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Entre Angers et Cholet, un parc bocager à la riche biodiversité
Dans la commune de Chemillé-en-Anjou, le domaine de la Morosière et ses alentours forment un riche réservoir de biodiversité. La variété des milieux prenant place autour du château s’y prête tout particulièrement. Prairies, étang, boisements anciens, mares, cours d’eau… : tous sont préservés et entretenus avec soin.
En partie ouvert au public, il est agréable de s’y promener et de profiter du charme suranné de son paysage bocager. Sans compter que les hôtes sauvages de ces lieux ne sont jamais très loin ! Au bord d’une mare, sur un arbre séculaire ou depuis l’un des multiples nichoirs, l’un d’eux pourrait bien pointer le bout de son nez.
Le caractère à la fois champêtre, forestier et aquatique des lieux a séduit un grand nombre d’animaux. Chauves-souris, coléoptères, et batraciens viennent y chasser, y hiberner ou perpétuer leur lignée. Un observatoire dans les bois permet par ailleurs de scruter les allées et venues des passereaux et plus gros oiseaux.
Les alentours du parc sont tout aussi dignes d’intérêt, en particulier les parcelles agricoles exploitées en polyculture-élevage. L’ensemble a ainsi été reconnu espace naturel sensible (ENS) par le Département et bénéficie de mesures de sauvegarde.
Faune et flore de la Morosière
Voltiges au clair de lune
Le parc de la Morosière est exceptionnel de par sa diversité en chauves-souris. 15 des 21 espèces connues en Pays de la Loire fréquentent l’ENS ! Il y a l'Oreillard gris aux oreilles démesurées, le Petit Rhinolophe et son nez tarabiscoté, la Noctule commune à la tête aplatie… De quoi faire un drôle de trombinoscope, que seuls quelques photographes chevronnés réussiront toutefois à immortaliser.
La plupart des chauves-souris ne viennent ici que pour chasser, attirées par la profusion d'insectes. Mais certaines passent également l'hiver dans les arbres creux, ou y mettent au monde leurs petits.
De précieuses zones humides
Dans de nombreux points d'eau coasse la Rainette verte. Cette petite grenouille n'est pas le seul batracien à vivre ici. Deux espèces de crapauds en danger, l’Alyte accoucheur et le Pélodyte ponctué, viennent notamment s’y reproduire.
Le parc de la Morosière était également le dernier refuge angevin du Sonneur à ventre jaune. Ce crapaud très original a la particularité de se mettre sur le dos en cas de danger et de faire le mort. Son ventre est en effet coloré d'un jaune vif, ce qui provoque surprise et stupeur chez ses prédateurs. Il n’est pas exclu qu’un jour une population se réinstalle sur le site !
Des Tritons crêtés , aussi beaux que menacés, viennent eux aussi se reproduire dans les mares. Quelques Tritons marbrés les y accompagnent peut-être encore.
Libellules et Demoiselles investissent quant à elles les mares mais aussi le ruisseau de La Morosière. La Cordulie métallique, typique des Mauges, se reproduit par exemple dans le petit cours d'eau.
Le rare Campagnol amphibie vit également parmi les zones humides du parc… ainsi que l’un de ses prédateurs : le Putois d’Europe ! Très timides, ils ne se laissent pas observer. Seuls quelques indices révèlent leur présence, comme leurs fèces. Ces deux mammifères sont aujourd’hui en danger de disparition en Pays de la Loire.
Mélopées champêtres et cris nocturnes
Le promeneur appréciera les chants des oiseaux typiques de ce paysage agricole traditionnel. La Tourterelle des bois, le Chardonneret élégant ou encore le Verdier d'Europe y sont bien présents. Ce dernier se déplace à l'abri des haies, tout comme la Linotte mélodieuse dont on peut entendre les gazouillis aux infinies variations.
La nuit, ce sont les quasi-miaulements de la Chouette chevêche qui se font entendre. Cette dernière apprécie les vieux arbres à cavités où elle couve au printemps ses œufs.
Un oiseau particulièrement menacé niche pour sa part à même le sol, dans les champs entourant le parc. Il s'agit de l'Oedicnème criard qui n'a pas usurpé son nom : il pousse des cris aigus, roulés, souvent plaintifs au crépuscule. Ses grands yeux jaunes, son petit corps perché sur de grandes pattes et sa façon de courir le dos rond en font un oiseau atypique !
Une flore diversifiée pour une faune bigarrée
Les vieux arbres du parc ne sont pas seulement source d’émerveillement et pourvoyeur d’ombres. Les Frênes têtards et les Hêtres sont le logis et le garde-manger des larves de gros insectes : les Longicornes. Ces espèces menacées et protégées sont le Grand Capricorne aux antennes démesurées, la gracieuse Rosalie des Alpes, l'imposant et rare Pique-prune ou encore le plus connu Lucane cerf-volant.
Emblématique de l'Anjou où elle ne s'y fait pas rare, la Fritillaire pintade ravira les visiteurs passant par la peupleraie. De nombreux pieds y fleurissent dès mars et attirent les appareils photo comme les bourdons ! Tout comme les abeilles et les papillons, ces pollinisateurs trouvent ici du nectar à foison.
Parmi la mosaïque de fleurs, certaines sont peu communes. C’est le cas de la discrète Véronique des montagnes aux teintes bleu violet. Elle se dissimule dans les boisements, tout comme l'Érythrée élégante aux pétales roses et la rare Androsème aux petites fleurs jaunes.
Une Orchidée peu commune s’invite même dans une prairie humide : l'Helléborine à larges feuilles. La déception devant son inflorescence risque néanmoins d’être grande tant elle est peu colorée… Si certaines Orchidées se raréfient en Maine-et-Loire, l’Helléborine à large feuilles y progresse !
Un espace naturel sensible protégé
Pour entretenir les prairies et pâtures du domaine communal ainsi que ses zones humides, le Département subventionne un recours à l'éco-pâturage. Ce pâturage rotatif, ciblé sur certaines zones au moyen de clôtures, permet de contenir le développement des ligneux. Il est accompagné d'un broyage des plantes non consommées.
Les milieux herbeux se maintiennent ainsi dans le temps sous une forme convenant aux espèces qui l'habitent. Avec des dates de passage du troupeau bien choisies, faune comme flore peuvent également accomplir leur cycle de reproduction sans encombre.
Des arbres sénescents morts sont par ailleurs conservés avec attention au sein des boisements. Creusés par les Pics, notamment ici le Pic noir et le Pic mar, ils deviennent leur maison… Ou celle d’autres animaux, comme la Noctule commune et la Chevêche d’Athéna.
Certains plans d’eau sont par ailleurs non accessibles afin de les maintenir attractif pour des animaux recherchant la quiétude.