Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Bois et landes de Louerre

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Une forêt enchantée en Anjou

Dans les communes de Tuffalun et Gennes-Val-de-Loire se trouve un vaste espace naturel aux tons féeriques. Réunissant les boisements et landes s’étendant à l’est du village de Louerre, il offre, aux yeux du promeneur, une succession de paysages hauts en couleurs. Prairies, boisements de feuillus, landes sèches et humides, forment autant d’habitats pour des espèces très diverses.

À l’orée du bois, un sentier d’interprétation emportera le promeneur à la découverte de cet espace naturel sensible. Dessinant une boucle sur une petite partie du site, le chemin ombragé réserve par ailleurs quelques surprises. De la chênaie dans laquelle il s’engouffre, le voyageur pourra en atteindre la cime ! Par quelle magie ? Celle, bien sûr, de la longiligne tour Beauregard. Nul besoin de la chercher : elle apparaîtra sur le parcours sans crier gare. Encore cachée sous les frondaisons des arbres, son entrée grande ouverte se dessinera au bout du chemin, à la façon d’un conte chevaleresque.

Le panorama est saisissant une fois passé l’escalier en colimaçon de la tour. À l’Ouest, Louerre et la campagne environnante s’étendent vers l’horizon. À l’Est, c’est la forêt domaniale de Milly qui se déploie, dominée par les résineux.

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « La forêt, un enjeu de taille »

Faune et flore du bois et de ses landes

Sur le sol sableux, des plantes bien différentes

Amateur de bruyères, vous serez servi ! Dans cet espace naturel, ce n'est ni une, ni deux, ni même trois espèces que vous pourrez observer mais quatre. En cause, la diversité des sols plus ou moins humides. Si la Bruyère des marais et la Bruyère ciliée acceptent volontiers d’avoir les pieds dans l’eau, ce n’est pas le cas de la Bruyère cendrée. Quant à la grande Bruyère à balais, elle fait moins la difficile et sait s’adapter !

Cette mosaïque de milieux secs et humides permet également à une vaste biodiversité florale de s’épanouir. Des espèces peu courantes et qui n'ont, pour ainsi dire, rien en commun, se retrouvent à quelques enjambées les unes des autres ! Les berges des mares accueillent notamment les trop rares Étoile d'eau et Cicendie naine, toutes les deux menacées de disparition. La Potentille des montagnes tout comme la Violette lactée, également en déclin, préfèrent quant à elles les sols secs des landes et bords de chemins.

Les sous-bois plus ombragés possèdent également leur lot de plantes rares telles la Gesse noire qui s'assombrit en séchant. À la lisière du bois, c'est cette fois une ombellifère peu commune en Maine-et-Loire que l'on pourra croiser : la Laser à feuilles larges.

Les orchidées, princesses des landes bigarrées

Qu’il est plaisant de croiser, chemin faisant, de belles orchidées ! Leurs fleurs ont toujours ce je-ne-sais-quoi d’envoûtant. À Louerre, il est possible de rencontrer les relativement communs - mais non moins superbes - Orchis singe et Ophrys abeille.

D’autres espèces d’orchidées plus rares se développent également sur les sols forestiers calcaires. C’est le cas de la Platanthère à deux feuilles, une espèce menacée de disparition en Pays de la Loire. Elle présente des inflorescences blanches qui ont la particularité de libérer leur fragrance à la tombée de la nuit. Pourquoi donc ce pied-de-nez aux botanistes en herbes venus l’observer ? Car les papillons qu’elle cherche à séduire sont nocturnes, voilà tout !

Une espèce proche, la Platanthère à fleurs verdâtres, est également présente sur le site. Plus commune, elle est difficile à distinguer de sa consœur… à un détail près, que son nom laisse deviner.

De petits habitants ô combien importants

Beaucoup de papillons zigzaguent dans les landes et clairières fleuries. C’est le cas d’un des plus grands spécimens de jour européens, le Flambé. S’il semble facilement reconnaissable à ses ailes zébrées se terminant en pointes effilées, il ne faudra toutefois pas le confondre avec le Machaon qui fréquente aussi le site. Difficile également de ne pas se perdre devant toutes les variations bleutées que déploient les Azurés. Azuré du Trèfle, de l’Ajonc, de la Faucille… Qui est qui ? Dans l’espace naturel sensible de Louerre, cinq espèces d’Azurés y ont été observées. Le plus rare d’entre eux est sans nul doute l’Azuré du Serpolet, aujourd’hui particulièrement menacé.

