Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Marais de Juigné

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Au pied des Basses vallées angevines, un plan d’eau précieux

Dans la vaste zone humide que constituent les Basses vallées angevines, le marais de Montreuil-Juigné fait figure d'exception. Tandis que le reste de la plaine n’est inondée qu’une partie de l’année, ce dernier est en eau hiver comme été. Cette ancienne boire (bras mort) de la Mayenne constitue ainsi un inestimable refuge. Lorsqu’ailleurs l’eau vient à manquer, les animaux s’y rendent en nombre.

Lieu de reproduction pour les poissons, ce marais est surtout connu pour la diversité d’oiseaux qu’il accueille. Sa taille modeste n’en fait pas moins un site ornithologique majeur du Maine-et-Loire. Le promeneur pourra en prendre la mesure en scrutant « incognito » l’étendue d’eau depuis l’un des deux observatoires. L’un est situé près du chemin de halage de la Mayenne tandis que le second est du côté du bourg de Juigné.

Si la faune du marais de Juigné est pleine de surprises, le plan d’eau recèle également de petites merveilles floristiques. Raison supplémentaire pour y faire un tour !

Faune et flore du marais de Montreuil-Juigné

Un refuge pour des plantes rares

Les Laîches ou Carex, ces touffes vertes aux feuilles coupantes, bordent le marais. Moins visibles, de petites plantes annuelles poussent sur les vases. Parmi celles-ci, la Lindernie couchée ou Lindernie des marais est une espèce extrêmement rare. Redécouverte il y a peu sur le plan d’eau, ce dernier constitue aujourd’hui l’un de ses derniers refuges angevins.

Autre plante dont la présence est non moins exceptionnelle : la Pulicaire commune. Cette espèce appréciant elle aussi la vase se reconnaît à ses fleurs jaunes, son aspect velu et… l’odeur putride qui en émane !

Autour du marais, une flore typique des basses vallées angevines se déploie dans les prairies. Elle diffère de parcelles en parcelles selon le nombre de mois pendant lesquelles ces dernières sont inondées. Près du plan d’eau, c’est en particulier l’Oenanthe à feuilles de peucédan que l’on peut observer.

Aux premières loges d’une vie aquatique animée

Depuis les observatoires, Hérons cendrés, Foulques macroules et Gallinules poules d’eau se laissent facilement « zieuter » toute l’année. Il en est de même pour les Canards col-vert et les Cygnes tuberculés. Les Canards souchets, Fuligules milouins et Fuligules morillons seront quant à eux au rendez-vous l’hiver. Ainsi que la Sarcelle d’hiver, bien sûr !

Mais c’est surtout au printemps que des oiseaux migrateurs viennent en nombre se poser sur l’étang. Celui-ci constitue leur zone de repli si les prairies inondées viennent à manquer. Oies cendrées, Canards siffleurs, Tadornes de Belon et bien d’autres oiseaux profitent alors du gîte et du couvert.

À l’heure vernale s’invite aussi le ballet aérien des Hirondelles. L’Hirondelle rustique, l’Hirondelle de fenêtre et même l’Hirondelle de rivage y entrecroisent leurs arabesques.

L’anecdote du naturaliste Des gardiens de troupeaux très opportunistes

Certains hérons blancs du marais semblent s'être acoquinés avec les vaches paissant aux alentours. Ce ne sont pas des Aigrettes mais des Hérons garde-boeufs. D'origine indo-africaine, ils sont arrivés en Maine-et-Loire en 2004. S’ils évoluaient là-bas parmi les troupeaux de Buffles, Antilopes ou Zèbres, ils cohabitent ici avec le bétail. Ils suivent les vaches de près et se perchent parfois sur leur dos ! Objectif : attraper les insectes et batraciens que le passage des herbivores fait fuir. Ils peuvent même, à l'occasion, débarrasser ces derniers de quelques tiques. Mais ce comportement est bien plus rare que chez le Pique-boeuf, un oiseau resté pour sa part en Afrique !

126

espèces d’oiseaux ont été observées au Marais de Montreuil-Juigné depuis 2010

Sous la surface ou dans les berges, des animaux cachés

Difficile de soupçonner l’incroyable diversité de forme et de taille des hôtes du marais. Il y a des géants, comme les Brochets qui viennent ici se reproduire. D’autres sont des moustachus peu appréciés, ce sont les Poissons-chats, une espèce invasive. D’autres encore sont pourvus d’une carapace : les fameuses Tortues de Floride, tout aussi invasives.

Le Rat musqué, un rongeur aquatique américain, réside désormais également au marais. Comme le Ragondin lui aussi présent, il est classé « nuisible » en France car il endommage les berges. S’il vit caché ici, ailleurs il est capable de réaliser des huttes, versions rudimentaires de celles des castors.

Le marais est par ailleurs discrètement habité par des larves d’insectes vivant parmi les herbes immergées. Plusieurs d’entre elles sont assez grosses et ont une apparence qui pourrait en effrayer certains… Ce sont pourtant ces petits monstres qui se changeront par la suite en de gracieuses Libellules et Demoiselles ! Le Gomphe gentil et l’Ischnure élégante en sont de beaux exemples.

Un espace naturel sensible à protéger

L'abreuvement du bétail dans la Mayenne entraînait autrefois une érosion des berges et des risques de pollution de l'eau. Les vaches n'ont donc plus accès à la rivière ni au marais. Pour pallier cette restriction, une éolienne « oasis » a été installée. Celle-ci permet d’actionner par la force du vent une pompe, l’eau étant ensuite acheminée aux abreuvoirs.

Autre aménagement : un clapet permettant de gérer les niveaux d’eau dans le marais selon les saisons. Cela permet d’éviter les risques d’asséchement mais également de réguler l’envasement et le développement de certaines plantes envahissantes. La Jussie rampante donne toutefois du fil à retordre et des opérations d’arrachage sont régulièrement réalisées.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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