Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Coteaux de la Sèvre-nantaise

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Entre la Vendée et le Maine-et-Loire, de singuliers coteaux

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Situé non loin de Cholet, le Rocher du Manis est un site d’escalade renommé. Il s’insère dans le vaste espace naturel sensible (ENS) des coteaux de la Sèvre nantaise. Un sentier découverte permet d’en apprécier quelques aspects paysagers et naturels.

La Sèvre nantaise, Vendéens et Angevins la connaissent bien. Cet affluent de la Loire coule entre les deux départements, traçant son sillon dans les contreforts du massif armoricain. La vallée est ainsi marquée par le granit, tant par ses sols acides que ses affleurements rocheux. C’est jusque dans le lit de la rivière que l’on retrouve la roche magmatique, émergeant çà et là en blocs difformes. Une particularité valant au cours d’eau le surnom de « Sèvre aux menhirs roulants ».

Entre St-Aubin des Ormeaux et Torfou en passant par Tiffauges, le visiteur découvrira une terre de contrastes. Les prairies bocagères en bord de cours d’eau laissent place à des coteaux secs et rocailleux sur les hauteurs de la rive droite. Cette proximité de milieux détonants permet à une flore très diversifiée de se développer. De l’ombre des boisements humides aux rochers brûlants, la faune s’y fait tout aussi éclectique.

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Le rocher du Manis »

Faune et flore des coteaux de la Sèvre Nantaise

Quand les plantes goûtent à l’acidité

Au Rocher du Manis, il n’y a pas que les grimpeurs qui sont intrépides. La flore y affronte un sol acide et un soleil cuisant. Des plantes grasses, tel le Nombril de Vénus, émergent par bouquets d’entre les pierres. Cette dernière doit son nom à ses feuilles sphériques creusées en leur centre.

Autre plante accaparant les rochers : le Millepertuis à feuilles de linaire. Il donne en été de jolis « boutons d’or » dont les pétales se seraient étirés.

Les coteaux siliceux sont riches en plantes rares et protégées. L’Adénocarpe à feuilles pliées, un arbrisseau au feuillage persistant, en est un bel exemple. Si elle peut facilement être confondue avec le Genêt à balais, ses étranges gousses teintées de rouges et couvertes de poils glanduleux sont très caractéristiques !

La Digitale pourprée apprécie elle aussi les sols siliceux. Bien plus commune, elle est qui plus est exubérante avec ses épis de fleurs roses en forme de clochettes. Enfin, lorsqu’elle décide de fleurir ! Bisannuelle lorsque le milieu lui est favorable, elle peut attendre douze ans avant de donner ses premières fleurs si elle se juge trop petite !

Entre avril et juin selon la météo, il est également possible d’admirer l’Asphodèle blanche. Avec ses grappes de fleurs très abondantes, elle devient la star du coteau. Le blanc des pétales contraste joliment avec l'orange des étamines...

En fond de vallée, dans les prairies au bord de l’eau, c’est la Fritillaire pintade qui ravira par endroits les promeneurs.

L’anecdote du naturaliste Un phénix végétal

L'Asphodèle et les feux de forêt, c’est (presque) une histoire d’amour. Cette plante est en effet dite "pyrophyte" - et non pyromane, la nuance est grande. Si elle ne met pas le feu à son habitat, elle tire en revanche profit des incendies qui le ravagent. Tandis que ses voisines périssent, l’Asphodèle tient bon ou, du moins, son tubercule. Dans la lande désolée et noircie, elle repart alors de plus belle, devançant ainsi les autres plantes qui pourraient la concurrencer.

Sur les pierres ou l’écorce, des insectes remarquables

Dans les pelouses rocailleuses bordant la Sèvre nantaise, les insectes bondissants abondent. Et ce, en toutes saisons ! Vous l’aurez pourtant remarqué : criquets et sauterelles ne sont habituellement visibles qu’en été. L’hiver les adultes disparaissent, laissant place à une nouvelle génération alors à l’état d’œufs.

