Anjou - Département de Maine-et-Loire
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© Étienne Begouen

Coteaux de Martigné-Briand

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Au bord du Layon, des coteaux atypiques

Sur une bonne partie de son cours, le Layon, un affluent de la Loire, suit une faille géologique. Il se faufile alors entre le bassin parisien, à l’Est, et les contreforts du massif armoricain, à l’Ouest. Le relief s’en retrouve particulièrement marqué en aval de Thouarcé, où de véritables falaises découpent par endroits l’horizon.

Un peu plus en amont, la rive droite de la vallée présente déjà d’assez fortes pentes. C'est dans ce paysage quelque peu escarpé que prennent place les coteaux de Martigné-Briand, dans la commune de Terranjou.

Le fond de vallée boisé laisse place sur les hauteurs à une mosaïque de champs céréaliers, de pelouses sèches et de friches. Les vignobles s’invitent également en nombre dans le paysage. Les vins blanc et liquoreux qui en sont tirés sont particulièrement réputés !

Là où la roche calcaire se fait affleurante ou que le sol devient sable, des plantes rares pour le Maine-et-Loire se sont développées.

Si l’ensemble du site n’est pas aménagé pour y randonner, le circuit « Sur les pas de Saint Martin » proposé par l’Office de Tourisme Anjou Vignoble et Village permet néanmoins de visiter la partie nord du site.

Faune et flore des Coteaux de Martigné-Briand

Une mygale, une coccinelle à 8 pattes et de nombreux autres habitants

Les coteaux de Martigné-Briand attirent une faune très diversifiée. Le sol caillouteux a notamment charmé la belle Érèse Coccinelle, une araignée rare. Les mâles de cette espèce sont reconnaissables à leur abdomen rouge à points noirs, leur corps velu et leurs pattes avant rayées de blanc. Un physique singulier qui a de quoi impressionner. Et ce, malgré la petite taille de l’animal !

L’Érèse coccinelle n’est bien sûr pas la seule araignée à chasser ici. La présence d’Atypus piceus est en particulier remarquable. C’est une... mygale ! Pas d’inquiétude toutefois : elle est minuscule et ne s’attaque qu’à de petits invertébrés.

Le Lézard vert, un insectivore beaucoup plus gros, apprécie, lui aussi, la chaleur des coteaux. L’un de ses prédateurs, la Couleuvre verte et jaune, est également présent à Martigné-Briand.

Les pentes ensoleillées et l’eau à proximité ont également attiré un amphibien protégé : l’Alyte accoucheur, un curieux crapaud.

De nombreux oiseaux profitent de la mosaïque de milieux agricoles prenant place sur les coteaux. Parmi eux, on compte plusieurs espèces protégées comme l’Alouette lulu, le Bruant proyer et le Bruant zizi. Le Tarier pâtre, un passereau sédentaire quasi menacé, est également présent. Les mâles se reconnaissent facilement à leur tête noire et leur collier blanc partiellement dessiné. En apercevoir un, c’est la promesse de repérer non loin sa compagne : les couples sont inséparables ! Mâles et femelles se suivent partout et défendent un territoire qu’ils partagent uniquement à deux.

Pas moins de trois rapaces nocturnes chassent par ailleurs sur les coteaux à la nuit tombée : la Chouette hulotte, l’Effraie des clochers et la rare Chevêche d’Athéna.

Une grande diversité de plantes rares et menacées

Plusieurs plantes messicoles (plantes des moissons) trouvent ici des parcelles agricoles propices à leur développement. Le Coquelicot commun sera facile à reconnaître mais d’autres espèces plus rares et menacées peuvent être observées. C’est le cas du Peigne de Vénus qui a la particularité de donner des fruits dressés et très allongés. Regroupés au bout d’une même tige, ces derniers rappellent les peignes antiques aux longues dents.