Moins tape-à-l’œil, de nombreux autres insectes témoignent de la richesse de cet espace naturel. L’Éphippigère des vignes est par exemple une impressionnante sauterelle dont l’abdomen est particulièrement imposant. Avec ses ailes minuscules la rendant bien incapable de voler, elle cherche à se faire discrète sur le feuillage. Sa stridulation caractéristique la trahit toutefois : elle retentit de jour comme de nuit dans les landes.

Les carabes, des coléoptères, parcourent quant à eux le sous-bois de Louerre à un rythme effréné. Parmi eux, le commun Carabe problématique tient peut-être son nom du fait qu’il n’est pas très joueur : il n’hésitera pas à « mordre » (pincer) le doigt des enfants trop curieux !

L’anecdote du naturaliste Un intrus dans la fourmilière

L’Azuré du Serpolet présente un cycle de vie très original. Il pond de façon spécifique sur les boutons floraux du serpolet et du thym. Sa chenille va se nourrir de la fleur avant de se laisser choir au sol. Là elle attend d’être prise en charge par une espèce de fourmi bien précise : Myrmica sabuleti ! Une fois découverte par une ouvrière, elle est ramenée dans la fourmilière. Elle libère alors un suc dont raffolent ses habitantes tout en dévorant les œufs et les larves ! Une fois l’hiver passé, la chenille forme sa chrysalide avant de s’envoler sous la forme d’un papillon. Cette dépendance vitale à des espèces bien précises rend l’Azuré du Serpolet très sensible à la dégradation de son environnement.

Une avifaune très riche

Le bois et les landes de Louerre hébergent de nombreux oiseaux. Certains sont menacés d’extinction comme la Fauvette pitchou, la Linotte mélodieuse, le Bruant jaune ou encore le Chardonneret élégant.

Autre oiseau remarquable, l’Engoulevent d’Europe s’invite dans le sous-bois au printemps en toute discrétion. Difficile en effet de le distinguer parmi les feuilles mortes : il est doté d’un parfait camouflage ! Mais lorsqu’il se met à pousser la chansonnette au crépuscule, sa présence ne fait plus aucun doute. En guise de chant, c’est une sorte de ronronnement qu’il produit de façon continue. Cela n’a toutefois rien à voir avec le ron-ron de nos compagnons à poils ! Il serait plus proche d’un bruit inquiétant d’électronique, d’un ordinateur à bout de souffle ou même d’un moteur changeant difficilement de régime…

Le bois et les landes de Louerre constituent également un site important pour les grands rapaces. Le Balbuzard pêcheur, l’Autour des palombes, le Busard Saint Martin ou encore le Circaète Jean-le-Blanc y ont leurs habitudes.

De la tour Beauregard à la plaine de Bataillé

Le sentier « La forêt, un enjeu de taille » vous mènera au pied de la charmante tour Beauregard. L’édifice a été construit en 1870 par un ancien maire de Louerre, Jean-Auguste Boutiller de Beauregard. Voulait-il impressionner ainsi sa dulcinée ? Se rapprocher des étoiles ? Que nenni : il cherchait à dépasser le plus haut toit du château de son rival politique, Ernest Grignon. Du haut de ses 75 marches, la tour a une histoire qui vole au ras des pâquerettes.

En revenant du bois, n’hésitez pas à faire un tour à Louerre. Ses maisons de pierre et ses rues souvent fleuries ne manquent pas de charme. Ni même son lavoir, une des sources qui alimente l’Aubance. Quant à l’église, elle possède encore quelques éléments datant du XIIIe siècle.

Au-delà du village, à l’est, s’étend une plaine agricole : la plaine de Bataillé. Cette dernière a sans doute été le théâtre d’une heure sanglante de l’histoire de l’Anjou. En 1889, l’historien Lionnel Bonnemère relate ainsi comment il y a fait de macabres découvertes archéologiques. Il y avait là des squelettes entassés, sans cercueils : « […] je n’ai pas tardé à acquérir la conviction que j’étais en présence d’un endroit où la guerre avait dû déployer toutes ses fureurs » écrit-il. Il se pourrait bien, en effet, que ce soit le lieu où le chef gaulois Dumnacus aurait tenu tête aux Romains. Une bataille qui, dit-on, se serait terminée en bain de sang.

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