Anjou - Département de Maine-et-Loire
Nature Protégeons les espaces naturels de l'Anjou
© Étienne Begouen

Étangs et forêt de Chanveaux

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Près de Pouancé, la ferme de Maubusson et sa nature idyllique

Au nord-ouest de l’Anjou et à deux pas de la Loire-Atlantique se trouve un lieu coupé du temps. L’atmosphère y est paisible, même l’été lorsque, un peu plus au nord, la cité médiévale de Pouancé vit tambour battant.

Le domaine agricole de la ferme de Maubusson, à Saint-Michel-et-Chanveaux, est peu commun. Acquis par la fondation Terre de Lien, le paysage s’y fait tant champêtre que sylvestre et aquatique. Une partie du massif forestier de Chanveaux s'étend en effet sur la moitié du domaine. La forêt y prend des allures diverses et contrastées, tantôt taillis sous futaie sec, tantôt boisements rivulaires.

L’étang de Maubusson occupe également une belle part de la propriété. On pratique dans ses eaux une pisciculture traditionnelle. Quant aux terres agricoles, elles forment un bocage où alternent prairies et cultures.

Le domaine de Maubusson, de 90 hectares, ainsi que la forêt de Chanveaux et d’anciennes carrières à proximité sont reconnus espace naturel sensible (ENS). L’alliance champs, forêts et zones humides dans un cadre préservé est propice à l’expression d’une riche biodiversité. Tout en découvrant ce lieu au charme suranné et sauvage, il est possible de faire un tour à la ferme. Des produits en vente directe y sont proposés.

Faune et flore des étangs et forêt de Chanveaux

Un doux paysage cachant une riche biodiversité

La pisciculture pratiquée dans l’étang n’est pas pour déplaire au Grand Cormoran, ni au Balbuzard pêcheur ! Ce dernier n’est pas le seul oiseau de proie à déployer ses ailes dans le ciel de Maubusson. Le Milan noir profite de la proximité de l’étang avec la forêt. Nicheur régulier sur le site, c’est une espèce protégée et menacée qu’il convient de ne pas déranger.

Les prairies de fauche et les pelouses profitent quant à elles aux reptiles et aux insectes, notamment les criquets et sauterelles. C’est le cas de l’Œdipode aigue-marine, un criquet assez rare dans le département qu’il s’agira de ne pas confondre avec son homologue l’Oedipode turquoise. Tous deux apprécient les zones sèches du site, comme leur cousin le Criquet de Barbarie. D’autres au contraire, tel le Criquet ensanglanté, recherchent l’humidité de l’étang. On peut entendre leurs complaintes stridulées parmi les hautes plantes aquatiques.

Plusieurs amphibiens s’invitent dans les prairies humides, mares et ornières. L’espace naturel sensible accueille en particulier la Grenouille rousse, un batracien pouvant dépasser les 10 centimètres ! Espèce en danger, ses populations ont vraisemblablement chuté de plus de 30 % dans la région en l’espace de 15 ans seulement. La disparition des zones humides herbeuses, notamment par le drainage des prairies, en est une des causes.

Lorsqu’elles fleurissent, les prairies accueillent aussi une farandole de papillons. Des espèces assez communes y sont visibles : le Petit sylvain, le Tircis, la Mégère, le Citron… Des oiseaux insectivores comme le Tarier pâtre sont attirés par tout ce petit monde.

Des mammifères plus ou moins sauvages

La faune de l’étang et de la forêt de Maubusson compte de nombreux mammifères rares ou protégés. La Belette d’Europe, moins présente qu’avant dans la région, y a été observée. Menacée de disparition et de plus en plus rare, c’est aussi le Campagnol amphibie qui trouve ici un précieux gîte. La Loutre d’Europe, y ayant laissé une fois une empreinte, fait même sans doute quelques tours à l’étang.

Et que serait la venue du crépuscule sans le ballet décousu des chauves-souris ? Plusieurs espèces viennent chasser là, dont le Petit Rhinolophe, le Grand Murin et la Barbastelle d’Europe. Certaines d’entre elles profitent d’un dortoir à proximité : les puits des anciennes carrières.

