Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Gravières et bois des Monteaux

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À l'est de l'Anjou, au petit paradis des oiseaux d'eau

Sur la commune de Vivy, entre Tours et Angers, se trouve l’une des plus remarquables zones aquatique du Saumurois. Elle est constituée de deux plans d’eau, séparés seulement par une route et bordés d’un bois au nord. Une carrière encore en activité rappelle leur origine commune : ce furent, il n’y a pas si longtemps, des gravières.

Le plus petit plan d’eau, au Nord, a été aménagé en étang de loisir. Le second, plus récent, est une réserve ornithologique d’importance régionale. De par sa taille, ses îlots et sa quiétude, il est devenu le site accueillant la plus grande diversité d’oiseaux en Maine-et-Loire ! La proximité de l’étang avec plusieurs autres gravières et la vallée de la Loire n’y est pas non plus étrangère.

Des observatoires permettent d’y découvrir en catimini la vie singulière des oiseaux paludicoles. Nullement dérangés, ces derniers vaquent ainsi à leurs occupations quotidiennes sous les yeux ébahis des curieux... Certains viennent y passer la mauvaise saison, d’autres y paradent au retour des beaux jours. Un lieu à visiter, donc, été comme hiver !

Pour découvrir le site, suivez le sentier nature « Le Ministère de l'Ornithologie des Monteaux »

Faune et flore de la gravière et du bois des Monteaux

Des glaneurs, des barboteurs et des plongeurs

En hiver, les canards viennent par centaines sur la gravière des Monteaux. Parmi eux, certains sont dits « de surface » : Canards pilet, souchet, siffleur, chipeau... Tous se nourrissent sur la vase ou dans l’eau mais sans jamais plonger. Au mieux s’immergent-ils partiellement, la queue en l’air. La Sarcelle d’hiver, autre canard barboteur, vient parfois se joindre à eux.

D’autres oiseaux sont au contraire d’invétérés plongeurs. C’est le cas des Grèbes, du Fuligule milouin ou encore de la Nette rousse. Cette dernière est un joli canard à la tête cuivrée et au bec fluo qui a nidifié pour la première fois en Anjou ici, en 2021.

Certains hôtes de l’étang préfèrent, tout en marchant, glaner des invertébrés ou sonder le sol pour mieux les débusquer. Ce sont principalement des Limicoles comme les Chevaliers guignette et cul-blanc ou le Courlis cendré. Discrets, certains d’entre eux ne s'aventurent pas ou peu en dehors des roselières. La peu commune Bécassine des Marais est de ceux-là. Très timide, elle a même opté pour un camouflage adéquat.

Un site de nidification exceptionnel

À la belle saison, les lieux ne sont pas moins animés. Des oiseaux rares ou menacés en Pays de la Loire trouvent en la gravière des Monteaux un endroit idéal pour nidifier. Le Grèbe à cou noir profite par exemple de l’intimité offerte par la roselière.

Les Mouettes rieuses viennent nicher en nombre sur les ilots de l’étang, devenus de véritables nurseries géantes ! Les Mouettes mélanocéphales sont également très nombreuses à y faire leur nid. Elles ont même établi là l’une de leurs plus grandes colonies de l’Ouest de la France ! Un lieu qu’elles partagent aussi avec les Sternes pierregarins.

Des rapaces peu communs s’invitent également dans le paysage. C’est le cas du Balbuzard pêcheur et du Hibou des marais. Ce dernier, menacé de disparaître en Pays de la Loire, trouve sur une prairie près de la gravière un inespéré dortoir. Il ressemble beaucoup à son cousin le Hibou moyen-duc mais il a la particularité de ne pas être tout à fait nocturne. Il chasse en effet dès la fin de journée, voir en plein jour durant l’hiver !

L’anecdote du naturaliste Des becs qui en disent long sur l’alimentation

Les oiseaux d’eau offrent un défilé de plumages colorés mais aussi de curieux outils : pinces, spatules, poignards... Le bec des Chevaliers, par exemple, est long et effilé, leur permettant d’attraper des invertébrés dans la vase peu profonde. Le Courlis cendré en possède un similaire mais recourbé, avec lequel il sonde celle-ci.

