Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Étang de Beaurepaire

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35

Ha

Entre Cholet et Saumur, un monde aquatique changeant

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Dans la commune de Cléré-sur-Layon, l'étang de Beaurepaire s'étend sur une soixantaine d'hectares (dont 35 hectares en espace naturel sensible - ENS), dessinant la frontière entre les Deux-Sèvres et le Maine-et-Loire. Tout en longueur, peu profond et entouré de berges plates, il se fait plus ou moins large selon la saison.

L’hiver, le niveau d’eau augmente et les rives se retrouvent immergées. Pour qui est venu à la belle saison, la métamorphose du lieu est saisissante.

L’été, c’est l’exondation : une flore singulière émerge de l’eau, voire se retrouve les pieds au sec. En cercles presque concentriques, des ceintures multicolores apparaissent autour du point d’eau. Ce sont autant de communautés végétales différentes. La faune change elle aussi, avec le départ des oiseaux hivernants et l’arrivée d’espèces nicheuses.

Faune et flore de l’étang de Beaurepaire

Une flore annuelle particulièrement adaptée

Les fluctuations du niveau d'eau créent des habitats particuliers qui font tout l’intérêt du site. Une végétation rare, annuelle, s’est adaptée à ces sautes d’humeur saisonnières.

Les grèves et vases exondées accueillent notamment la Cardamine à petites fleurs, une brassicacée annuelle, la Patience maritime ou encore la Potentille couchée. Trois plantes qui sont protégées en Pays de la Loire. Mais la star du site est sans nul doute l’Étoile d’eau, également appelée Damasonie étoilée.

L’Étoile d’eau tient son nom des fruits qu'elle porte : des petites pointes verdâtres formant une étoile à six branches. La plante arbore par ailleurs des fleurs blanches à trois pétales et présente de longues feuilles plates. On dirait des palmes ! Cette espèce herbacée annuelle est extrêmement rare. Ses effectifs régressent et elle est inscrite sur les listes rouges nationale et mondiale des espèces menacées. À l’étang de Beaurepaire, il y a bien des chances que seul l’œil de lynx du botaniste découvre les quelques pieds présents.

Les prairies humides bordant l’étang ont par ailleurs accueilli par le passé la rare Fritillaire pintade, ou Gogane. Il est possible que les promeneurs les plus chanceux découvrent à nouveau ses jolies fleurs à damier !

Plus de 200

espèces d'oiseaux ont été recensées en trente ans de suivis

Un « beau repère » pour une faune remarquable

Dans l’étang barbotent de nombreuses espèces de canards aux coloris variés, certaines n’étant que de passage. C’est le cas de Fuligule milouin, reconnaissable à sa tête rousse et ses yeux d’un rouge éclatant. Il est particulièrement menacé de disparition en France, tout comme deux autres visiteurs du site : la Sarcelle d’été et sa grande sœur la Sarcelle d’hiver.

Pourquoi donc Sarcelle d’hiver et Sarcelle d’été ? Leur nom témoigne d’une différence de comportement majeure : la Sarcelle d'hiver reste en France durant la saison froide tandis que la Sarcelle d'été préfère s'envoler pour les pays chauds. Est-elle plus timorée ou plus frileuse, ça, personne ne lui a demandé...

Les roselières abritent un oiseau très pudique : le Râle d’eau. Il y reste caché la majeure partie de la journée. Des petits passereaux comme la Bouscarle de Cetti profitent également des hautes herbes des roselières.

L’élégante Bécassine des marais a aussi été observée sur l’étang. Son plumage strié brun et ocre lui offre non seulement une belle parure mais aussi un parfait camouflage. Elle se reconnaît à son bec démesurément long. Cet oiseau, emblématique des milieux humides, est aujourd'hui en danger critique d'extinction en Pays de la Loire.

Lieu de nidification pour des oiseaux migrateurs comme sédentaires, l’étang de Beaurepaire abrite également de nombreux Odonates (libellules et demoiselles). Le Leste fiancé est l'une des espèces remarquables que l'on peut apercevoir de mai à octobre. Cette demoiselle présente des teintes métalliques : la femelle est entièrement dominée par du vert-cuivré, tandis que le mâle se pare en plus d’un bleu poudré aux extrémités de son abdomen.

L’anecdote du naturaliste Quand l’eau va et s’en va

Contrairement aux apparences, la mise à sec d’un étang n’est pas synonyme de mise à mort. Pour certaines plantes comme la Potentille couchée, c’est même une aubaine ! Présentes sous forme de graines au fond de l’eau, elles attendaient depuis des années cette occasion pour germer. Ces espèces très spécialisées s’empressent alors de se reproduire et de disséminer de nouvelles graines avant que l’eau ne revienne les immerger. Et si l’étang reste à sec ? Eh bien elles ne s’en réjouissent pas, car des plantes plus performantes qu’elles sur ce milieu sec pourraient bien prendre leur place. Elles ont donc besoin que l’assec soit temporaire, tout comme les autres plantes de l’étang.

Un espace naturel sensible en action

Le conservatoire d’espaces naturels de Poitou-Charentes a acquis l’étang en 2012 et assure depuis la gestion du site. Il y a également réalisé plusieurs inventaires faunistiques.

En novembre 2018, un projet de restauration de la digue datant du XIVe siècle a été lancé. Il a contraint à la mise en assec de l’étang. Depuis, l’eau n’est pas revenue.

Cette mise en assec a d’abord un effet positif. Tout comme le curage, elle permet en particulier de minéraliser les vases et éviter ainsi l’envasement du plan d’eau.

Les plantes aquatiques peuvent par ailleurs, dans une certaine mesure, s’adapter à la situation. Celles qui ont la capacité de migrer au cours de leur reproduction vont se développer dans le fond de l’étang encore humide. Celles qui sont vivaces peuvent se maintenir durant quelque temps. Quant aux plantes comme l’Étoile d’eau, ses pieds ont certainement dépéri. Il reste toutefois dans la vase des graines qu’elle avait produites auparavant. À condition que l’assec ne soit pas trop long, elles pourront germer à nouveau après la remise en eau.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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