Mais s’il y a un animal que ne risquera pas de manquer le promeneur, c’est bien la « Pie Noir ». Non pas un oiseau, mais une race de vache bretonne qu’élève le couple d’agriculteurs travaillant ici. Son nom décrit sa robe : blanche et noire. Petite race rustique, elle fut très populaire au XIXe siècle avant d’être remplacée par d’autres, plus productives. Si la vache n’est pas un animal en voie de disparition, certaines de ses races, si.

Les zones humides, une malle au trésor floristique

Le massif forestier prend différents visages : taillis tapissé d'Ail des Ours, futaie de pins parsemée de Fougères aigles... Une Orchidée assez courante y pousse par ailleurs : l'Épipactis à larges feuilles. Son inflorescence surtout verdâtre la rend peu voyante.

C’est en réalité au niveau de l’étang, des mares et des prairies humides qu’il faut chercher des plantes rares. Les fleurs jaunes des Nénuphars aux larges disques n’y sont pas les seuls joyaux ! Plusieurs espèces de Potamots laissent notamment flotter leurs feuilles comme le rare Potamot à feuilles de graminée. Ce dernier possède deux types de feuillage très différents. Sous l’eau il est long et effilé tandis qu’à la surface il rappelle celui du laurier.

L’eau limpide permet à deux nymphes végétales de se développer sur le site. Ce sont la Petite Nayade et sa grande sœur la Nayade maritime. Le nom de cette dernière est trompeur puisqu’elle pousse en eau douce ! La Petite Nayade en revanche se fait rare dans la région, étant plus exigeante quant à la qualité de l’eau.

Sur les berges de l’étang inondées en hiver, des pelouses rases apparaissent l’été. Ces végétations temporaires recèlent quantité de plantes lilliputiennes qui s’empressent alors de se reproduire. Le menacé Flûteau fausse renoncule est de celles-là, tout comme l'Élatine à six étamines qui forme de petits parterres vert et rose.

Dans les prairies humides se trouvent d’autres plantes patrimoniales comme la Gratiole officinale ou « Herbe au pauvre homme ».

L’anecdote du naturaliste Une Orchidée qui ment et qui enivre

L’Épipactis à larges feuilles a développé un stratagème malicieux pour maximiser sa reproduction. Elle mobilise pour ce faire des pollinisateurs particuliers : des guêpes tueuses de chenilles. Afin de les attirer, elle libère un composé volatil rejeté habituellement par les végétaux quand des chenilles les attaquent. Perçues par les guêpes, ces dernières viennent alors les croquer. Gagnant-Gagnant ! Sauf que l’Orchidée n’a ici aucun problème de larves intempestives. L’insecte opte donc pour le nectar de consolation qui lui est proposé. Ultime ruse : ce liquide sucré contient de l’éthanol ! L’insecte, ivre, prend alors du temps à quitter la fleur. Il récupère en se frottant plus de pollen qu’il transportera à d’autres fleurs.

Un espace naturel sensible protégé

Si d’année en année les prairies restent des prairies, ce n’est pas par magie ! Le milieu perdure grâce à l’action de l’homme et du bétail : par la fauche et le pâturage extensif. Sans cela, les prairies évolueraient ici peu à peu vers des stades de végétation plus « mâtures » et « fermés ». Autrement dit, des friches puis des forêts. Cette action de l’agriculture sur la nature est primordiale en termes de gestion. Elle permet le maintien de populations d’espèces en déclin, qui voient ailleurs les prairies et pelouses disparaître…

Grâce à Terre de Liens, de jeunes agriculteurs ont repris le domaine, assurant la préservation de ces milieux.

Quant aux anciennes carrières proches de la ferme, elles appartiennent aujourd’hui à la commune. Un plan de gestion y a également été mis en place. Objectif : sécuriser le site et entretenir les pelouses sèches en premier lieu.

Découvrir l’ensemble des actions du Département de Maine-et-Loire pour la préservation des écosystèmes angevins

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