D’autres oiseaux comme les Sternes et les Grèbes ont des becs pointus afin de saisir avec précision des poissons.

Quant aux becs aplatis des canards, ils n’ont pas pour objectif de pincer leurs congénères. Ils permettent de filtrer l’eau grâce à des lamelles pour en éliminer la vase tout en gardant les graines, débris végétaux et petits invertébrés.

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espèces d’oiseaux ont été observées sur le plan d’eau depuis sa création.

Une végétation contrastée

Les plantes pionnières qui avaient colonisé les sols nus de la carrière se retrouvent aujourd’hui sur de petites zones refuges. Ce sont principalement des bords de chemins et de routes ainsi que des pelouses sèches à la lisière du bois. Diverses plantes rares peuvent y être observées comme l’Ornithope penné et l’Ornithope comprimé. Leur nom d’Ornithopus vient de leurs gousses. Ces dernières, regroupées par trois, ressemblent en effet à un pied d’oiseau (ornitho en latin).

Les buissons d’Astérocarpe faux-sésame sont une autre singularité du paysage. Cette plante quasi-menacée en Pays de la Loire donne de grandes inflorescences blanches très fournies.

Dans les friches bordant le site se trouvent d’autres plantes remarquables tel le Persil des moissons. Cette espèce messicole , très liée aux cultures céréalières, est assez répandue en Maine-et-Loire mais souffre de l’usage des herbicides.

D’autres végétaux menacés et protégés se sont développés cette fois au niveau des plans d’eau. C’est le cas de l’aquatique Potamot capillaire, vivant totalement immergé et ressemblant à un tas d’herbes enchevêtrées. Au bord de la gravière pousse également la rare Marisque des marais, une plante herbacée pouvant atteindre les deux mètres de haut.

Sous l'ombrage de la flore, la fonge

Près de 96 espèces de champignons ont été observées sur l’espace naturel sensible. Le boisement mixte d’aulnes et de chênes, humide, en abrite une grande partie. Sur le bois mort pousse notamment la Galère d’automne, une espèce rare et menacée qu’il ne vaut mieux pas croquer ! Elle possède le même poison que les « anges de la mort » tels l’Amanite phalloïde. Le sol pauvre du site est adapté au développement d’autres champignons peu communs comme le Lépiote de Badham et la Volvaire volvacée.

De la carrière à la zone humide, une mue pilotée par l’homme

La réserve ornithologique des Monteaux était auparavant une carrière d’où l’on extrayait du sable et des gravillons. Si elle s’est aujourd’hui métamorphosée, la nature n'y a pas "repris ses droits" d’elle-même. C’est bien l’être humain qui a aménagé l’espace pour qu’elle s’y installe. Cette métamorphose en un réservoir de biodiversité a été pensé dès le début de l’exploitation.

Le relief du lit de l’étang a par exemple été façonné au fur et à mesure que les engins creusaient le site. C’est ainsi que des îlots de taille et de hauteur variés ont pu émerger du paysage. La boue quant à elle a été rejetée à des endroits spécifiques afin de créer des cônes de sédimentation. À ces endroits peu profonds des roselières ont pu par la suite se développer naturellement.

Des fronts de taille ont également été conservés durant l’exploitation afin qu’ils puissent servir plus tard à la nidification d’oiseaux. Ce sont entre autres les Hirondelles de rivage qui creusent leurs nids dans ces parois.

Un espace naturel sensible protégé

Le plan d’eau sud des Monteaux est entièrement dédié à l’avifaune. La pêche y est ainsi interdite et l’impact de la fréquentation minimisé grâce aux observatoires qui cachent les visiteurs.

Le site est géré par la commune de Vivy avec les conseils de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et divers financements, dont ceux du Département de Maine-et-Loire. Le développement des saules y est en particulier limité. Les bords de chemin sont par ailleurs entretenus en pelouse rase pour préserver la flore patrimoniale qui pousse là.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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