Mais dans cet espace naturel sensible se trouvent quelques immortels. La Méconème scutigère est de ceux-là, ce qui lui vaut le surnom de « Sauterelle de Noël » ! C’est également le cas de l’Aïolope automnale dont les adultes sont visibles dès octobre. Voilà une espèce phare des coteaux de la Sèvre nantaise puisque c’est le premier site en Maine-et-Loire où ce criquet a été observé !

Son cousin l’Aïolope émeraude n’aura malheureusement pas la chance de traverser l’hiver. Ni l’Ephippigère carénée, une sauterelle aux ailes atrophiées ou le Sténobothre nain, un tout petit criquet.

L’abondance de ces criquets sur l’ENS témoigne de son grand intérêt écologique. La présence d’autres insectes l’est tout autant. Les vieux chênes dans le bocage profitent par exemple au Grand Capricorne. Ce coléoptère pouvant atteindre les 6 centimètres (sans compter ses antennes !) est un xylophage. Ses chenilles s’attaquent aux arbres sénescents, devenant de vraies ingénieures dans la forêt alluviale. En creusant des galeries, elles permettent à de nombreux autres insectes de s’y installer par la suite.

À ses côtés, une autre mangeuse de bois opte plutôt pour les frênes : il s’agit de la gracieuse Rosalie des Alpes.

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espèces d’insectes rares ou menacés ont été identifiées sur les coteaux de la Sèvre Nantaise.

Les animaux à la grimpe

Ils n’ont besoin ni de chaussons d’escalade, ni de baudrier. Le Lézard des murailles et son grand frère le Lézard vert sont naturellement armés pour s’attaquer au Rocher du Manie. Si leur talent de grimpeur est bien connu, celui de la genette et de la martre l’est beaucoup moins. Ces deux mammifères excellent pourtant à se mouvoir dans les arbres mais restent très discrets. Ils ne sortent qu’à la tombée de la nuit. Les chances sont donc quasi nulles de les croiser !

Des oiseaux s’avèrent également très à l’aise pour se déplacer à la verticale. Il s’agit notamment de la Sittelle torchepot et du Grimpereau des jardins. Le premier fait des allers-retours de haut en bas sur les troncs tandis que le second monte toujours en spirale.

De nombreux autres oiseaux ont par ailleurs leurs habitudes dans la vallée. Entre mai et août, c’est en particulier le Loriot d’Europe qui égaille les lieux de son joli chant flûté.

Un rocher ayant vu passer mille et une mains

35 mètres de haut et 65 voies proposées : pour les passionnés d’escalades, le Rocher du Manis est un incontournable ! Le site a d’ailleurs vu passer de nombreux grimpeurs à travers les décennies. Les premières voies ont vraisemblablement été ouvertes dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale ! L’une d’elles porte encore le nom d’un des premiers grimpeurs de la région : Georges Loyer.

Les voies se sont diversifiées et complexifiées peu à peu suite au développement de nouvelles pratiques d’escalade comme le bloc. Aujourd’hui le Rocher du Manis est ainsi l’un des plus importants sites d’escalade des Pays de la Loire. Il est, par ailleurs, accessible à tous les niveaux, de façon sécurisée.

Pour ceux qui ont le vertige, les rives boisées de la Sèvre nantaise offrent l’alternative d’une randonnée à l’ombre. Ce sera l’occasion de découvrir les multiples faciès de la rivière ainsi que son riche patrimoine bâti.

Les moulins à eau sont nombreux le long de son cours comme celui de Guérin et celui de la Roche dans la commune de Tiffauges. Ce dernier présente une chaussée agrémentée d’un petit pont en pierre particulièrement pittoresque !

Quant au Château de Tiffauges, ou château de Barbe-bleue, il étire ses ruines au bord de la Sèvre nantaise. Ses enceintes encore impressionnantes font face au Maine-et-Loire.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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