Ha
Aux portes d’Angers, un site ardoisier tout en contrastes
Dans la commune des Garennes-sur-Loire, à 9 km du centre-ville d’Angers, se trouve un lieu atypique. Ancienne carrière de schiste à ciel ouvert, le parc des Garennes dévoile des paysages bosselés, tourmentés, parfois quasi-lunaires. Les chutes d’ardoise jonchant le sol donnent même à ces ondulations des reflets bleutés…
Si des pelouses rases recouvrent bon gré mal gré les buttes siliceuses surchauffées, la végétation est tout autre dans les dépressions. Marécages tourbeux et petites mares y accueillent une flore et une faune en quête de fraîcheur.
Cette variété de milieux permet à la biodiversité de s’exprimer en de multiples variations. Par endroits, une touche d’exotisme s’invite même aux côtés de la végétation indigène : des Pins laricio de Corse et des Cèdres de l’Atlas et du Liban offrent leur ombrage aux promeneurs.
Le parc des Garennes, mais aussi le bois Guillou, l’étang de la Tore et les nombreuses prairies alentours, sont reconnus espace naturel sensible (ENS) par le Département. Un site à découvrir à travers les divers sentiers qui le parcourent. Et, pourquoi pas, au gré de la balade interactive « En’quête de plantes ».
Faune et flore des Garennes
Des plantes pionnières singulières
Certaines espèces végétales se sont spécialisées dans la reconquête des sols vierges. Ces terrains mis à nu sont typiquement présents dans les carrières. Les ardoisières des Garennes ne font pas exception et ont été colonisées par ces espèces dites pionnières. Sur les dalles rocheuses pousse par exemple la Gagée de Bohème, une Liliacée aux fleurs jaunes. Elle est très rare en Maine-et-Loire et y est en danger critique d’extinction.
Les Orpins sont d’autres plantes pionnières typiques. Ils forment ici et là de petits tapis sur le sol rocheux. L’Orpin d’Angleterre et l’Orpin blanc sont en particulier bien visibles. Ce sont des Crassulacées, des « plantes grasses » très particulières. Leurs petites tiges sont couvertes de feuilles charnues et ovoïdes, vertes ou rouges, tandis que leurs fleurs forment un manteau blanc.
Des milieux humides très variés
Changement de décor au bord du ruisseau du Vieux Louet où le promeneur pénètre dans des boisements humides. Frênes oxyphylles, Ormes et Saules y cachent sous leurs ramures des plantes rares et protégées. La délicate Cardamine à petites fleurs y côtoie la velue Germandrée des marais.
Dans les cuvettes humides du parc, les Aulnes accueillent à leurs pieds de nombreuses fougères et sphaignes (des mousses). La Sphaigne flexueuse et sa cousine à feuilles capillaires n’avaient pas été revues en Anjou depuis un siècle avant d’être observées ici !
Dans une mare du parc, le visiteur reconnaîtra facilement les Nénuphars jaunes qui la tapissent aux côtés de la Morène aquatique. Plus loin, au bord de l’étang de la Tore prennent place des roselières. En leur sein se cache une graminée d’apparence très ordinaire mais peu commune : le Pâturin des marais.
De très belles prairies naturelles, bien préservées, viennent compléter ce panel de zones humides. Dans ces dernières, la Fritillaire pintade abonde et est prisée des photographes. Tape à l’œil avec ses clochettes mauves, elle en ferait oublier d’autres plantes d’intérêts. Le Trèfle de Micheli, protégé en Pays de la Loire, et la Spirée filipendule, menacée, en sont deux exemples.
Un fourmillement de petites bêbêtes
Des insectes, aux Garennes, il y en a de toutes tailles et de toutes formes ! Dans les prairies naturelles, ce sont les papillons qui attireront le regard à la belle saison. Le Mélitée orangée et le Mélitée des Centaurées, aux beaux damiers, sont les plus typiques.
La gestion raisonnée des boisements permet également la reproduction de gros coléoptères xylophages. Les larves de la Rosalie des Alpes, du Grand Capricorne et du Lucane Cerf-volant se nourrissent en effet des arbres morts laissés sur place.
Mais c’est avant tout par sa diversité d’Orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) que le parc et ses alentours impressionnent. Plus de la moitié des espèces connues en Maine-et-Loire y ont été observées ! Certains, comme le Criquet des roseaux et le Criquet ensanglanté, vivent dans les prairies inondables. D’autres, tels les Œdipode bleue et aigue-marine, apprécient les affleurements secs et chauds. D’autres encore (le Criquet des Pins, la Grande Sauterelle verte…) font entendre leurs stridulations parmi les boisements.
Tous ces insectes attirent des araignées, et pas des moindres ! La Lycose tarentuline ou "Tarantule vraie" a de quoi impressionner. Elle n’est toutefois nullement dangereuse pour l’homme, au même titre que la Tégénaire des Pictes et la Mygale à chaussettes qui lui tiennent compagnie.
Des Castors aux Tritons, des hôtes singuliers
Parmi les frondaisons, Mésanges, Sittelles et Roitelets huppés accueillent de leur mélopée le visiteur. Les Pics se chargeront quant à eux de frapper aux portes de la forêt pour annoncer sa venue. Parmi eux, le Pic épeichette et le Pic noir sont des espèces peu communes présentes aux Garennes.
Plus discrets, reptiles et amphibiens abondent sur l’ENS. Les buttes ensoleillées et pierreuses sont l’habitat du Lézard des murailles et du Lézard vert mais aussi de la Couleuvre verte-et-jaune. Les dépressions humides bien boisées sont au contraire le royaume de la Grenouille agile et des Tritons ponctué et marbré.
Très timide, une famille Castor s’est également installée aux portes du parc depuis plusieurs années. Elle laisse parfois quelques traces de ses talents d’architecte environnemental. En témoigne, il y a peu, ce petit barrage édifié sur le ruisseau du Vieux Louet !
Une industrie ardoisière de longue date
Le relief mouvementé des Garennes est directement lié au passé minier du site. Lors de l'extraction de l'ardoise, les déchets de taille ont été déposés en divers endroits. Ils ont peu à peu former d'importants monticules appelés terrils. Au fil du temps, ces derniers ont pris un aspect naturel pour se fondre aujourd'hui dans le paysage. Mais les innombrables plaquettes de schiste qui les jonche rappellent leur nature.
De source écrite, l'exploitation des ardoisières à Juigné-sur-Loire et Saint-Jean-des-Mauvrets remonte au XIVe siècle. Mais elle serait vraisemblablement antérieure, au plus tard, au XIIIe, au plus tôt, à l'époque gallo-romaine.
Le filon schisteux fut exploité jusqu'à la Révolution française. Les ardoises qui en ont été extraites sont aujourd'hui à chercher sur les toitures des environs… Ou même à Londres, puisqu'elles furent employées pour reconstruire la capitale suite au grand incendie de 1666.
Un espace naturel sensible protégé
La gestion de l’espace naturel sensible passe par la mise en place d’éco-pâturage, la reconversion de peupleraies en prairies et la canalisation du public.
Bien que protégées, les zones humides du parc restent pour leur part menacées. Les petites tourbières et mares font en effet face aux manques d’eau récurrents liés au changement climatique.
Les rendez-vous nature
Il n'y a aucun évènement organisé pour le moment.