C’est le cas également de l’Épiaire annuelle, qui apprécie les sols pauvres laissés en friches ou en jachères et qui s’invite dans les champs après les moissons. Ou encore de la Campanule batarde ou Légousie hybride, une messicole peu commune et plutôt méditerranéenne. Elle donne de petites fleurs violettes d’avril à juillet. En danger critique d’extinction en Pays de la Loire, elle trouve ici un de ses derniers refuges régionaux.

Plante vivace des coteaux calcaires, la Germandrée des montagnes forme des coussins sur le sol pierreux. Dès le mois de mai elle donne des fleurs d’un blanc cassé.

Le site est également propice aux orchidées. On peut ainsi y rencontrer l’Ophrys abeille et ses fleurs imitant avec brio l’insecte.

L’anecdote du naturaliste Sacrifice maternel

L’Érèse coccinelle se révèle être une mère dévouée pour ses enfants. Si les femelles peuvent vivre environ quatre ans, elles ne se reproduiront qu'une seule fois. Elles prennent ainsi particulièrement soin de leurs œufs qui sont réunis au sein d’un cocon. Elles déplacent celui-ci au soleil la journée et le rentre le soir dans leur terrier tapissé de soie. Une fois les œufs éclos, les petites araignées grandissent et passent l’hiver avec leur mère dans le terrier. Celle-ci les nourrit en régurgitant de la nourriture jusqu'à ce qu'elle meure. Elle est alors dévorée par ses enfants : un processus appelé la matriphagie. Un instinct d’abnégation que l’on retrouve chez d’autres araignées et insectes.

Des végétaux de tous poils

Plusieurs plantes sur le coteau de Martigné-Briand partagent la même singularité : elles présentent une pilosité blanchâtre. Ces poils peuvent assurer plusieurs fonctions : refléter la lumière pour protéger les tissus de la plante, réduire l'évapotranspiration, récupérer des gouttelettes de rosée le matin…

La plupart de ces végétaux « poilus » sont des espèces méridionales comme le Bugle petit-pin. Cette plante typique des coteaux calcaires présente une tige velue et des feuilles couvertes de poils fins et courts (elles sont dites pubescentes). Son nom vient par ailleurs de son odeur forte de résineux. Elle se reconnaîtra d’ailleurs sur l’espace naturel sensible de par sa ressemblance avec de jeunes pieds de conifères.

Deux autres plantes méditerranéennes et pourtant présentes sur l’espace naturel sensible (ENS) sont parées de poils : la Cotonnière pyramidale et la Cotonnière dressée (ou Gnaphale dressé). Le duvet qui se forme au bout de leur tige leur a valu leur nom. Attention cependant : elles n'ont aucune parenté avec le cotonnier, l’arbrisseau dont est tiré le coton. La Cotonnière pyramidale, menacée par l’intensification de l’agriculture, est par ailleurs en danger critique d’extinction en Pays de la Loire.

L’Hélianthème des Appenins et l’Hélianthème à feuilles de saule sont deux autres amoureuses du soleil, Hélios en grec. Elles aussi sont pourvues de poils pour affronter ses rayons, tiges comme feuilles.

Un patrimoine bâti de tout âge

Vers Les Noyers, un chemin quitte la Rue du Polissoir pour descendre dans le creux de la vallée. En l’empruntant, le promeneur pourra découvrir un bloc rocheux des plus singuliers. À la fin du printemps, un champ de Trèfles incarnats vient même le draper d’un beau tapis rouge. Cet imposant bloc de grès, entaillé de cuvettes naturelles, était un polissoir utilisé au Néolithique. De nombreuses haches polies et des silex ont été découverts là !

Non loin de ce polissoir se trouve une grosse pierre. Elle a été lancée là, dit-on, par un géant : c’est le « Palet de Gargantua » ou pierre-levée de la Grouas. Elle faisait vraisemblablement partie d’une enceinte de menhirs, elle aussi datée du Néolithique. Sa magie depuis lors ne s’est pas estompée : on dit qu’elle tourne sur elle-même aux douze coups de midi !

Enfin Aubigné-sur-Layon, à l’est de l’espace naturel sensible, vaut également le détour. C’est une petite cité moyenâgeuse et vigneronne typique de la vallée.

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