées sur la tige.

Ce dernier pousse surtout dans les endroits les plus humides du site.

Mais les premières couleurs que percevra le promeneur en pénétrant dans la lande du chêne rond sont celles des arbustes. L'ajonc colore en jaune doré le paysage tandis que la Bruyère cendrée et la Callune apportent des touches rose violacé au tableau. On dirait la Bretagne !

La chapelle du Chêne rond au secours des enfants

L’édifice religieux hexagonal qui domine le paysage a été érigé en 1858. La région était alors touchée par une épidémie d’angine diphtérique et Sœur Saint-Luc espérait ainsi y mettre fin. Il n’existait en effet aucun vaccin à cette époque pour endiguer cette maladie touchant principalement les enfants.

La chapelle a été conçue par l'architecte diocésain Alfred Tessier, à qui l'on doit notamment l'impressionnante église Notre-Dame de Cholet. Elle est, comme cette dernière, dans un style néogothique. À noter que La Vierge qui surmonte l’édifice est plus récente puisqu’une première statue avait été détruite par la foudre.

Un espace naturel sensible protégé

L’agglomération de Cholet est responsable de la gestion de la lande du chêne rond. Il lui incombe ainsi de veiller à préserver les zones de landes et de pelouses autour de la chapelle. Ces dernières sont en effet les « hot spot » de l’espace naturel sensible, en particulier pour la flore.

Des actions sont également réalisées pour la faune comme la mise en place de nichoirs en 2014 par Mauges-Nature et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Ces aménagements sont destinés à la Chouette hulotte et la Chevêche d'Athéna. Cette dernière est en effet une espèce spécifique du bocage qui trouve sur l'ENS des milieux de chasse propices. Les Pays de la Loire hébergent une part importante de sa population française et la région a donc une responsabilité très élevée dans sa sauvegarde.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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